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G20 finance : l'Europe tente sans grand espoir un bras de fer sur les paradis fiscaux avec les Etats-Unis et la Chine
©Reuters

Des paroles avec les actes ?

Alors que le scandale des Panama papers continue de secouer la planète finance, les grands argentiers du G20 se réunissent aujourd'hui à Washington en affichant une nouvelle fois leur volonté d'en finir avec de telles pratiques.

Jean-François Fiorina

Jean-François Fiorina

Diplômé de l’INSEEC Bordeaux et d’un MBA à l’University of America de San-Francisco, il commence sa carrière en tant que banquier à la BRED avant de devenir consultant à l’international. En 2003, il prend la tête de l’ESC Grenoble, l’une des 4 écoles de GEM. En septembre 2012, il est promu directeur adjoint de Grenoble Ecole de Management.

Ardent défenseur de la pédagogie différenciée, il milite et œuvre pour un enseignement des futurs managers, ouvert sur la société et sur le monde, basé sur la création de passerelles entre les différentes disciplines : management, ingénierie, design, art, géopolitique…

Il développe  ces sujets et fait part de ses convictions sur son bloghttp://blog.educpros.fr/fiorina/. Editeur des notes CLES (notes hebdomadaires d’analyse géopolitique), il est cofondateur du Festival de Géopolitique de Grenoble

 

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Atlantico : Suite au scandale des "Panama papers", certains pays, dont la France, souhaitent franchir un pas supplémentaire dans la lutte contre les paradis fiscaux. Ainsi, Michel Sapin a pu déclarer "La France souhaite un accord au niveau du G20 sur la création d'une liste noire (…) des juridictions non-coopératives au plan fiscal et de leur appliquer des contre-mesures coordonnées entre les différents Etats".  Alors que ces scandales semblent récurrents, ce type de mesures peuvent-elles considérées comme efficaces ?

Jean-François Fiorina : Non, ces mesures ne pourront être efficaces et ce , pour des raisons diverses. En premier lieu, certains des pays du G20 ont eux-mêmes des zones qui pourraient être considérées comme des paradis fiscaux, et cela est sans compter également leurs zones d’influence. En second lieu,  Il faut savoir que les paradis fiscaux servent de base à un grand nombre d’opérations de commerce international. Les combattre réellement serait en fait mettre à mal un grand nombre d’opérations. On peut également se poser la question du contenu de ces contre-mesures et de ceux qui seraient chargés de les faire appliquer. Enfin, l'intention est louable mais on le voit, la réalisation un peu difficile et compliquée.

Les pays du G-20 se doivent cependant de réagir car l’opinion publique n’accepte plus ces scandales. Ils sont récurrents et à chaque fois les politiques annoncent que c’était « la der des ders » et que « promis juré », ils vont réagir. Malheureusement pour eux, c’est peu suivi d’effets. Les sommes en jeu sont par ailleurs colossales et déconnectées de la réalité. Nous sommes également dans une situation économique morose avec un chômage important. L’opinion publique ne peut plus accepter cette situation. Mais quelles solutions ?

Au regard des enjeux internationaux, un accord entre pays du G20, sur cette question, est-il crédible ? Quels sont les pays qui n'auraient pas intérêt à "jouer" ce jeu ?

Je suis curieux de voir comment vont réagir les britanniques si l’on touche trop à la city ou les américains si on s’intéresse de trop près au Delaware ….N’oublions pas également que la France possède quelques territoires exotiques. L’île de Saint Martin par exemple. Sait-on également que de nombreux bateaux français sont immatriculés aux îles Kerguelen ….De la même façon, comment réagira l’Europe (dont le Luxembourg est membre) si un accord est trouvé ? Mais là encore la question est quel accord ? 

Si le G20 est le lieu de la négociation, quelles seraient les mesures les plus efficaces permettant de lutter contre les paradis fiscaux, et, plus largement, contre le blanchiment d'argent ? Jusqu'à quel point un tel combat est-il souhaitable ?

Très bonne question car derrière les paradis fiscaux, il y a plusieurs applications possibles que l’on peut classer en 4 grandes catégories. La première concerne l’optimisation fiscale ; c’est ce que font un grand nombre de multinationales (ou de grandes fortunes). L’objectif est d’organiser leurs activités de manière à minimiser leurs impôts. Cela passe par différents types de montage. La seconde est la recherche de la discrétion. Malheureusement, pour mener à bien certaines opérations stratégiques internationales, certaines entreprises sont obligées de « passer » par les paradis fiscaux. La troisième est la fraude, qui consiste à tout faire pour échapper à ses obligations (notamment en matière d’impôts). Enfin, le dernier point concerne le blanchiment, qui a pour objet de recycler de l’argent sale issu de différents trafics (contrefaçon, drogue, corruption …. Hélas la liste est longue).

Pour les deux premiers cas, je pourrais dire que c’est peut-être légal mais pas moral. Par contre, pour les 2 autres on est dans l’illégalité la plus totale.

En partant d'un tel constat, les questions pertinentes sont ;  de savoir comment peut-on combattre toutes ces situations avec les mêmes armes, et de savoir si l’ensemble de ces combats doivent être menés par les mêmes instances. Je crois beaucoup à la pédagogie et l’information.  Je crois également à la prise de conscience par les nouvelles générations de ces situations. Ils sont au courant (et le seront de plus en plus avec les réseaux sociaux), ne les acceptent pas et je pense feront pression auprès des entreprises pour mettre fin (ou minimiser) ces pratiques. Il faut être optimiste !

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