Forum "République et islam" à l’Assemblée : les questions à aborder une bonne fois pour toutes pour ne pas passer une énième fois à côté du sujet<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Lundi 22 juin aura lieu le forum sur "Islam et République" à l'Assemblée Nationale.
Lundi 22 juin aura lieu le forum sur "Islam et République" à l'Assemblée Nationale.
©Reuters

Parlons peu mais parlons bien

Alors que la majorité des musulmans habitant en France ne sont opposés ni à la laïcité ni à la République, un Forum "République et islam" est organisé ce lundi 22 juin à l’Assemblée nationale. Dès le départ, de débat est donc mal posé et risque de passer à côté des questions de fond.

Lundi 22 juin aura lieu le forum sur "Islam et République" à l'Assemblée Nationale. Si quelques voix ce sont élevées contre cet événement, peut-on en déduire que la question de la République met les musulmans mal à l'aise ? N'est-ce pas d'autant plus vrai lorsque l'on sait que l'islam politique se traduit bien souvent par des régimes liberticides bien loin d'un image républicaine ?

Ghaleb Bencheikh : Les citoyens français de confession islamique n'ont pas à être mal à l'aise avec la République. Bien au contraire, ils ont à s'acquitter de leurs devoirs de citoyens et jouir de leurs droits inaliénables, sachant que le devoir et le droit sont l'avers et le revers d'une même effigie. A charge pour la République d'accueillir tous ses enfants sans exclusive. Et, la République est sociale ou n'est pas. D'ailleurs, dans une démocratie saine, le collège électoral doit être conforme au collège électif. ce qui n'est pas encore tout à fait le cas pour notre démocratie française. Quant à l'islamisme politique, heureusement aucun hurluberlu ne cherche à vouloir l'appliquer chez nous dans notre pays, la France. C'est une escroquerie morale et intellectuelle que de croire pénétrer le désir politique de Dieu et de vouloir l'appliquer sur terre. Et nous avons vu les échecs patents auxquels sont arrivés les promoteurs de l'idéologie islamiste ailleurs. Tout cela relève de fadaises et de billevesées et nous n'avons pas à nous y attarder. J'ajoute, j'aimerais bien - comme citoyen - que nos dirigeants politiques ne flirtent pas trop avec les régimes de type islamistes dussions faire des "affaires" avec eux.

La majorité des musulmans habitant en France ne sont ni opposés à la laïcité ni à la République ainsi n'est-ce pas une erreur d'organiser une réunion centrée sur la question de l'acceptation de la pensée Républicaine ? Qu'est-ce que cela peut nous apprendre sur les défauts dans la manière de poser les débats concernant l'islam en France ?

Oui, c'est une erreur. Il faut que le fait islamique soit banalisé et harmonisé dans notre pays. Ce serait bien d'oublier un peu cette question et laisser les citoyens musulmans vaquer à leurs occupations et vivre leurs spiritualité avec calme et discrétion. Lorsqu'on a une formation politique qui tient une convention sur l'islam, elle participe de l'hystérisation générale à propos de cette question, alors que nous avons besoin davantage d'apaisement. Arrêter aussi de poser cette question en termes d'extériorité, d'étrangeté et d'incongruité au sein de la nation. Savoir aussi découpler les problématiques essentiellement religieuses d'avec celles qui concernent l'immigration. Il n'y a pas un isomorphisme total entre l'islam et l'immigration de nos jours dans notre pays.

Quelles sont les questions qu'il faudrait alors poser, comment nommer les choses ?

Il faut être extrêmement vigilant contre les dérives sectaires, contre le discours radical et l'embrigadement des jeunes citoyens français quels qu'ils soient. Veiller à ce qu'un corps de liturges français musulmans soit bien formé afin de bien conduire la liturgie islamique dans les mosquées. Il faut que les imams de France soient à la hauteur de leur mission. Pour cela ils ont à suivre un bon cursus universitaire alliant à la fois les connaissances historiques et l'héritage culturel français et la compétence théologique islamique sereine et intelligente.

Les instances qui prétendent représenter les musulmans de France ne devraient-ils pas prendre les devants ? A quelles difficultés sont-ils confrontés pour aborder les questions de fond comme le radicalisme islamique en France par exemple ?

Les musulmans ne seront représentés que par leurs élus et uniquement sur le plan politique. En revanche des instances qui veillent à la bonne gestion des pratiques cultuelles doivent prendre à bras le corps les questions de la formation des imams, celles des lieux de culte et des mosquées qui doivent être assainies du discours radical et de la tentation extrémiste. Encore faut-il pour cela que ces instances aient à leur tête des dirigeants compétents sérieux ayant la carrure et l'envergure d'être des pôles autour desquels s'agrègent les fidèles.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !