Fiasco annoncé aux européennes, le gouvernement est plombé alors que l’économie se porte pourtant bien<!-- --> | Atlantico.fr
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La liste patronnée et voulue par Emmanuel Macron court au fiasco électoral et entraîne dans sa chute le gouvernement de Gabriel Attal.
La liste patronnée et voulue par Emmanuel Macron court au fiasco électoral et entraîne dans sa chute le gouvernement de Gabriel Attal.
©Ludovic MARIN / POOL / AFP

Atlantico Business

Les questions liées au pouvoir d’achat et à l’immigration sont au cœur des inquiétudes françaises, d’où la poussée des courants d’extrême droite et du populisme. La cote de popularité du gouvernement et du président est plombée alors que la situation économique est bonne.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le gouvernement et le président de la République continuent d’être très mal traités par l’opinion publique, ce qui se traduit par le succès des listes d’extrême droite et notamment celle du RN conduite par Jordan Bardella (à plus de 30% des intentions de vote) ou même la liste de Raphaël Glucksmann qui regroupe une gauche écœurée par les excès de la France insoumise. Raphaël Glucksmann talonne à près de 13% la liste Renaissance conduite par Valérie Hayer.

La liste patronnée et voulue par Emmanuel Macron court au fiasco électoral et entraîne dans sa chute le gouvernement de Gabriel Attal. Lors des derniers sondages, 80 % des Français jugent que l’exécutif dirigé par Emmanuel Macron et son Premier ministre pratiquent une mauvaise gestion du pays, notamment en matière économique, même si Gabriel Attal a encore une cote de confiance supérieure à celle du président.

Ce qui est très étonnant, dans la séquence pré-électorale que nous traversons, c’est que l’opinion publique a un « ressenti » de la situation économique beaucoup plus mauvais que la réalité. Parce que quand on observe de près la réalité et qu’on la compare à celle de nos voisins et partenaires, on est obligé de reconnaître qu’elle n’est pas si mauvaise. 

Quoi qu’on dise, le gouvernement et notamment le ministre de l’économie Bruno Le Maire ont su éviter la récession, c’est d’ailleurs ce qu’ont retenu les agences internationales de notation qui n’ont pas sanctionné cette gestion, contrairement à ce que beaucoup d’analystes nous annonçaient. La bonne tenue des valeurs boursières (à Paris comme ailleurs) traduit d’ailleurs la bonne santé des grandes entreprises et leurs perspectives.

Au premier trimestre de cette année, la croissance a atteint 0,2 % avec un objectif sur l’année programmé à 1 %, ce qui est très réalisable. Le pays, comme l’ensemble du monde occidental, est sorti du Covid avec un appareil de production intact. Il a profité du rebond de l’après-Covid auquel personne ne croyait. Enfin, il vient de sortir de la crise inflationniste consécutive à la guerre en Ukraine qui a bouleversé les prix de l’énergie et les prix alimentaires. On a fait beaucoup mieux que les Allemands considérés jadis comme les meilleurs élèves de la classe européenne. la réunion de Choose France vient de prouver que la France avait su conserver son attractivité auprès des investisseurs étrangers, avec 15 milliards d’euros investis notamment dans l’intelligence artificielle.

Le mouvement de réindustrialisation est engagé, tout comme le retour vers une stratégie d’énergie propre avec la relance du programme nucléaire. Le risque de faillites en chaîne au niveau des petites et moyennes entreprises, tout comme le risque d’une remontée du chômage, ont été évités.

Alors, l’état de la France n’est évidemment pas sans failles ni faiblesses. Ne soyons pas naïfs ou crédules. Les finances publiques affichent un déséquilibre inquiétant, d’où un endettement difficile à enrayer, ce qui pourrait énerver la Commission de Bruxelles cette semaine qui va examiner les comptes de la France. Mais la dette publique reste soutenable, c’est-à-dire qu’elle continue de trouver sans difficultés les moyens de financement. Le poids de cette dette publique n’a pas d’effet sur la vie quotidienne, puisque le gouvernement cherche à ne pas augmenter la pression fiscale et compte sur le retour de la croissance conjuguée à une meilleure gestion des services publics pour rétablir l’équilibre.

En dépit de ce modèle économique et de ses résultats, l’opinion publique ne fait aucun crédit au président de la République et à son gouvernement. Ce qui laisse un champ très large à l’opposition de droite et de gauche qui s’exprime pendant cette campagne européenne sans délivrer pour autant des projets alternatifs.

En fait, l’opposition utilise les deux maillons faibles de la politique gouvernementale, qui ressortent très clairement dans les sondages.

Le premier concerne le pouvoir d’achat, qui n’a pas retrouvé totalement les niveaux d’avant Covid, et notamment les salaires de la classe moyenne qui sont au Smic ou légèrement au-dessus. À noter d’ailleurs que dans le climat d’inquiétude qui règne, la classe moyenne française a tendance à donner la priorité à l’épargne de précaution plutôt qu’à la consommation.

La deuxième préoccupation porte sur l’immigration, considérée comme étant la principale source de l’insécurité civique. Ce sentiment-là est renforcé par l’action et les discours de la France insoumise qui, pour des raisons électorales, cherche dans la population d’origine étrangère un gisement de vote possible en sa faveur. Ce qui reporte une partie de la classe moyenne vers le RN, considéré comme le meilleur rempart contre cette immigration non contrôlée.

Il faut reconnaître que sur ces deux questions, le gouvernement reste très maladroit. Sur la question du pouvoir d’achat, il a pensé que la multiplication des boucliers tarifaires pouvait résoudre le problème, en attendant l’application de cette désmicardisation promise par Gabriel Attal, mais qui devrait se traduire par une augmentation générale des salaires du privé. La marge de manœuvre du gouvernement est très limitée. Dans le privé, il ne peut rien faire sans contribuer à l’amélioration de la productivité. Dans le public, sa priorité est d’améliorer la qualité des services publics, dont le mauvais fonctionnement (à l’école ou dans la santé notamment) contribue grandement à la mauvaise humeur. Sur la question de l’immigration, l’opinion a véritablement l’impression que le gouvernement n’évalue pas l’ampleur du problème et n’a ni conviction ni d’autre stratégie que de déporter le problème sur Bruxelles et sur l’Union européenne. Paris devrait savoir que les mouvements populistes en Europe (en Grande-Bretagne, en Italie et même en Allemagne) ont été nourris par les dysfonctionnements des politiques migratoires.

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