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Faut-il se préparer à un divorce 
avec l’Allemagne pour sauver 
l'économie française ?
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Scènes de ménage

L'introduction de la monnaie unique devait sceller l'entente franco-allemande. Vingt ans après Maastricht aux yeux du porte parole de Jean-Pierre Chevènement, l'euro se révèle être un gouffre économique et un échec géopolitique.

Julien  Landfried

Julien Landfried

Julien Landfried est porte-parole de Jean-Pierre Chevènement.

 

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La crise de la monnaie unique éclaire d’un jour cruel les erreurs d’appréciations des élites françaises au lendemain de la réunification allemande. Apeurés par le spectre d’une Allemagne reconquérante, elles pensaient l’enserrer dans le jeu des contraintes européennes en la dépossédant du mark.

L’euro devait arrimer l’Allemagne en Europe et repousser dans le passé la possibilité même d’une conflictualité interne à l’Europe. Vingt ans après Maastricht, cette stratégie s’est révélée un gouffre économique autant qu’un échec géopolitique. La zone euro a été dans la longue durée une zone de croissance atone.

Les déficits et la dette publics s’y sont partout creusés, alors même qu’ils étaient demeurés raisonnablement sous contrôle pendant les années 80. Le coût de la marche forcée vers l’euro puis la nécessité de compenser une surévaluation insoutenable pour l’économie (Allemagne exceptée) expliquent une large part de la dérive des finances publiques. L’Allemagne a choisi le grand large et mène une politique de "cavalier seul" en Europe.

Mais la génération qui a porté Maastricht ne veut rien entendre. Elle fait, comme d’autres avant elle, de l’alignement sur Berlin la seule politique possible. Entre une droite travaillée par une psyché désireuse d’effacer jusqu’au souvenir même de de Gaulle et une gauche toujours aussi insensible à l’histoire longue des nations, que faire ?

D’abord, prendre acte de l’ampleur des divergences d’intérêts entre la France et l’Allemagne. La France a besoin de croissance et d’inflation pour donner une place à sa jeunesse et sortir d’une économie de rente qui est celle de ses classes favorisées et âgées. Elle a besoin de se réindustrialiser sous réserve de disparaître des radars. L’Allemagne doit, plus encore que la France, faire face au vieillissement de sa population.

Et elle fait l’impasse, pour le moment, sur une stratégie de défense et de diplomatie. La France ne sera pas l’Allemagne, contrairement à ce que fantasme, non sans sadisme de classe, cette partie de l’élite française qui préfère se réfugier dans des abstractions que d’affronter les réalités historiques et culturelles. Et ce ne sont pas les déclarations d’amour unilatérales des politiques français à l’Allemagne qui peuvent améliorer les choses, tant elles apparaissent comme la marque d’un déni, de nature quasiment psychanalytique.

L’urgence ensuite. Le traité européen qu’Angela Merkel a réussi à imposer à Nicolas Sarkozy condamne l’euro à l’explosion tant il fait le choix d’ajouter la rigueur à la récession. La route de la dépression est ainsi tracée. C’est sans doute l’intérêt de la rente, mais est-ce celui du monde du travail ? Pour éviter la déflagration de l’euro, il faut défendre fermement auprès de l’Allemagne la nécessité de transformer la Banque centrale européenne. Celle-ci doit pouvoir, comme la Fed aux Etats-Unis ou la Banque d’Angleterre, procéder à des politiques de monétisation de la dette et intervenir sur le marché des changes pour réduire le cours de l’euro face au dollar et au yuan. Aucun accord ne peut respecter les intérêts de la France sans que ce casus belli ne soit levé.

Transformation de l'euro

L’Allemagne ne pliera que si la France prépare le plan B de la transformation de l’euro. La monnaie unique deviendrait une monnaie commune. Les monnaies nationales seraient réintroduites dans les pays de la zone euro, inconvertibles entre elles, mais convertibles avec l’euro monnaie commune. Ce nouveau système monétaire européen redonnerait instantanément de la compétitivité aux pays européens qui ont le plus souffert de la surévaluation de l’euro. Une politique de change réaliste ferait plus que compenser les effets récessionnistes de politiques budgétaires restrictives.

Si la grande explication avec l’Allemagne n’aboutissait pas (plan A), le plan B aurait pour lui le réalisme géopolitique et économique. Un bon divorce vaut parfois mieux qu’un mauvais mariage.

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