Etats-unis : Ces minorités qui se révoltent contre la politique d’accueil des migrants menée par les démocrates <!-- --> | Atlantico.fr
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Un groupe de migrants reçoit de la nourriture, le 12 janvier 2024 à Chicago, dans l'Illinois.
Un groupe de migrants reçoit de la nourriture, le 12 janvier 2024 à Chicago, dans l'Illinois.
©KAMIL KRZACZYNSKI / AFP

Crise migratoire

A Chicago, les résidents d’un quartier à majorité afro-américaine ont attaqué la mairie en posant cette question : « pourquoi accordez-vous à des nouveaux venus ce que nous réclamons depuis la fin de l’esclavage ? ».

Gérald Olivier

Gérald Olivier

Gérald Olivier est journaliste et  partage sa vie entre la France et les États-Unis. Titulaire d’un Master of Arts en Histoire américaine de l’Université de Californie, il a été le correspondant du groupe Valmonde sur la côte ouest dans les années 1990, avant de rentrer en France pour occuper le poste de rédacteur en chef au mensuel Le Spectacle du Monde. Il est aujourd'hui consultant en communications et médias et se consacre à son blog « France-Amérique »

Il est aussi chercheur associé à  l'IPSE, Institut Prospective et Sécurité en Europe.

Il est l'auteur de "Mitt Romney ou le renouveau du mythe américain", paru chez Picollec on Octobre 2012 et "Cover Up, l'Amérique, le Clan Biden et l'Etat profond" aux éditions Konfident.

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Atlantico : A Chicago, les résidents d’un quartier à majorité Afro-américaine ont attaqué la mairie en s’opposant à la politique d’accueil de migrants. Quelles sont les racines de cette crise ? La situation est-elle aussi alarmante dans d’autres grandes villes comme à New York ?

Gérald Olivier : Les racines de cette crise remontent à plusieurs années. Depuis que l'administration Biden est arrivée au pouvoir, la frontière Sud du pays attire plus de réfugiés. Il y a toujours eu un problème d'immigration clandestine aux Etats-Unis. Les migrants passent par la frontière du Texas, par la frontière de l'Arizona avec le Mexique, parfois en provenance d'autres pays que le Mexique, des pays d'Amérique centrale et d'Amérique latine. Des personnes qui veulent entrer illégalement aux Etats-Unis prennent des avions ou des bateaux jusqu'en Amérique centrale, puis remontent à pied vers les Etats-Unis. Il y a toujours eu un problème d'immigration clandestine à la frontière mexicaine. Ce problème était sous contrôle du temps de l'administration Trump grâce à une série de mesures assez strictes. Très souvent, cette immigration passe par le biais de demandes de réfugiés politiques. Trump avait imposé que toute demande d'asile politique soit formulée depuis l'extérieur des Etats-Unis et non pas à l'intérieur. Cette politique en particulier a été supprimée par l'administration Biden, qui a laissé savoir que, désormais, les contrôles seraient beaucoup plus souples à la frontière. Depuis trois ans, on assiste à un afflux sans précédent de migrants, parmi lesquels il y a un certain nombre de criminels. Il y a eu près de 10 millions d'entrées, 3 millions par an. Ces chiffres n'ont jamais été aussi alarmants qu'aujourd'hui. Et le Texas ou l'Arizona d'ailleurs, étant dans l'incapacité de gérer la masse de ces personnes et étant abandonnés par le gouvernement fédéral quant aux moyens de stopper cette immigration, les autorités du Texas ont décidé, lorsque des migrants étaient interpellés à la frontière, de les transporter jusqu'à des villes sanctuaires.

Un certain nombre de municipalités, en général des municipalités de gauche, gérées par des mairies démocrates, se sont déclarées villes sanctuaires. Dans ces villes, les clandestins, les gens qui sont illégalement sur le pays, ne seront pas poursuivis. Au contraire, ils pourront avoir un travail, avoir des papiers, obtenir une couverture médicale. Le gouverneur du Texas a décidé de prendre ces villes sanctuaires au mot en disant puisque vous êtes disposé à accepter des migrants et que le gouvernement fédéral laisse entrer ces migrants, nous allons les transporter chez vous.

Depuis un peu plus de deux ans, des bus arrivent à New York, à Chicago, à San Francisco, à Minneapolis et dans d'autres endroits. La quantité de migrants est telle que ces villes sont totalement dans l'incapacité de gérer l’afflux de ces migrants.

Le cas de Chicago n’est donc pas isolé. A New York, la mairie a décidé de supprimer une journée d'école. Les étudiants n'ont pas pu se rendre à l'école parce qu'elle était occupée par des migrants. Les étudiants new yorkais ont été privés d'école pendant que les migrants étaient mis à l'abri.

Ces municipalités sont dans l'incapacité réelle de gérer le flux de migrants. Cela met en colère les résidents de ces villes qui payent des impôts et ne bénéficient pas toujours des services sociaux auxquels ont droit les clandestins. Cela crée des tensions.

Ces plaintes des minorités sont-elles le signe que les politiques des démocrates sont dépassées et n’ont plus le même impact au sein des minorités ? Cela pourrait-il changer les rapports de force politiques et les liens des démocrates avec certains mouvements comme Black Lives Matter, notamment en vue de la campagne électorale ?

Black Lives Matter est un mouvement révolutionnaire et radical de l'extrême gauche. Ce mouvement continuera d'exister. Mais cela pose des problèmes avec une partie de l'électorat de certaines minorités, l'électorat hispanique notamment et les afro-américains.

Les démocrates sont dépassés par les conséquences de leurs propres politiques. La frontière est très perméable au regard de l’idéologie très permissive du pouvoir et de l’administration.

Le Rio Grande est la seule frontière physique qui sépare le Texas du Mexique. Cette frontière est très facile à franchir. La politique des démocrates a créé un appel d'air massif. Les migrants savent qu'il est facile d’entrer aux États-Unis et qu'ils seront pris en charge, protégés et qu’ils pourront avoir une nouvelle vie. Avec ce flot considérable de réfugiés, l'administration est aujourd’hui totalement dépassée.

La demande des résidents d’un quartier à majorité Afro-américaine, « pourquoi accordez-vous à des nouveaux venus ce que nous réclamons depuis la fin de l’esclavage ? », ne souligne-t-elle pas les fractures de la société américaine liées à son histoire ?

Cette demande et cette revendication expriment un sentiment de trahison de la part de cette communauté. La communauté noire, en partie depuis le passage de la loi sur les droits civiques dans les années 1960, soutient majoritairement les démocrates.

La loi sur les droits civiques a résolu un certain nombre de questions, d'un point de vue purement légal, notamment concernant le droit de vote.

Mais tout l'assistanat économique apporté par l'administration à la communauté noire n'a absolument pas résolu le problème de la pauvreté. Au contraire, cela a institutionnalisé d'une certaine façon cette pauvreté parce qu'elle permet à des gens de survivre, jamais de vivre.

Au sein de cette communauté, des mouvements radicaux sont très actifs comme Black Lives Matter.

Il y a également, au sein des minorités, une part de plus en plus grandissante qui songe à se détourner du parti démocrate au profit des républicains.

Il est possible qu'avec l'élection à venir en novembre, Donald Trump, le candidat du parti républicain, récolte une plus forte proportion du vote noir qu'aucun prédécesseur républicain depuis les années 1960.

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