François Hollande décrypté par sa gestuelle sur TF1<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Avant même de démarrer l'entretien avec Claire Chazal, François Hollande a la tête qui penche à droite.
Avant même de démarrer l'entretien avec Claire Chazal, François Hollande a la tête qui penche à droite.
©Reuters

Jeux de mains

Interviewé sur TF1 dimanche soir, le Président a surpris par son dynamisme gestuel, mais aussi par une expressivité du visage. Le tout, en donnant l'impression de marcher sur des œufs.

Stephen Bunard

Stephen Bunard

Stephen Bunard est coach pour dirigeant, synergologue (analyste du langage corporel) et conférencier. Il enseigne à l'ENA, à l'Université Paris-Dauphine et à l'INSEP. Il est conseiller à l'académie des Sciences du comportement, basée à Bruxelles. Il est régulièrement sollicité par les médias français et internationaux pour analyser les gestes de politiques, patrons et sportifs. Il est l'auteur du livre Leurs gestes disent tout haut ce qu'ils pensent tout bas aux Editions First. Toutes les informations le concernant sur son site : www.stephenbunard.com

Voir la bio »

Au premier regard, avant même de démarrer l'entretien avec Claire Chazal, François Hollande a la tête qui penche à droite. La vigilance est de mise. Elle sera de courte durée, montrant un homme, habituellement mécanique dans sa gestuelle et hâché dans son rythme vocal, d'une grande fluidité verbale et très animé de l'intérieur. Ses gestes sont plus élevés que d'ordinaire, se situant au niveau de la poitrine, ils renseignent sur l'importance que l'on accorde à son propre propos, le degré d'association à son discours. Les deux mains sont participatives, la main qui argumente, explique, décrit (la droite) et la main de la spontanéité (la gauche) jouent régulièrement jeu égal, tandis que le candidat Hollande ne nous donnait à voir que la main droite toujours contrôlant le discours. L’œil et le sourcil droit hypertoniques, à maintes reprises, montrent la volonté de Hollande de convaincre les Français.

Forte conscience des enjeux

"Le cap que doit fixer le président de la république" provoque un frémissement de l'oeil gauche qui manifeste un stress émotionnel. Hollande ne cherche pas ainsi à s'auto-convaincre, ce signe montre qu'il ne se cache pas in petto les difficultés à venir et les risques inhérents à un échec possible.

La fibre sociale de Hollande ressort lorsqu'il évoque la protection des salariés et le soutien aux entreprises. L'emploi, la bataille du chômage, comme les salariés sont placés systématiquement dans la zone intime, à gauche de lui. Préoccupation encore plus grande que la dette dans la tête présidentielle. Mais la perspective du "dialogue social" évoqué fait peur au président, les yeux s'écarquillent. L'oeil gauche amorce une fermeture peu de temps après, soulignant le stress à voir les partenaires sociaux négocier sur les plans sociaux.

Evoquant "l'agenda du redressement", le poing se ferme, la langue sort, le débit vocal s'accélère, toute l'énergie présidentielle est donc focalisée sur cet enjeu majeur qui n'exclue pas un certain nombre de difficultés à lever. On retrouve les mêmes poings fermés sur la jeunesse, les deux cette fois-ci, dirigés vers Claire Chazal, à mi-hauteur du tronc. La volonté est déterminée mais est assortie d'un léger stress de performance.

La crainte de l'échec

Alors que le président doit répondre sur la polémique récente née de la volonté du patron de LVMH Bernard Arnault de demander la nationalité belge, ses clignements d'yeux diminuent fortement, le corps se raidit et part en arrière, la tête se relève, mettant à distance l'interlocutrice et celui qui devrait faire preuve de davantage de "patriotisme" (sic).

L'épine des Roms vient également titiller François Hollande dont la main droite reprend le contrôle, laissant celle de la spontanéité, la gauche, collée sur la table, l'analyse lexicale montre également un effet de distanciation, les Roms sont évoqués par "ces populations" notamment.

Réagissant à la question du "style", la voix devient fluette, le rythme retrouve son hâché de la campagne présidentielle, on passe à deux doigts du savonnage ; et les yeux manifestent du stress en fin d'interview avec maints clignements en grappes, ceux-là mêmes nous révélaient le stress de Hollande, lors du débat avec Nicolas Sarkozy, à vouloir rechercher dans sa mémoire l'anaphore qui devait lui assurer une part de succès.

Dans l'ensemble, Hollande surprend par un dynamisme gestuel et une expressivité du visage qu'on lui connaissait peu. L'énergie à vouloir agir est patente et sincère, mais si le président et son gouvernement semblent prêts à mouiller la chemise, c'est aussi la sensation de marcher sur des oeufs et d'être attendu au tournant qui transpirent.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !