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Face à la pandémie, les marchés financiers résistent à la déprime avec de vraies raisons de garder le moral
©Philip FONG / AFP

Atlantico Business

Alors que le monde entier traverse une crise historique et destructrice de valeur, les marchés financiers gardent le moral. Il faut en tirer les leçons parce que les boursiers sentent des raisons de ne pas sombrer dans la déprime.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Après la colère, la déprime. Alors que l’opinion publique sombre dans le découragement d’avoir à supporter une situation unique, parce que personne ne sait combien de temps, malgré cette galère qui bouleverse les conditions de travail, la vie personnelle et sociale de tout un chacun, pour l’instant, les marchés financiers tiennent le coup et les bourses restent en équilibre. C’est aussi la première fois dans l’histoire contemporaine que les marchés mondiaux ne s’effondrent pas. Alors ils encaissent certains jours quelques réactions brutales à la conjoncture, mais globalement depuis le début de l’annonce de cette pandémie, on ne peut pas dire qu‘ils ne soient paniqués. Rien à voir avec ce qui s’était passé en l’an 2000 ou même apres les attentats du Wall Trade center, encore moins après la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008.

Tout se passe chez les boursiers comme s’il fallait vivre et passer une période un peu compliquée mais parfaitement gérable avec, en plus, des opportunités de changement dont on pourrait tirer bénéfice.

Alors ne soyons pas naïfs, les marchés financiers bénéficient du soutien incroyablement généreux des banquiers centraux qui mettent à disposition du système autant de liquidités que nécessaires. Mais si les banquiers centraux (la FED et la BCE) ont choisi de jouer les réassureurs en dernier ressort de cette manière, c’est aussi parce qu’ils ont compris que la planète toute entière, en dépit de ses difficultés à assumer la situation, en dépit de ses doutes, continuait d’avoir confiance dans le dollar et dans l’euro qui sont dans le monde les deux monnaies les plus solides. Et là encore, ne soyons pas naïfs, si cette confiance était fissurée gravement, les monnaies en question s’effondreraient. La valeur d‘une monnaie se mesure au degré de confiance que les peuples accordent à ces monnaies.

Donc la bourse marche parce que les peuples continuent d’avoir confiance dans le système mondial, en dépit de ses imperfections, peut-être aussi, parce qu‘il n'y a pas d’alternative évidente.

La vraie question qui se pose est de savoir pourquoi, face à la solidité des marchés financiers (qui traduit cette confiance collective), les individus pris individuellement sombrent dans la déprime et le découragement.

C’est plus particulièrement vrai en Europe Occidentale. Notamment en France. Ou visiblement, la grande majorité des hommes, des femmes, des jeunes comme des moins jeunes ont du mal à accepter la situation. Ils s’interrogent en permanence sur la durée de la crise, sur la nécessité des mesures de protection qu’il faut prendre, ils se perdent dans des débats sans fin qui remettent en cause en permanence l’action du gouvernement (mal expliquée, c’est vrai) ou le rôle des scientifiques (assez peu clairs c’est aussi vrai).

A lire les philosophes d’Aristote à André Comte Sponville, en passant par l’auteur de Sapiens, Yuval Noah Harari, qui a écrit une formidable histoire de l’humanité, à écouter les psys, ou les grands classiques de Balzac, Hugo à Camus. L’homme a toujours réussi à se sortir d’une situation désolante et incompréhensible sans s’enfermer dans une dépression nerveuse collective et l’isolement. Au contraire, il réussit à prendre le contrepied, prendre du recul en gardant les pieds sur terre et en se livrant à l’exercice le plus difficile qui est de séparer l’essentiel de la vie de l’accessoire ou même du dérisoire. Cet exercice quasi religieux, comme disait André Malraux, n’est pas différent de celui que font les boursiers. Il y a des situations imprévisibles, incompréhensibles mais dont les fondamentaux restent solides. Et les fondements s’appuient en général sur l’avenir, les projets que l’on imagine et que l’on construit quoi qu’il arrive

Très logiquement, mais avec un peu d’effort sur soi-même, il existe trois bonnes raisons de ne pas perdre le moral, ces trois raisons sont fondées sur le bon sens de l’histoire, des faits et des chiffres et de l’intelligence. Contrairement à ce qu’on croit, les crises ne rendent pas intelligent, les crises révèlent des capacités enfouies pour se tirer d’affaire en éclairant les facteurs de reprise ou les raisons de réussir à se sauver du pire.

1e raison. Une certitude : cette histoire de virus finira bien par se terminer. Personne ne sait quand, mais elle se terminera. Dans six mois, dans un an ou peut-être dans 8 ans. Le virus du sida n’a pas disparu mais après plus de 8 ans de batailles et 80 millions de morts dans le monde (hélas), le sida est beaucoup moins fort aujourd’hui. Il a bien fallu apprendre à s'en protéger et retrouver le gout du sel de la vie. Face au covid 19, on trouvera un vaccin, ou on trouvera un traitement. Ou alors le virus va s’asphyxier et s’épuiser parce que c’est dans sa nature de virus, dès qu'il ne trouvera plus aucune cellule sur laquelle rebondir. Tous les virus ont été combattus et tous ont été vaincus.

2e Raison : Des forces d’action. Il existe de formidables moyens de rebondir. D’abord l’envie de vivre après de telles privations et globalement des réserves financières colossales pour financer l’avenir. Les consommateurs n’ont pas consommé, les investisseurs n’ont pas investi. Les uns comme les autres n’ont pas dépensé et gaspillé l’argent produit et distribué. C’est un argent bloqué en épargne quasi liquide et les peuples ont conservé une confiance intacte dans sa valeur.

3e Raison : une raison de vivre : Il va falloir, comme les boursiers établir des projets, imaginer des changements nécessaires et les lancer. Il falloir, d’ores et déjà établir des « To do List », des programmes de consommation, d’équipement, et d’investissement sans nécessairement leur attacher un agenda précis mais peu importe, puisque tout le monde est logé à la même enseigne. Et on a la certitude que le temps du démarrage reviendra. Bref, il va falloir reconnaître qu’il existe des raisons de vie inaltérables. Le talent de la bourse, c’est de sélectionner les bonnes affaires potentielles, anticiper les secteurs qui vont forcément bouger dans le bon sens et imaginer les mutations. Le talent des marchés financiers est de retenir les enjeux essentiels, (qu’ils s’inscrivent dans le secteur de la santé publique, de la protection de l’environnent, de l'éducation ou de la vie socio-culturelle).

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