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Sur qui peut vraiment compter François Bayrou ?
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Bayrouzina ?

Philippe Douste-Blazy a annoncé ce dimanche son ralliement au candidat du Modem. Un allié symbolique pour celui qui a dû faire face à de multiples défections au cours des ans, ainsi qu'à un écroulement de ses structures partisanes...

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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François Bayrou, au fil de ses traversées du désert a appris à voyager de plus en plus léger.

Au début de sa carrière politique, il a été le délégué général de l’UDF giscardienne qui comptait alors 214 députés, qui dirigeait le plus grand nombre de départements et de régions. Il fut ensuite, le secrétaire général de la seconde composante de l’UDF, le Centre des Démocrates Sociaux qu’il rebaptisa  Force démocratie. Il fut également Président du Groupe UDF à l’Assemblée nationale entre 1997 et 1998 avec 130 députés. En 1998, il succède à François Léotard à la direction de l’UDF avec à la clef un long chemin de croix fait de séparations et de divisions. Avec son arrivée à la présidence de l’UDF, la première composante, le Parti républicain présidé par Alain Madelin qui devient Démocratie Libérale s’émancipe. En 2002, Philippe Douste-Blazy, devenu Président de Groupe UDF contre la candidate de François Bayrou, Anne-Marie Idrac, décide de partir avec les trois quarts des députés à l’UMP. De 2002 à 2007, François Bayrou vit sa première traversée du désert avec une vingtaine de députés. Rebelote en 2007, entre les deux tours de l’élection présidentielle, Hervé Morin, le nouveau président de groupe de la Nouvelle UDF part avec arme et bagage chez Nicolas Sarkozy.

François Bayrou décide, en 2007, après être arrivé troisième à l’élection présidentielle, de créer le MODEM qui remplace alors l’UDF. Cette création n’arrête pas la fuite des cadres. En 2007, il ne reste plus que deux députés MODEM, François Bayrou et Jean Lassale. Quatre sénateurs sont officiellement encartés Modem. Une dizaine ont préféré quitter le parti après sa création du fait du positionnement de François Bayrou. Partent également Corinne Lepage et Michel Mercier qui était le trésorier. Le MODEM possède, en revanche, cinq députés européens dont la fidèle des fidèles, Marielle de Sarnez.

En 2010, le MODEM ne ressemble en rien à l’UDF de la grande époque ; les notables ont disparu. En revanche, des militants et des responsables écologistes comme Jean-Louis Bennahmias sont arrivés. Le parti compte officiellement 30 000 adhérents ce qui n’est pas crédible au regard de ce qu’était l’UDF de la grande époque ou le CDS. La vérité se situe plutôt entre 5000 et 10 000.

François Bayrou a-t-il mangé son pain noir ? Après avoir touché le fond, il semble devenir depuis quelques semaines bankable. Les déçus du sarkozisme reviennent à la maison comme Anne-Marie Idrac, Philippe Douste Blazy et Arnaud Dassier. Les sénateurs centristes comme Jean Arthuis s’interroge. La volte-face de Jean-Louis Borloo incite les uns ou les autres à revenir dans l’ancienne maison d’autant plus que la candidature d’Hervé Morin ne décolle pas. Des députés du Nouveau Centre réfléchissent à franchir le gué.

Côté intellectuels, François Bayrou a conservé au fil quelques pointures dans son entourage comme Robert Rochefort, ancien patron du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc) ou l'historien Jean-Pierre Rioux. Il a su attirer Jean-François Kahn ; en revanche, ses relations avec l’ancien Président du Crédit Lyonnais, Jean Peyrelevade, qui fut un temps son mentor en économie, sont plus complexes. Quelques hauts fonctionnaires dont certains ne sont pas étrangers aux Gracques, structure informelle qui veut moderniser la pensée de gauche, franchissent la porte du siège du parti de François Bayrou.

Ces ralliements sont pour le moment assez divers et sont plutôt de l’ordre du symbole. Philippe Douste-Blazy et Anne Idrac sont des vieilles gloires du centrisme qui ont été avant tout des supporters de Jacques Chirac qui n’ont pas trouvé toute leur place auprès du Président Nicolas Sarkozy.

Le problème de François Bayrou, c’est son manque de fantassins. L’UDF n’a jamais été un parti de militants. En 1974, Valéry Giscard d’Estaing n’a gagné l’élection présidentielle que dans le cadre d’une campagne courte et avec l’appui d’une partie des gaullistes rassemblés autour de Jacques Chirac. Parmi les six Présidents de la République, cinq ont été soutenus par des machines de guerre, le RPR qui a placé quatre des siens et le PS.

Le défi de François Bayrou est de trouver des légions d’ici le mois de mars en jouant sur d’éventuelles défections du camp UMP. Or la majorité actuelle de son électorat penche à gauche. Choix cornélien, pour un homme qui se veut l’incarnation d’Henri IV et qui veut réconcilier la droite et la gauche tout en étant un paysan lettré conservateur. 

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