Mitterrandisme : un art de la politique <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Histoire
François Mitterrand : seul et unique président "de gauche" de la Cinquième République.
François Mitterrand : seul et unique président "de gauche" de la Cinquième République.
©

Force tranquille

30 ans après l'accession de François Mitterrand et de la gauche au pouvoir et alors que sort aujourd'hui le nouveau livre de Roland Dumas "Coups et blessures - 50 ans de secrets partagés avec François Mitterrand", que reste-t-il du mitterrandisme ?

Gérard Grunberg

Gérard Grunberg

Gérard Grunberg est directeur de recherche émérite CNRS au CEE, Centre d'études européennes de Sciences Po. 

Voir la bio »

Atlantico : Qu’est-ce que le mitterrandisme ?

Gérard Grunberg : C’est un art de la politique. François Mitterrand était intéressé par la conquête et l’exercice du pouvoir. Il a réussi. Il fut un stratège politique dès le début des années 1960. Il a compris l'importance de l'élection présidentielle .

Ce qui caractérise le mitterandisme, c'est l'alternance : c'est grâce à lui que la gauche arrive au pouvoir en 1981et que le Parti socialiste devient un parti de gouvernement. Pragmatique, Mitterrand a permis de faire accepter à la gauche les institutions de la Ve République ; s'il a pu être critique à l’égard de celles-ci lors de la rédaction de son livre Le Coup d'Etat permanent (1964), dès 1971, lorsqu'il il prend la tête du PS, il est clair pour lui qu'il faut inscrire le parti dans la pratique de la Ve République. Le pouvoir passe ainsi dans les mains du président de la République et non plus du chef du gouvernement. Cette conception a permis à l'alternance de se faire de manière tranquille en 1981.

Autre élément majeur : c’est lui qui a inversé le rapport de force entre le Parti communiste et le Parti socialiste et assuré l'accession de la gauche au pouvoir. Il a transformé son parti en un parti présidentiel, en une machine à produire des candidats à l'élection présidentielle. 

Que reste-il aujourd'hui du mitterrandisme ?

Aujourd'hui, le Parti socialiste est le seul parti de gauche à pouvoir produire un président de la République. Le PS inscrit son action dans le cadre des principes de la Ve République, même s'il ne les aime pas. Il est tourné vers la conquête du pouvoir. Tout ceci doit beaucoup à l'action de François Mitterrand.

En revanche, il n'existe pas vraiment d'héritage idéologique de Mitterrand. Il n'était pas un idéologue (il ne s'intéressait pas beaucoup à l'économie par exemple). Ce qui demeure donc, c'est une ambition du pouvoir, et je n'entends pas ce terme dans le mauvais sens : le PS a accepté l'idée que le pouvoir était important pour changer les choses. Très longtemps, le parti est resté attaché à l'idée de révolution et de destruction du système capitalisme. Depuis, avec Mitterrand, le PS a gouverné.

Pourquoi les socialistes font-ils finalement relativement peu souvent référence à Mitterrand ?

Il n'existe pas d'école ni de doctrine du mitterrandisme. Ce n'est pas l'équivalent du gaullisme ou du libéralisme. Le mitterrandisme est un pragmatisme. Il a produit un certain nombre de personnages politiques, comme Ségolène Royal qui est l'une des rares à être restée fidèle à l'héritage de François Mitterrand. Beaucoup ont fini par le critiquer, comme Lionel Jospin qui a parlé de "droit d'inventaire" et critiqué son second septennat jugé trop à droite, ou Michel Rocard qui estimait que Mitterrand n'était pas assez efficace sur le plan économique. En réalité, François Mitterrand n'était pas culturellement socialiste. Il n'aimait pas tellement les partis.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !