Et maintenant les hommes : la chirurgie esthétique masculine décolle<!-- --> | Atlantico.fr
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Le chirurgien plasticien Dr Michael Somenek examine le visage de son patient qui a subi un lifting du bas du visage et du cou, une chirurgie des paupières supérieures et inférieures et un resurfaçage au laser dans une clinique à Washington.
Le chirurgien plasticien Dr Michael Somenek examine le visage de son patient qui a subi un lifting du bas du visage et du cou, une chirurgie des paupières supérieures et inférieures et un resurfaçage au laser dans une clinique à Washington.
©AGNES BUN / AFP

Tendance de fond

La chirurgie esthétique n'est plus l'apanage des femmes. Avec l'influence des réseaux sociaux, la demande de la part des hommes explose.

Xavier Lachiver

Xavier Lachiver

Le Dr Xavier Lachiver est chirurgien de la face et du cou à Neuilly-sur-Seine. Le Dr Xavier Lachiver est ancien interne et ancien Chef de Clinique des Hôpitaux de Paris.

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David  Picovski

David Picovski

David Picovski est chirurgien plastique et esthétique à Paris, qualifié par l’Ordre des Médecins. Plus d'informations sur son site Internet : http://docteur-picovski.com/

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Atlantico : De plus en plus d’hommes souhaitent avoir recours à des actes chirurgicaux pour paraître plus masculins ou pour masculiniser leur visage. En quoi consistent ces opérations et comment expliquer ce phénomène ?  Ces opérations sont-elles anodines ? Y a-t-il des risques éventuels ? S’adressent-elles à tous les types de patients ?

Xavier Lachiver : Cela est lié en réalité à des questionnements sur l’identité de genre. Chacun essaye de s’affirmer dans son genre, soit son genre de naissance, soit celui pour lequel il a opté. La problématique de genre est de plus en plus prégnante. Des hommes cis veulent s’affirmer en tant qu’homme. D’autres aiment manier l’ambiguïté. Cela se voit également au niveau des mannequins, le genre est parfois peu affirmé.

Il y a donc une demande de soins esthétiques pour paraître plus masculin ou pour paraître plus jeune.

Cela va de la simple injection en cabinet qui est relativement anodine jusqu’à la chirurgie qui est plus intrusive. Il peut y avoir des injections d’acide hyaluronique au niveau des angles de la mâchoire ou du nez. Ou alors cela peut être du Botox en médecine esthétique. Certains patients ont aussi recours à des interventions chirurgicales sur le nez afin d’avoir un nez un peu plus masculin, un peu plus bossu, avec une pointe qui tombe ou alors sur les angles de mâchoires pour avoir des angles qui soient plus marqués comme le retrait des boules de Bichat pour augmenter l’effet creusé sous les pommettes. Cela va permettre d’avoir des traits un peu plus anguleux.

David Picovski : Certains hommes ont recours à des corrections de gynécomastie au niveau de la poitrine. Cela permet de corriger l’adipo-gynécomastie avec une lipo-aspiration pour traiter la composante graisseuse et une incision cachée dans le pigment de l’aréole pour le retrait de la glande, qui chez l’homme n’a aucune fonction. Les excédents de glande et de graisse sont ainsi définitivement retirés pour avoir une poitrine véritablement masculine et pour ne pas conserver d’hypertrophie qui ressemble à des seins de femmes. Beaucoup d’endocrinologues m’envoient leurs patients lorsqu’ aucune cause hormonale n’a été décelée et lorsque le poids se situe dans des proportions convenables. Il y a aussi beaucoup de lipoaspirations sur l’abdomen et les flancs pour être plus mince et afin de faire disparaître l’embonpoint.  

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Comment les médias sociaux révolutionnent la chirurgie esthétique

De nombreux hommes ont généralement recours à la chirurgie esthétique afin de « corriger » une disgrâce, sans nécessairement vouloir etre plus masculin, comme la correction des oreilles décollées (otoplastie) ou la rhinoplastie corrigeant la plupart du temps une bosse sur le nez trop voyante. 

