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Faillites en hausse et production manufacturière en baisse : le secteur privé français s'enfonce...
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De pire en pire

En 2013, 63 452 entreprises françaises ont été jugées défaillantes selon un rapport de la Coface, un record depuis 2009. L'indice PMI, qui mesure l'activité manufacturière, n' a cessé de se dégrader quant à lui. Et ce ne sont pas les récentes augmentations d'impôts qui vont arranger la situation.

Wolf  Richter

Wolf Richter

Wolf Richter a dirigé pendant une décennie un grand concessionnaire Ford et ses filiales, expérience qui lui a inspiré son roman Testosterone Pit, une fiction humoristique sur le monde des commerciaux et de leurs managers. Après 20 ans d'expérience dans la finance à des postes de direction, il a tout quitté pour faire le tour du monde. Il tient le blog Testosterone Pit.

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Cela a sans doute fonctionné. En tout cas, tous les moyens semblent bons: lorsque le président français, François Hollande, a défilé dans les environs de Washington D.C avec le président Obama, la chaine de télévision publique France 2 a reconnu qu'il s'agissait là d'une démonstration d'apparence "harmonieuse". Hollande s'est ensuite envolé pour la Silicon Valley afin de rencontrer les entrepreneurs français et américains, dont certains sont milliardaires, probablement pour obtenir les recettes de leurs succès afin de sauver l'économie française, et en particulier son secteur privé qui est aujourd'hui dans un état anémique avéré.

Peut-être était-ce effectivement ce qu'Hollande devait faire pour régler les affaires intérieures du pays car sur le plan national, la situation ne cesse de se dégrader. L'économie est en berne et n'a présenté aucun signe de croissance sur cinq des huit derniers trimestres. Il y a bien un secteur qui semble ne pas connaître cette situation, la fonction publique, sans parler des  entreprises publiques et para-publiques. En dépit de débats incessants sur l'austérité, ce secteur de l'activité en France ne cesse de prendre une part importante.

Markit, un institut d'études financières, a essayé de comprendre pourquoi l'indice de confiance des responsables d'achats des entreprises privées françaises était aussi bas par rapport aux chiffres du PIB français, ce qu'ils ont d'ailleurs fait pour plusieurs pays. Dans le cas français, il s'avère que la production du secteur public a augmenté de 2,1% depuis le deuxième trimestre 2012. Sans prendre en compte le secteur public, la PIB du secteur privé français décroît de 0,2%. Et il persiste à 3,2% en-dessous de son niveau d'avant-crise. Depuis, le secteur privé français ne s'en est jamais remis!

Nombreuses sont les preuves montrant que le secteur privé français s'enfonce de plus en plus dans la crise, à commencer par l'indice PMI (ou indice des directeurs d'achat) de la France. Celui-ci s'est encore dégradé, pour atteindre son score la plus bas depuis deux mois, s'établissant en février à 47,6.  Une donnée qui confirme la dégradation des activités du secteur privé en France. Ses indices composites sont également révélateurs de cette difficile situation: l'indice des activités de service est, en février, de 46,9, au plus bas depuis neuf mois, quand l'indice de l'industrie manufacturière atteint désormais 48,5, son chiffre le plus bas depuis deux mois. Petite note d'espoir semblerait-il: l'indice de la production manufacturière n'a cessé d'augmenter ces sept derniers mois, pour atteindre, en février 50,5 (contre 48,8 en janvier).

D'autres données viennent noircir le tableau: en 2013, 63 452 entreprises françaises ont été jugées défaillantes, soit une augmentation de 5,3% par rapport à 2012.Pour la première fois, ce niveau a dépassé celui de l'année 2009 (63 204), un niveau considéré à l'époque déjà comme catastrophique. Les deuxième et troisième trimestres ont été particulièrement mauvais, avec des taux de faillite respectifs de 9,8% et 8,2%.

