Gaz de schiste : mais quand la France se décidera-t-elle enfin à prendre son indépendance énergétique en main ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Sept demandes de permis d'exploration d'hydrocarbures vont être rejetées "sans attendre" du fait des inquiétudes locales sur le gaz de schiste. François Hollande n'a toutefois pas précisé quelles demandes étaient visées.
Sept demandes de permis d'exploration d'hydrocarbures vont être rejetées "sans attendre" du fait des inquiétudes locales sur le gaz de schiste. François Hollande n'a toutefois pas précisé quelles demandes étaient visées.
©Reuters

Paradoxe énergétique

Dans le cadre de la conférence environnementale, François Hollande a fermé la porte à l'exploitation des gaz de schiste. Le président de la République a finalement donné raison aux écologistes, sans entendre les arguments en faveur de leur exploitation.

Philippe Chalmin

Philippe Chalmin

Philippe Chalmin est professeur d’histoire économique à l’Université Paris-Dauphine où il dirige le Master Affaires Internationales. Membre du Conseil d’Analyse Economique auprès du Premier Ministre, il est le président fondateur de CyclOpe, le principal institut de recherches européen sur les marchés des matières premières.

Il est l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages, dont le récent « Demain, j'ai 60 ans : Journal 2010 - 2011 ».

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Atlantico : Dans le cadre de la conférence environnementale, François Hollande a fermé la porte à l'exploitation des gaz de schiste. Le président de la République a donc donné raison aux écologistes. Pourquoi la France refuse-t-elle d'exploiter le gaz de schiste ? Pire, même d'engager la phase d'expérimentation ?

Philippe Chalmin : Ce choix est représentatif du blocage français caractéristique, que le gouvernement soit de droite ou de gauche.

Dans ce domaine, François Hollande ne fait que marcher dans les traces de la loi du 3 juillet 2011, dite loi Jacob. Cette loi interdit toute forme d’exploration faisant appel à la fracturation hydraulique, qui est la technologie utilisée pour les gaz de schiste.

Ce choix politique est-il un moyen de ne pas déclencher une crise avec les écologistes ?

C’est tout à fait probable, d’autant plus qu’on avait cru sentir une certaine flexibilité de certains personnes du gouvernement en ce qui concerne le gaz de schiste. Les membres du gouvernement Hollande avaient dit que le dossier n’était pas clos.

Aujourd’hui, François Hollande a refermé presque définitivement (ou du moins pour un bon moment) ce dossier. Je le répète, mais ce dossier avait déjà été fermé par la droite l’année dernière. Le principe de précaution règne donc entre la droite et la gauche.

Vous qui défendez les gaz de schiste, pouvez-vous nous expliquer de quoi il s'agit ?

Les points positifs, c’est d’abord de donner une certaine indépendance énergétique au pays. C’est aussi faire des économies et de développer une énergie moins polluante que le pétrole ou le charbon. Nous serions ainsi moins dépendants que nous le sommes aujourd’hui.

Dans une période où nous souhaitons à tort ou à raison limiter le nucléaire, si nous voulons poursuivre la « décarbonation » de notre économie, sachant que la part du nucléaire ne pourra pas être reprise par les énergies renouvelables aujourd’hui embryonnaire et trop coûteuses, le gaz devient une solution.

Alors bien sûr, vous allez me dire qu’on peut l’importer, mais le produire chez nous n’était quand même pas une mauvaise solution. Au moins semblait-il réaliste de poursuivre les efforts de mesure, d’exploration voir de production pilote. Il aurait été judicieux de connaître concrètement les problèmes que cela peut engendrer sur l’environnement.

Nombreux sont toutefois ceux qui pointent du doigt les risques environnementaux et humains liés à l'exploitation des gaz de schiste. Qu'en est-il dans les faits ?

Effectivement, ils présentent incontestablement des risques d'exploitation, et notamment quant à la technologie de fracturation hydraulique qui doit être gérée avec extrêmement de précaution. Normalement, il n'y a pas de risque pour l'environnement, mais comme partout, le risque zéro n'existe pas.

Pour être plus clair, le risque porte directement sur le forage qui peut déboucher sur une pollution des nappes phréatiques. Le risque humain lié à l'exploitation est quasi nulle, sauf accident classique comme partout. Le seul risque humain est lié à la pollution, du fait de la pollution des nappes phréatiques.

A priori ce risque reste tout de même évitable. Aux États-Unis, il y a eu des pollutions, mais cela était principalement le fait de petits exploitants qui n'avaient ni l'expertise ni les moyens de s'entourer des précautions nécessaires. Mais dans un cadre sécurisé comme on pourrait l'envisager en France, le risque serait totalement supportable.

Quelles leçons peut-on tirer des États-Unis et du Canada qui exploitent les gaz de schiste ?

C’est essentiellement aux États-Unis. Dans ce pays, les gaz de schiste sont une véritable révolution technologique qui affectent non seulement la production de gaz mais aussi la production de pétrole. Incontestablement, cela apporte aux États-Unis un plus pour leur croissance.

Il n’y a pas eu aux États-Unis une interrogation sur les gaz de schiste comme en France. Par ailleurs, je tiens à signaler que plusieurs pays européens et non-européens ont fait le choix du gaz de schiste. Je pense notamment au Royaume-Uni.

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