Avec l’âge, les hommes ont aussi recours à des soins esthétiques au niveau du visage. Cela va concerner des opérations au niveau des paupières (blépharoplastie) ou du visage (lifting cervico-facial).

Certaines opérations vont permettre d’avoir l’air plus musclé. L' « abdominal etching », l'intervention chirurgicale qui dessine les reliefs musculaires abdominaux et permet d'obtenir un ventre « athlétique ». Les excédents graisseux sont retirés. Ils sont redessinés pour renforcer le contour et le relief des muscles abdominaux

Comment expliquer ce mécanisme. S’observe-t-il principalement dans les pays anglo-saxons ou le phénomène prend-il de plus en plus d’ampleur aussi en France ?

Xavier Lachiver : Ce phénomène prend de plus en plus d’ampleur dans les pays qui pratiquent la chirurgie et la médecine esthétique. Les pays anglo-saxons et l’Asie sont particulièrement concernés. La Corée du Sud est notamment une des championnes de la chirurgie esthétique. C’est aussi le cas en France.  

Une grande partie des demandes en soins esthétiques dans ces pays concerne une demande d’affirmation de genre.  

David Picovski : Cela est lié à l’influence des réseaux sociaux, au bouche à oreille, à la facilité des opérations et des soins esthétiques qui se déroulent pour la plupart en ambulatoire. Les hommes ont de plus en plus recours aux soins esthétiques. Cela est lié à un phénomène de mode et à l’efficacité des traitements et des soins prodigués.

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Mais pourquoi avons-nous tant de mal à ressentir notre âge réel ?

Cet engouement est lié à un phénomène de mode amplifié par les réseaux sociaux. 

Beaucoup de médecins et d’endocrinologues m’envoient leurs patients. Par le passé, j’avais 90 – 95 % de femmes. Maintenant, nous avons 20 à 25 % d’hommes parmi nos patients. 

Ce phénomène va en s’amplifiant. Les hommes qui ont un certain âge sont aussi de plus en plus séduits par la chirurgie esthétique pour paraître plus jeunes. 

Ces demandes de la part des patients se sont-elles intensifiées depuis la fin de la crise du Covid ? La pression s’intensifie-t-elle dans notre société pour avoir « un corps parfait » ?

Xavier Lachiver : Cela n’a pas forcément de lien direct avec la pandémie de Covid-19, le confinement et la fin des restrictions sanitaires. Cela a en revanche un lien direct avec l’évolution de la société. L’image, réelle ou virtuelle, devient de plus en plus prégnante. Notre propre image devient de plus en plus importante. Avant, on photographiait la Tour Eiffel. Maintenant, on se photographie en selfie devant la Tour Eiffel. Notre propre image est de plus en plus importante. La crise sanitaire et la pandémie de Covid-19 ont sans doute renforcé cette attitude-là. Cela conduit indirectement à la nécessité d’avoir une image bien marquée. Ceci est lié à l’évolution de la société. L’identité de genre est aussi de plus en plus importante. L’image que l’on peut renvoyer de soi-même à travers les réseaux sociaux prend de plus en plus d’importance. La demande en soins esthétiques et en opérations sur le visage augmente donc fortement dans ce contexte. 

David Picovski : Peu de mes patients viennent pour avoir un « corps parfait ». Ils viennent pour se débarrasser d’un embonpoint persistant, d’une poitrine trop féminine, pour paraitre plus jeunes et contrer les premiers signes de la sénescence. Ils ont recours à des soins esthétiques pour restaurer un corps masculin après avoir tenté plusieurs régimes. Mais ils ne sont pas dans la quête du corps parfait. 

La quête du corps parfait peut décevoir les patients à l’issue des soins ou des opérations.

Pour retrouver plus d'informations sur le sujet et sur le Dr Xavier Lachiver et le Dr David Picvoski : cliquez ICI et ICI

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