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Plan de sauvetage de la Grèce :
un sursis, mais jusqu'à quand ?
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Tous dans le même bateau

Après bien des atermoiements, l’Union européenne a enfin formalisé son nouveau plan d’aide à la Grèce. Mais ces 60 milliards d’euros ne sont-ils pas autre chose qu’un simple sursis ?

Philippe Herlin

Philippe Herlin

Philippe Herlin est chercheur en finance, chargé de cours au CNAM.

Il est l'auteur de L'or, un placement d'avenir (Eyrolles, 2012), de Repenser l'économie (Eyrolles, 2012) et de France, la faillite ? : Après la perte du AAA (Eyrolles 2012) et de La révolution du Bitcoin et des monnaies complémentaires : une solution pour échapper au système bancaire et à l'euro ? chez Atlantico Editions.

Il tient le site www.philippeherlin.com

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La Grèce s’en tire bien, au moins temporairement. Les 110 milliards qu’il avait fallu lui prêter en toute urgence en mai 2010 ne suffisent déjà plus, et pour cause, les réformes structurelles ne produisent quasiment aucun effet positif (pas de réduction significative du déficit budgétaire) tandis que les privatisations n’ont pas avancé d’un pouce. Résultat : le pays est encore au bord du défaut de paiement.

Mais cette faiblesse est un atout : sur le mode du « retenez moi ou je fais un malheur », la Grèce fait comprendre à ses partenaires européens que si elle se met en défaut, les conséquences sur la zone euro sont gravissimes, avec un risque de krach à la Lehman Brothers. En effet nombre d’institutions financières européennes possèdent des emprunts grecs dans leurs bilans, la crise serait d’emblée systémique. Niveau de risque supplémentaire : des banques ont vendu beaucoup de CDS (produit de couverture contre le défaut d’un créancier) sur les emprunts grecs, pourraient-elle effectivement payer si la Grèce faisait défaut ? Personne n’a envie d’essayer pour voir (la faillite d’AIG aux Etats-Unis tenait aux CDS qu’elle avait vendu sur Lehman Brothers).

La chute n'en sera que plus brutale

Un nouveau plan de 60 milliards d’euros vient donc d’être mis en place : 20 milliards proviennent de la poche des Etats de la zone euro, 10 du FMI, 15 de la Grèce (par des privatisations) et, c’est une innovation, 15 milliards environ proviennent des banques privées. Pas en versement direct, mais par un engagement à « maintenir leur exposition à la dette grecque », c'est-à-dire garder dans leurs compte ces actifs dégradés (qu’elles doivent donc couvrir par des fonds propres, ce qui coûte cher).

Le discours des chefs d’Etats européens à la Grèce, aux banques et à la BCE, c’est un peu « nous sommes tous sur le même bateau, le premier qui bouge fait couler tout le monde, alors on se tient tous ensemble »… Combien de temps un tel attelage peut-il tenir ? Pas longtemps, car le problème de fond n’est pas réglé : la Grèce n’est pas solvable, elle devra restructurer un jour ou l’autre. En attendant, on rajoute toujours plus d’endettement et on fragilise les banques en les obligeant à garder des actifs pourris. La chute n’en sera que plus brutale.

Ce plan rassurera un temps les marchés, en attendant la prochaine alerte, un appel au secours de l’Irlande, du Portugal, de l’Espagne, ou la faillite d’une grande banque grecque puisqu’on assiste en ce moment à un « Bank run » : selon le quotidien genevois Le Matin, « les Grecs ont caché 344 milliards d’euros en Suisse ». Si la confiance et l’argent s’en vont…

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