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Écolos : le jeu des sept familles
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Présidentielle 2012

Rassembler les différentes composantes de la famille écologiste. Voilà l’un des principaux défis de la primaire d’Europe Écologie Les Verts. Entre consensus sur les idées et compétition sur les personnes, la tâche s’annonce difficile…

Simon Persico

Simon Persico

Simon Persico est doctorant au Centre d’études européennes de SciencesPo. Sa thèse porte sur le traitement des questions relatives à la protection de l’environnement par les partis politiques en Belgique, en France, et au Royaume-Uni.

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Le rassemblement des écologistes s’est opéré en quatre étapes. Il a démarré lors des journées d’été des Verts en août 2008, quand le parti a accepté, sous l’impulsion de Daniel Cohn-Bendit, de faire une large place, pour les élections européennes, à des personnalités qui agissaient jusqu’ici en dehors des structures partisanes. Cette dynamique portait en elle les germes du dépassement du parti vert, mais aussi de résultats électoraux inédits. 

Elle s’est prolongée dans les territoires avec la réussite aux élections régionales de 2010 et cantonales de 2011. Les assises fondatrices d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) en novembre 2010, dont le congrès de la Rochelle est l’aboutissement, ont marqué la troisième étape de ce rassemblement. En deux ans le nombre d’adhérents écologistes – membres de la coopérative et du parti politique – a été multiplié par trois.

Le profil même des candidats à cette élection primaire témoigne de la volonté de prolonger l’ouverture du mouvement. Ni Nicolas Hulot, ni Eva Joly, ni Stéphane Lhomme ne sont des historiques des Verts. Par ailleurs, l’augmentation du nombre de citoyens souhaitant participer à cette primaire (plus de 500 par jour depuis l’ouverture du site internet dédié) élargit encore la nébuleuse. De manière plus anecdotique mais symbolique, la participation du Mouvement Écologiste Indépendant d’Antoine Waechter, scission des Verts en 1993, atteste de cette quatrième étape du rassemblement.


La candidature autonome des écolos : un pari risqué ?

A priori, les voyants sont aux verts. La catastrophe de Fukushima-Daiichi a imposé l’enjeu de la sortie du nucléaire, constitutif de l’identité écologiste, sur l’agenda politique. Elle a aussi transformé l’opinion publique, comme en témoigne le récent sondage de l’IFOP pour le Journal du Dimanche, où 77% des Français se déclarent favorables à la sortie du nucléaire.

Les affaires Woerth, Alliot-Marie et DSK, ont accentué le discrédit des grands partis de gouvernement et la demande d’un renouvellement du personnel politique. Enfin, le succès des écologistes dans de nombreux pays – au Brésil, en Colombie ou en Allemagne – rend plus crédible, aux yeux des électeurs, mais surtout des écologistes eux-mêmes, la perspective d’un bon score.

Cela étant, faire le choix d’une candidature autonome lors de l’élection présidentielle demeure un pari risqué. Cette élection est traditionnellement défavorable aux écologistes, du fait de la concentration de l’attention médiatique autour des candidats des grands partis. Ce phénomène sera renforcé, en 2012, par la volonté, partagée par une grande partie de l’électorat, de clore la période Sarkozy et de porter leur voix sur le candidat d’alternance le plus crédible médiatiquement, le candidat socialiste. Le niveau extrêmement élevé de Marine Le Pen dans les sondages et le spectre du 21 avril pourraient encore accentuer cette tendance.

Or, c’est le rapport de force issu du premier tour de l’élection présidentielle qui conditionnera l’accord avec les autres partis de gauche, en termes de programme de gouvernement et de répartition des sièges au parlement comme au gouvernement. Si le candidat désigné en juillet échoue à dépasser 5%, les écologistes perdront beaucoup. L’enjeu de la primaire qui vient est donc essentiel.

Eva Joly et Nicolas Hulot : bonnet vert et vert bonnet ?

Quatre candidats sollicitent les suffrages des adhérents et coopérateurs. Toutefois, le cœur de la compétition de ce mois de juin peut se résumer au duel entre Eva Joly et Nicolas Hulot, deux personnalités atypiques dans le champ politique et assez proches en définitive. Aucun des deux candidats ne dispose pour l’instant d’une avance évidente dans les sondages, malgré un léger avantage pour Nicolas Hulot. Aucun ne se distingue particulièrement sur le programme qu’il ou elle souhaite mettre en œuvre. Pour ne prendre que l’exemple de politiques économiques, constitutives de la dimension gauche-droite, tous deux prônent l’instauration d’un revenu maximum, illustrant d’ailleurs de l’absence de « droitisation » d’EELV. La campagne des primaires a donc démarré sur des bases assez consensuelles, où les arguments avancés par l’un ont été rapidement repris par l’autre.

Paradoxalement, cette proximité idéologique ne doit pas masquer une véritable différence quant aux électorats potentiels des deux candidats. C’est la tendance qui se dégagent des récents sondages d’intentions de vote, qu’il faut évidemment prendre avec précaution à un an du scrutin. Ainsi, Nicolas Hulot touche plus largement les jeunes, les catégories populaires et les électeurs sans affinité partisane. L’électorat d’Eva Joly, au contraire, est plus âgé, plutôt issu des classes moyennes et supérieures, et traditionnellement proche la gauche.

Qui d’Eva Joly ou de Nicolas Hulot est capable de réaliser la synthèse entre ces deux électorats ? Répondre à cette question devrait être la priorité des participants à cette primaire de l’écologie, s’ils souhaitent que le candidat désigné fasse le meilleur score le 22 avril 2012.

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