France - Qatar : une relation complexe, privilégiée et ancienne<!-- --> | Atlantico.fr
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Le Qatar et la France entretiennent des relations complexes.
Le Qatar et la France entretiennent des relations complexes.
©Lazy Sam

Bonnes feuilles

La France et le Qatar ont établi de longue date des relations étroites dans les domaines politique, culturel et économique. Mehdi Lazar décrypte la complexe relation franco-qatarie. Extrait de "Le Qatar aujourd'hui" (1/2).

Mehdi Lazar

Mehdi Lazar

Mehdi Lazar est géographe, spécialiste des questions de géopolitique et d’éducation. Il est docteur de l’Université Panthéon-Sorbonne, diplômé du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques et de l’Institut Français de Géopolitique.  

Il a publié récemment l’ouvrage Qatar, une Education City (l’Harmattan, 2012) et dirige la commission Éducation, Programmes FLAM et Francophonie du laboratoire d'idées GenerationExpat.

Il vient de publier, également, L'Algérie Aujourd'hui, aux éditions Michalon (Avril 2014)

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Cette relation s’inscrit également dans le cadre des relations énergétiques, du déplacement du centre de gravité militaire et économique du monde vers le Moyen-Orient et l’Asie, et de la bonne entente entre les dirigeants des deux pays.

Outre les échanges commerciaux qui évoluent depuis quelques années autour de un à deux milliards d’euros par an, la soixantaine de filiales françaises présentes au Qatar sont très actives, notamment autour des nombreux grands contrats inhérents au développement rapide du pays. De même, la France est devenue l’une des destinations de choix des fonds d’investissements qataris, avec plusieurs prises de participation dans les grands groupes, des investissements dans l’immobilier, le sport et la communication.

Les liens entre les deux États sont donc anciens et l’anecdote nous dit que dès l’indépendance, le 21 septembre 1971, le représentant du Qatar demanda l’adhésion de son pays à l’ONU en français (le Qatar est pourtant un ancien protectorat britannique). L’orateur était en effet Hassan Kamel, conseiller politique de l’émir cheikh Khalifa et ancien étudiant dans l’Hexagone 198. Le Qatar ouvrit dès 1972 une ambassade en France et l’émir se rendit en voyage en 1974 dans l’Hexagone, achetant une villa dans le Midi et par la suite nouant des liens linguistiques avec la venue d’un précepteur pour enseigner le français à ses enfants.

Les relations politico-militaires sont également bonnes et dans les années 1980, le Qatar, qui s’éloigna des États-Unis, se rapprocha de la France (en 1980, le Qatar acheta ses premiers Mirage) qui construisit une base aérienne près de Doha. Aujourd’hui, les hangars qataris abritent des Mirage 2000 et l’armée du Qatar est équipée à 80 % de matériel français. En 1995, un nouvel élan est donné à la relation bilatérale avec l’arrivée au pouvoir de Jacques Chirac et du cheikh Hamad. La France fut d’ailleurs l’un des premiers pays à reconnaître le nouveau pouvoir en place. Les deux hommes s’entendent très bien et un accord de défense est signé en octobre 1998. Des 2006, l’installation à Doha d’une antenne de l’école militaire de Saint-Cyr est évoquée à l’Elysée lors d’un voyage officiel (l’un des fils de l’émir, le cheikh Jouan, y fait alors ses études militaires et soutient le projet, repris par la suite par Nicolas Sarkozy).

Les liens devinrent encore plus forts sous la présidence de Nicolas Sarkozy. L’émir et le président français étaient très proches et se parlaient directement, sans passer par les canaux diplomatiques habituels. Les relations entre les deux hommes sont aussi anciennes et remontent à l’époque où l’ancien président français était ministre de l’Intérieur. Mais ce bon contact a été largement encouragé aussi par la très bonnes relations que l’ex-première dame française, Carla Bruni-Sarkozy, entretenait avec l’une des femmes de l’émir, la cheikha Mozah. Ces bonnes relations se sont traduites sur le plan commercial et fiscal par le projet de loi adopté par le Parlement français instaurant des exonérations fiscales spéciales pour les citoyens du Qatar et leurs entreprises sur les biens qu’ils possèdent en France. Cet avenant signé par la France et le Qatar le 14 janvier 2008 à Doha est ainsi entré en vigueur le 23 avril 2009 199. Il amende la convention franco-qatarie du 4 décembre 1990 signée entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de l’État du Qatar en vue d’éviter les doubles impositions en matière d’impôt sur le revenu, sur la fortune et sur les successions.

Depuis 2009, la stratégie d’investissement du Qatar en France est devenue très visible, notamment à travers des participations au capital d’entreprises françaises par le biais de son fonds souverain, Qatar Investment Authority (QIA), et de la Qatar National Bank, ce qui a pu soulever des questions de la part d’acteurs politiques ou économiques français.

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Extrait de "Le Qatar aujourd'hui" (21 mars 2013)

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