Euro trop cher, dividendes trop gras, SMIC trop maigre… le bêtisier économique présidentiel se remplit<!-- --> | Atlantico.fr
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Au lieu de se lamenter sur l’euro fort, il serait préférable de profiter de l’euro faible pour exporter.
Au lieu de se lamenter sur l’euro fort, il serait préférable de profiter de l’euro faible pour exporter.
©INA FASSBENDER / AFP

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Au lieu de se lamenter sur l’euro fort, il serait préférable de profiter de l’euro faible pour exporter. Les questions du niveau du SMIC et des dividendes sont aussi au coeur des enjeux de la campagne présidentielle.

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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Euro trop fort ! On l’entend dire de plus en plus, et pourtant, à 1,13 euro pour un dollar, l’euro est au plus bas depuis juillet 2020 ! Et cette faiblesse n’est pas finie. La reprise est en effet plus forte aux États-Unis qu’en zone euro, avec en plus une inflation à 6,2% là-bas contre 4,1% en zone euro, donc on peut s’attendre à plus de hausses de taux là-bas qu’ici, autrement dit à un dollar qui n’a pas fini de monter.

Alors,au lieu de se lamenter sur l’euro fort, mieux vaudrait peut-être profiter de l’euro faible pour exporter, notamment de France, où l’inflation s’inscrit à 2,8%. Est-ce donc si mauvais, de profiter de l’euro faible ?

Dividendes trop gras ! On calcule que le CAC 40 aura distribué cette année un peu plus de 50 milliards d’euros de dividendes, en hausse de plus de 20% sur l’année précédente. Les critiques se déchaînent, calculant avec l’Observatoire des multinationales (qui ne les aime pas beaucoup) que cette somme aurait pu permettre d’investir et d’embaucher en France, profitant de la flat tax à 30% introduite par Emmanuel Macron, des taux bas de la BCE et du « quoi qu’il en coûte » du même Macron. Mais ces critiques oublient que ces dividendes ont permis au CAC 40 de battre son record historique et que ceci a incité les résidents français à acheter en 2020 pour 10 milliards d’euros de titres contre 2 pour les non-résidents. Ce mouvement entretient la renationalisation de la bourse de Paris, en cours depuis sept ans de suite : fin 2020, les non-résidents en détiennent ainsi 39,9%, contre 47,8% en 2013.

Mais les dividendes n’enrichissent pas celui qui les touche : c’est un virement. Ce qui est le plus surprenant en effet, c’est que ces dividendes sont critiqués comme enrichissant ceux qui les perçoivent, alors que tel n’est pas plus le cas que lorsque vous allez au Distributeur Automatique de Billets retirer quelque argent de votre compte. Le dividende diminue la trésorerie de l’entreprise certes, donc l’appauvrit, mais vous, avez en billets, l’argent que vous aviez dans vos titres ! Alors, pourquoi vouloir des dividendes ? Parce que les dividendes d’aujourd’hui annoncent le profit de demain, donc les dividendes futurs, ce qui fidélise l’actionnaire. Avec les rachats d’actions, c’est une autre promesse, plus forte encore, que l’on trouve : dividendes et rachats concourent ainsi à former des « noyaux durs «  (comme disait Edouard Balladur) d’actionnaires résidents plus forts et stables, ce qui est meilleur pour l’entreprise qui sera plus en capacité d’investir et meilleur pour les salariés. Est-ce donc si mauvais, de distribuer des dividendes pour fidéliser des actionnaires dans des entreprises qui s’engagent à être plus puissantes ?

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SMIC trop maigre à1258 euros ! C’est le chiffre médiatique : « Pourriez-vous vivre avec 1258 euros par mois ? » demandent les médias aux politiques.D’où vient ce chiffre ? Du SMIC de 1589 euros bruts, bien connu, auquel il faut enlever 331 euros de charges sociales (maladie, vieillesse…), pour arriver à ces 1258 euros effectivement versés. Réponse des politiques au média : « non, je ne pourrai pas vivre avec 1258 euros », d’où les propositions d’augmentations. Heureusement, aucun journaliste ne poursuit : « mais alors, pouvez-vous vivre avec 1400 euros nets par mois, comme le proposent Anne Hidalgo ou Fabien Roussel ? ». Car ce serait avouer que la hausse du salaire ne répond pas au problème, qui est triple : le SMIC est un coût pour l’employeur, important pour son entreprise, un revenu pour l’employé, déterminant pour son existence et un transfert qui pèse sur « les autres », sans qu’ils le sachent, puisque ses propres charges patronales ont été très rabotées, donc « réparties ». Un transfert ? En effet, parce qu’il faut ajouter à ce salaire dit « brut » 45 euros de charges patronales. 45 euros seulement alors que ces charges sont en moyenne de 44,2% ! Un « gros cadeau » en amont donc, passé sous silence parce que payé par « les autres » : entreprises, autres salariés, État.

Donc, si on augmente le SMIC, qui paiera : « les autres » ou les clients, s’ils le veulent et s’ils ne trouvent pas mieux chez Amazon ? Ce serait bien de poser la question et, surtout, de remarquer que le vrai problème est ailleurs. Où ? Dans la montée des « dépenses pré-engagées » (loyer ou remboursement d’emprunt, assurances, téléphone, Internet…), à côté des autres, dites « discrétionnaires » (alimentation, transport, habillement, reste à charge de la santé, culture et loisir…). Pour les ménages « modestes hors pauvres », ces dépenses pré-engagées passent ainsi de 31 à 37% de leur dépense totale entre 2001 et 2017 ! Ce serait donc bon, au lieu d’augmenter le SMIC, ce qui fragilise les salariés moyennement formés dans des PME et surtout des TPE fragiles, de penser à construire plus, moins cher – pour dépenser moins, et à former mieux – pour pouvoir gagner plus dans une entreprise où la hausse du SMIC sera possible sans danger, pour l’entreprise et surtout pour l’emploi. Est-ce donc si mauvais, d’augmenter vraiment le pouvoir d’achat en diminuant le coût du logement et en augmentant les compétences ?

Un jour viendra où les programmes des candidats parleront de France forte dans une Europe Puissance, d’autonomie stratégique à accroître régulièrement par rapport à la Chine et à la Russie, aux États-Unis, à la Turquie et à l’Iran, de digitalisation des documentations publiques, mais après leur simplification, de formation généralisée et permanente aux nouvelles technologies, de temps de travail et d’exportations à accroître, d’âge de la retraite à repousser, de liens avec l’Afrique… Ce n’est pas encore, semble-t-il.

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