Génération matière grise : toujours plus forts pour les tests de QI mais sommes-nous véritablement plus intelligents que nos grands-parents ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Vers une génération plus intelligente ?
Vers une génération plus intelligente  ?
©Reuters

Master mind

Une nouvelle étude démontre que le quotient intellectuel augmente sensiblement depuis un siècle, dans la plupart des pays du monde.

Les "jeunes cons" ont souvent l'impression d'en savoir bien plus que leurs aînés. Et bien de récentes études tendent à montrer… que cela est vrai. Plus précisément, une étude  du Kings College London a compilé toutes les précédentes analyses et ainsi regroupé 200 000 tests de quotient intellectuel sur 64 ans et à travers 48 pays. La réponse est limpide. Depuis les années 1950, le score du QI augmente dans les pays en développement comme dans les pays développés, quelque soient les types de tests effectués. Aux Etats-Unis, les Américains ont ainsi gagné en moyenne 18 points depuis la fin des années 1940.

Cette nouvelle étude vient confirmer une hypothèse d'un chercheur américain, James R Flynn, posée dans les années 1980. Selon lui, le QI de ses compatriotes est en augmentation constante depuis le début des tests, au début du 20ème siècle.  En 1982, il propose une série de questionnaires à des élèves, d'abord selon la nomenclature de l'époque, puis en utilisant des questionnaires vieux d'au moins 25 ans. Résultat, les cobayes réussissent bien mieux les anciens tests que les nouveaux. Ils ont ainsi un score plus élevés que la génération précédente.

Depuis, cet "effet Flynn" s'est retrouvé dans la plupart des pays. Aux Pays-Bas, le test de QI effectué avant le service militaire donnent des résultats similaires. Comment interpréter cette constatation ? "Si on pense que les générations actuelles ont réellement des capacités intellectuelles nettement plus importantes que les générations anciennes, il faut admettre que si on pouvait faire l’expérience en sens inverse, c'est-à-dire remonter le temps et faire passer les versions actuelles des tests aux populations du passé, une bonne partie d’entre elles seraient considérées comme débiles…" tranche Jacques Lautrey, professeur émérite à l'Université Paris Descartes en psychologie différentielle, psychologie développementale et en psychologie cognitive.

La comparaison est donc difficile. D'abord, parce que le quotient intellectuel n'est pas la panacée. "Personne de sérieux ne va vous dire que le QI mesure toute l’intelligence" affirmait en 2014 Serge Larivée, professeur titulaire à l'école de psychoéducation de l'Université de Montréal et spécialiste de l'effet Flynn. "Ce qui est certain en revanche, c’est que les scores de QI constituent un excellent prédicateur de la réussite scolaire et un bon prédicateur de la compétence professionnelle." Les tests ont beaucoup évolué mais tournent souvent autour des questions de logique, comme les "matrices progressives de Raven", les exercices les plus célèbres, où il s'agit de continuer une suite d'images en choisissant la bonne réponse visuelle.

"Il reste que l’augmentation des scores bruts aux tests, l’amélioration des performances, est une réalité. Toute la question est de l’interpréter" poursuit Jacques Lautrey. Richard Lynn, de l'université d'Irlande du Nord, a proposé qu'il s'agisse d'une amélioration biologique. Les pays ont amélioré leur situation sanitaire donc les individus vivent en meilleure santé, mangent mieux, leur taille augmente (ce qui est vrai) et donc leur cerveau aussi. Une démonstration qui n'a pas forcément convaincu…

Une autre hypothèse serait que l'éducation s'est renforcée au fil des années. D'ailleurs, la croissance dans les pays en développement est encore plus élevée que dans les pays riches, en même temps que l'alphabétisation progresse. Mais comment expliquer que les scores continuent d'augmenter depuis les années 1950, alors que l'école était déjà largement généralisée dans la plupart des pays industrialisés ?

La réponse à "l'effet Flynn" est probablement plus subtile. Pour le découvreur, "nous avons bien plus de problèmes que nous sommes désormais capables de résoudre qu'auparavant" souligne-t-il à la BBC. "Nous sommes soumis à une pression énorme au plan environnemental qui requièrent énormément de capacité d’adaptation, beaucoup plus que nos ancêtres" renchérit Serge Larivée. "Plus l’environnement est complexe, plus je dois apprendre de choses pour m’adapter."

Ainsi, au fil des ans, les humains ont probablement eu à exercer des parties différentes du cerveau notamment pour la logique ou l'abstrait, très utilisée pour les tests de QI. La présence des nouveaux médias ont aussi pu jouer un rôle prépondérant. Les enfants doivent désormais analyser des images mouvantes (télévision, internet, jeux vidéo) ce qui améliorerait ainsi les scores aux tests de Raven qui jouent sur le visuel. "Mais ce n’est là encore qu’une des multiples hypothèse possibles" tempère Jacques Lautrey.

Alors, les hommes vont-ils développer leur cerveau à l'infini ? Pas sûr, les dernières recherchent montrent que les QI, dans certains pays comme ceux du nord de l'Europe ou encore la France, stagnent depuis une dizaine d'année. "Les dernières études confirment la généralité de l’effet Flynn, son ampleur de l’ordre de 2 à 3 points de QI par décade, et elle n’observe pas dans d’autres pays développés comme les Etats-unis, le plateau actuellement observé au Danemark et en Norvège" précise Jacques Lautrey.

Pour James R Flynn, la raison de décalage avec les Etats-Unis trouve sa source au niveau des problèmes que le pays a connu en matière de scolarisation des plus pauvres et des minorités et surtout avant les années 1960, retardant ainsi l'échéance. Il se pourrait donc que notre pays ait atteint son pic d'intelligence. En espérant que cela ne retombe pas.

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