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Et si le Grand débat durait jusqu’en 2022 (hi hi hi) ?
©PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP

Vision d’avenir

Un sondage accablant dit que seulement 6 % des Français croient au succès du Grand débat. C’est pourquoi il est urgent qu’il se prolonge le plus possible.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Letizia Bonaparte, la mère de Napoléon, s’émerveillait tous les jours que son fils soit devenu Empereur. Un tel miracle la laissait incrédule. Et elle répétait sans cesse : « Pourvu que ça dure ». La phrase est restée célèbre.

Macron l’a faite sienne. Et il répète comme Letizia Bonaparte, l’accent corse en moins : « Pourvu que ça dure ». Oui, il veut que le Grand débat ne finisse jamais, qu’il dure toujours. Car dans ce débat il frétille comme un poisson dans l’eau.

L’exercice comble son narcissisme. Des millions de Français le voient pendant des heures en direct à la télévision. Il s’adresse à ce miroir complaisant : « Miroir, miroir, dis-moi qui est le plus beau ? ». Et le miroir lui répond : « C’est toi. »

C’est très profitable pour son ego jamais entièrement comblé. Mais l’essentiel est ailleurs. Tant que ce débat se poursuit, Macron est dispensé d’annoncer des mesures, de prendre des décisions.

Quelles décisions d’ailleurs ? À l’évidence Macron ne sait pas très bien. C’est pourquoi il faut que ça dure. Richard Ferrand, le président de l’Assemblée nationale, a mangé le morceau : « À prendre des décisions trop rapides, on risque de passer à côté des bonnes décisions ».

Tant qu’à faire autant ne pas prendre de décisions du tout : ainsi on parviendra au nirvana du risque zéro. Pour que ça dure, donc, il faut que le Grand débat crève son plafond de verre. Les élus, les maires, c’est fait. Les députés et les sénateurs, c’est fait. Les collégiens et les lycéens, c’est fait.

Restent encore des possibilités inexplorées. Un Grand débat spécial banlieues. Un Grand débat tout entier consacré aux écoles primaires et maternelles. Et même nos 30 millions d’amis qui pousseront des ouah-ouah de bonheur en écoutant le Président.

Pourquoi Macron n’irait-il pas faire un tour de France des maisons de retraite à la rencontre des centaines de milliers de seniors qu’il a scandaleusement délaissés ? Et les chasseurs ? Et les pêcheurs ? Et les binationaux ?

D’après les sondages, les Français n’attendent pas grand-chose du Grand débat. Ils savent qu’on leur proposera quelques misérables sparadraps alors que c’est d’une opération chirurgicale dont la France a besoin. A priori donc ils ne seront ni surpris ni déçus qu’il ne sorte rien du Grand débat. Mais ça les confortera juste dans l’idée que Macron est un beau parleur et un illusionniste.

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