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Faut-il craindre les menaces de la Russie sur l'euro ?
©Reuters

Decod'Eco

Ce qui se déroule à Chypre n'est pas du goût de la Russie -- et les représailles pourraient avoir de profondes conséquences sur le système financier.

Simone Wapler

Simone Wapler

Simone Wapler est rédactrice en Chef des Publications Agora (analyses et conseils financiers).

Elle est l'auteur de "Comment l'Etat va faire main basse sur votre argent: ... et ce que vous devez faire pour vous en sortir !", paru chez Ixelles Editions en mars 2013.

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La Russie menace l’euro de représailles.  La taxe sur les dépôts chypriotes - qui fait partie du plan de sauvetage des banques et de l’île – fait voir rouge à la Russie. En effet, cette taxe frapperait les dépôts sans distinction de la nationalité de leur détenteur et notamment les importants dépôts des Russes.

En représailles, le Premier ministre Dmitri Medvedev menace de revoir la part de l’euro dans les réserves russes. Conséquences, les taux d’emprunts des gouvernements dispendieux de la zone euro risquent de monter et l’or aussi.

La Russie détient plus 530 Mds$ de réserves de change

Pays exportateur, la Russie détient d’importantes réserves de change mais ce que nous appelons de l’argent ou des réserves de change sont en réalité des dettes.

La monnaie mesure un « droit à l’échange ». Les unités monétaires utilisées comptabilisent un pouvoir d’achat gagné par un vendeur dans un échange avec un acheteur. Vous achetez un baril de pétrole 100 €. L’ancien propriétaire de ce baril possède un pouvoir d’achat de 100 de quelque chose libellé en euro.

Le garant dans cet échange, c’est l’État qui émet la monnaie libellée à son effigie. La banque centrale assure l’émission de cette monnaie fiduciaire. Lorsqu’un pays exporte, donc vend, sa banque centrale voit ses réserves de change enfler. En effet, la monnaie de l’acheteur passe par la banque centrale du pays vendeur. Le banquier central la stocke et émet sa monnaie locale qu’il donne au vendeur. Pour le banquier central, la monnaie étrangère stockée ne lui rapporte rien. Pour que ses réserves de change lui rapportent, il achète des obligations souveraines étrangères, ses « Livrets A ». Plus un pays exporte, plus sa banque centrale détient de réserves de change, donc de dettes étrangères. La Russie est au quatrième rang mondial, derrière la Chine, le Japon et  l’Arabie Saoudite.

La seule réserve de change qui ne soit pas de la dette c’est l’or

Dans les 12 000 Mds$ de réserves mondiales de change, l’or (couleur bronze) a une part modeste, 12% des réserves. Le dollar (bordeaux) se taille la part du lion et l’euro (rouge pompier) vient juste derrière. Les réserves de changes sont surtout libellées en monnaies de pays importateurs et illustrent les déséquilibres commerciaux.

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Mettez vous dans la peau d’un banquier central qui commence à douter du devenir de l’euro. Pour ne pas qu’une partie de ses créances partent en fumée, au cas où l’euro éclaterait et que les dettes libellées dans cette monnaie ne soient pas honorées, il faut qu’il les convertisse dans autre chose : du dollar, du yen, de la livre sterling, du franc suisse et de l’or… seule réserve qui ne soit pas une créance.

Le concept de « réserves alternatives »

Pour un banquier central, les réserves alternatives sont les dettes des pays encore triple A : Canada, Australie, Danemark et Suisse. Problème : il n’y en a pas assez pour tout le monde (sinon, ils ne seraient pas triple A, ils seraient importateurs et criblés de dettes comme les autres).

Sur ce graphe, vous avez la taille du marché de la dette dans ces différentes monnaies - dites réserves alternatives  - et par comparaison celle du marché de l’or physique. Un peu moins de 3 400 Mds$ pour l’or, trois fois moins pour le Canada.

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La Russie a considérablement augmenté ses réserves en or depuis 2008

Depuis le début de la crise, la Russie a plus que doublé ses réserves en or qui se montent actuellement à près de 32 millions d’onces, soit plus de 51 Mds$ ce qui ne représente malgré tout que moins de 10% des réserves de change.

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Sachant que les Etats-Unis ont déclaré le 20 mars que la planche à billets allait continuer à imprimer 85 Mds$ par mois, vers quoi peut se tourner la Russie pour diversifier ses réserves de change et diminuer la part de l’euro ? L’or.

Conséquences : moins d’acheteurs pour les dettes souveraines libellées en euro et plus d’acheteurs pour l’or.

[Un autre acteur majeur est en train de redéfinir la donne sur le marché de l'or : pour en savoir plus, c'est par là...]

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