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Facebook, Uber, Airbnb, Apple, Google : les grands du digital pris dans une tempête éthique, fiscale et boursière
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Atlantico Business

Les grands du digital américain sont désormais menacés sur tous les fronts : éthique, fiscal et commercial. La bourse sanctionne.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les monuments de l’industrie mondiale du digital ne sont pas tombés de leur piédestal mais ils sont entrés dans une zone de turbulences. La bourse américaine a, cette semaine, sanctionné très fortement tous les grands de la tech sur la foi d’informations qui font désordre, qui posent question et qui crédibilisent les risques de positions dominantes dans une grande part de l’économie internationale.

En clair, l’accumulation de turbulences préfigure une transformation d’un modèle qui a fait leur fortune historique et leur puissance.
Avec, tour à tour, Facebook soupçonné d’avoir cédé à une entreprise de communication politique proche de Donald Trump
une partie des données personnelles stockées sur son site. Personne ne sait à quelles conditions ces données ont été cédées. Toujours est-il que cette affaire a semé le trouble sur le modèle et sur l’indépendance de ces entreprises.

Uber, le numéro 1 mondial de l'auto partage, qui prépare l’autonomie de ses véhicules, vient de provoquer un accident mortel lors d’une expérimentation. C’est la première fois, qu’une voiture autonome percute un piéton lors d’une opération expérimentale. Personne ne sait les conditions exactes de l’accident. Est-ce que le piéton s’est jeté sur la voiture, est-ce que le système de radar a failli, est-ce que le conducteur qui aurait pu reprendre le contrôle du véhicule a été prévenu ou pas ? Toujours est-il qu’Uber, déjà malmené en terme d’image, a suspendu toutes les expérimentations.

Ne parlons pas d’Apple, considérée comme l’entreprise la plus chère du monde et dont le modèle fondé sur la vente de produits très haut de gamme est challengé par des modèles beaucoup moins chers (type Samsung ou Huawei) et qui offrent en gros les mêmes performances.

Ne revenons pas sur l’hyper puissance de Amazon en risque de position dominante sur le secteur du e-commerce, ou sur Google qui draine l’essentiel de la publicité digitale dans le monde.

Les grands du digital se retrouvent, de par leur taille, leur incroyable puissance et leur extraordinaire potentiel de développement dans une tempête qui les attaquent sur trois fronts. Ethique, commercial, et fiscal.

Sur le front éthique, il est évident que l’accumulation de données personnelles récupérées par les réseaux sociaux et les grands du e-commerce pose un problème lié à la protection de la vie privée et de la liberté individuelle pour des millions de personnes dans le monde. La vie privée et la liberté de chacun ne sont plus garanties. Si Amazon, Facebook, Google peuvent utiliser ces données à des fins commerciales ou politiques sans l’accord des individus, ces systèmes mettent en danger l’équilibre des sociétés.

Sur le front économique et commercial, le mode de fonctionnement de ces GAFA est fondé sur la gratuité. En bref, les Facebook, les Google, les Amazon et d’autres récupèrent des données personnelles sans les payer. Or, si elles font commerce et vendent ces données, ça va poser un problème grave.

Passons sur les risques de positions dominante. Quand Bruno Le Maire attaque en justice les grands du digital pour agissements non conformes avec les règles de la concurrence à l’encontre des producteurs de logiciels, il touche là ou ça fait mal, mais il a raison de vouloir ainsi protéger les chercheurs et les fondateurs de startup françaises.

Passons sur les positions dominantes acquises dans le secteur de la publicité et qui finiront par être sanctionnées par les autorités de la concurrence américaine qui sont en général très vigilantes sur ces questions.

Toutes ces affaires vont sans doute obliger les GAFA à faire évoluer leur modèle économique vers des modèles moins gratuits dans leur rapport avec la clientèle. Si les adhérents de Facebook, de Tinder, de Google doivent demain payer le service, ils seront peut-être moins nombreux et les GAFA seront obligés de transformer leurs modèles.

On peut aussi imaginer que le client s’oppose à l’utilisation lucrative de ses données personnelles, à moins de récupérer une partie de la valeur.

Sur le front fiscal, les GAFA se préparent à des offensives importantes. Donald Trump les a déjà obligées à rapatrier aux USA les bénéfices réalisés à l’étranger, ce qui représente plus de 1000 milliards de dollars qui ont été réinjectés dans le système économique américain. Mais ce n’est pas tout, les pays de l’Union européenne sont enfin en train de se mettre d’accord pour imposer les grands du digital pour l’activité qu’ils développent sur le marché européen. Pour l’heure, l’Union européenne appliquerait une taxe de 3% sur le chiffre d’affaires réalisé en Europe, ce qui représenterait entre 5 et 6 milliards de revenus pour l’ensemble des pays de l’Union.

Ceci dit, cette taxe serait provisoire en attendant l’établissement d’un impôt plus sophistiqué qui serait perçu non pas sur le chiffre d’affaires, mais sur la valeur crée et le profit dégagé en Europe.

Le gouvernement américain prend très mal ces initiatives qui peuvent apparaître comme une réponse directe aux menaces protectionnistes, mais ça va bien au delà. Il s’agit, pour les européens, de rétablir une taxation équitable sur des opérations qui se déroulent en Europe et dont la nature nouvelle des produits et des services faisait que les acteurs en étaient exonérés.

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