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Coup de tabac sur le pétrole
et les matières premières
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EDITORIAL

L'euro s'apprêtait à franchir sans vergogne la barre symbolique des 1,50 $ pour un euro, quand un mini krach a fait brutalement chuter le prix du pétrole, entrainant dans son sillage le dollar, le tout renforcé par l'annonce surprise de la BCE de ne pas augmenter ses taux directeurs en juin. Comme quoi, rien n'est écrit en économie.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Un véritable tsunami s’est abattu sur la planète financière, entrainant dans un maelstrom le pétrole, les matières premières et les principales monnaies. Le mouvement a été d’une grande brutalité, à la mesure de la spéculation irrationnelle qui s’était emparée des marchés. En vingt-quatre heures, l’or noir a perdu plus de dix pour cent de sa valeur, la plus forte baisse enregistrée depuis la guerre du Golfe il y a vingt ans. Le pétrole de la mer du Nord qui était monté jusqu’à 126 dollars retombait à 110 dollars le baril.

Certains esprits superstitieux voyaient dans le mini-krach une conséquence de la disparition de Ben Laden. Trois raisons objectives principales ont joué dans une conjoncture qui était prête à un retournement, en raison des excès commis.

La première réside dans les indicateurs économiques qui donnaient des signes d’essoufflement de la croissance, même dans les pays émergents. On notait une augmentation des stocks, un ralentissement de la demande et des commandes moins nombreuses à l’industrie, signe que l’inflation dans le monde grignotait la demande en freinant le pouvoir d’achat.  

La seconde est la décision prise par l’un des principaux gourous des marchés, la banque d’affaires Goldman Sachs de conseiller à ses clients de réduire leurs investissements dans les matières premières en prenant rapidement leurs bénéfices.

La troisième raison, qui a porté le coup de grâce est la déclaration surprise du président de la Banque européenne, Jean-Claude Trichet, de renoncer à relever les taux d’intérêt en juin dans la zone euro, en raison de la  mollesse du climat des affaires, alors que tous les professionnels de la finance s’y étaient préparés. Il en est résulté un mouvement immédiat de bascule sur l’euro, qui retombait à 1,45  face au dollar, alors que l’on s’attendait à le  voir bondir dans les jours qui viennent au-delà de 1,50.

Ce tohubohu va durer quelques jours. Certes, le dégonflement brutal de la spéculation ne peut que soulager les gouvernants car cette dernière jouait un rôle important dans l'inflation ambiante. Le mini krach auquel on assiste continue un avertissement dont le G20 devrait tirer la leçon. Rien  ne dit que la spéculation ne va pas relever la tête. Car l'on n'est toujours pas remis du choc de 2008 et les dangers d'une nouvelle crise sont toujours présents. Sur le fond, rien d'essentiel n'a été entrepris pour permettre aux marchés de retrouver une existence normale, en accompagnant  les transactions commerciales ordinaires, sans se déconnecter en permanence des réalités. Il  faudrait pour cela porter le fer sur la financiarisation à outrance à laquelle on assiste depuis plusieurs années, supprimer les produits artificiels qui ont été créés sur le mode des jeux video et qui ne visent qu'à réaliser des profits à court terme au détriment du bien-être des populations. Les remèdes sont connus, mais la volonté politique n'est pas au rendez-vous.

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