Les défaillances d'entreprises françaises ont commencé à augmenter à partir de 2008, alors que la crise financière commençait à gagner la France pour atteindre son apogée en 2009. Elles ont ensuite augmenté significativement jusqu'au milieu de l'année 2012.  Hélas, et certainement par coïncidence, le nombre de défaillances a poursuivi dans cette voie, au moment où Hollande était encore occupé à défaire ses valises dans sa nouvelle demeure, l'Elysée, et avant-même qu'il ait pu avoir une chance de soumettre les entreprises à des hausses d'impôts.

La plupart des petites structures, les "entreprises individuelles" avec un seul employé, n'ont pas pu résister à la crise. C'est ainsi qu'en 2013, 16 261 d'entre elles ont été jugées défaillantes, soit 13,3% de plus qu'en 2009. Aucune récupération n'était alors attendue. Résultat: peu d'entre elles subsistent encore.

Parmi les entreprises commerciales, les défaillances ont atteint le chiffre de 47 191, soit 6,2% de plus que durant l'année de la crise, en 2009! Bien que la plupart de ces entreprises en faillite aient eu en moyenne quatre employés, certaines s'apparentaient davantage à de grosses entreprises: tel fut le cas de Mory Ducros, avec 5 000 employés. Ce sont ces dernières entreprises maintenant qui sont en train de mourir.

Le coût de ces faillites a  atteint un nouveau record en 2013, avec 4,82 milliards d'euros, soit 0,23% du PIB, un tout petit peu plus qu'en 2009 où ce chiffre s'établissait à 4,7 milliards d'euros. Des faillites qui ont mis en péril 211 716 postes.

Il s'agit-là d'un phénomène généralisé. Un seul secteur, la chimie, a vu son nombre de défaillances diminuer. Tous les autres ont connu une augmentation de ce chiffre, avec un secteur particulièrement touché: la distribution.Dans ce secteur, les défaillances ont augmenté de 9,7% par rapport au niveau de l'année précédente! Comme partout ailleurs, le secteur a connu des changements structurels en marche forcé à cause de la concurrence générée par le secteur de l'Internet. Une situation aggravée par la morosité des ménages français devant faire face à un taux de chômage galopant, et comptant minutieusement chaque euro dépensé. Les défaillances de librairies ont atteint 17,5%, dont certaines chaînes comptant plusieurs centaines d'employés chacune. Le taux de défaillances des magasins de fleurs s'établit à 12,8%, celui des magasins de jouets à 45,8%! Même dans les secteurs d'avenir, "électronique, technologies de l'information et télécommunications", le niveau de défaillances a grimpé de 9,2%. Les temps sont durs.

La présidence de Hollande s'inscrit dans le cadre d'une détérioration progressive du secteur privé. Donner le change de façon complètement désordonnée, en boostant le secteur public d'un coup de crayon ou par un vote au Parlement, ne pouvait avoir comme autre résultat, pour le secteur privé, que d'aggraver potentiellement le marasme existant. Néanmoins, on a pu noter une très légère amélioration du PIB français, donnant ainsi l'impression que le gouvernement réagit.

Pourtant, les centaines de milliers de petites et moyennes entreprises constituent le fondement de l'économie, essayant de survivre au quotidien tant bien que mal. Le fait que leur nombre de défaillances d'entreprises soit toujours aussi inquiétant, cinq ans après la crise, devrait sérieusement alarmer François Hollande et son gouvernement au sujet du climat des affaires en France, et leur faire comprendre qu'unehausse d'impôts pour les entreprises n'est pas ce qui va améliorer la situation.

Mais la classe politique française, largement méprisée par l'opinion, ne semble pas l'entendre de cette oreille. Un membre du gouvernement français a supprimé 3 300 noms de personnalités françaises d'une liste volée de comptes HSBC localisés en Suisse. Cette révélation aurait sans doute jeté l'opprobre sur l'élite politique, rendue alors vulnérable face à la justice. 

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