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En France, la consommation de biens alimentaires (hors tabac) s'est écroulée de 10 % entre décembre 2021 et juin 2023
En France, la consommation de biens alimentaires (hors tabac) s'est écroulée de 10 % entre décembre 2021 et juin 2023
©NICOLAS GUYONNET / HANS LUCAS / AFP

Sauvez-nous de Bercy

Au Brésil, un quart des prix obéit à des logiques étatiques, soit parce que l’augmentation des prix est définie par l’Etat, soit parce que l’Etat a des marges de manœuvre via des entreprises publiques.

Alexandre Lohmann

Alexandre Lohmann

Alexandre Lohmann est chef économiste dans un fonds d'investissement brésilien.

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Atlantico : Le débat sur l’encadrement des prix refait surface en France pour lutter contre la hausse de l’inflation. Sur X (ex-Twitter), vous expliquez que la division numéro 1 de l’inflation est celle entre les prix administrés et non administrés de l’Etat. Qu’est-ce que ça veut dire ?

Alexandre Lohmann :Au Brésil, on considère la division la plus étudiée dans l’indice d’inflation est celle entre les prix administrés et les prix libres. Les trois quarts des prix obéissent au Brésil à des logiques d’économie de marché (offre, demande, coût de matières premières, conflits entre le patronat et les salariés) et un quart des prix obéit à des logiques étatiques, soit parce que l’augmentation des prix est définie par l’Etat, soit parce que l’Etat a des marges de manœuvre. L’Etat peut alors freiner un peu la hausse des carburants via l’entreprise d’Etat Petrobras par exemple.

Que peut-on dire de la situation en France ?

Cette décomposition va devenir de plus en plus importante en France en 2024. Or elle reste peu considérée jusqu’ici. On a dans le cas français autour de 15% des prix qui sont décidés par l’Etat. Dans ces 15%, on a les prix de l’électricité, ensuite les prix du gaz, ou encore des consultations médicales. L’Etat a agi sur les prix de l’électricité et du gaz en les bloquant via le bouclier tarifaire. Or le problème est que cette action est très chère. Elle fragilise les finances publiques, donc l’Etat va être tenté dans un second temps d’augmenter ses tarifs à droite et à gauche pour réduire la dette qu’il a lui-même créée. 

En 2024, la France va connaître un débouclage du bouclier tarifaire sur l’énergie. Si on se fie au plan de supprimer le bouclier tarifaire sur l'énergie, le gouvernement parle de 37% de la facture d’électricité qui est prise en charge actuellement. Si on les retire, ça fait 58% d’augmentation de la facture. Provoquant une augmentation du taux d´inflation des prix administrés de l´ordre de 15%, sans compter les projets d´augmenter d´autres tarifs comme celui du reste à charge dans les consultations médicales. 

En somme, pour 2024, on devrait avoir une continuation de la baisse des prix libres parce qu'il y a une baisse de l’activité et les effets d´un resserrement (peut-être excessif) monétaire de la Banque Centrale. Dans le même temps, il y aura une explosion des prix administrés par l’Etat. 

Cela va créer une situation particulière et remettre en cause le narratif de la crise d´inflation. L’inflation en 2022 était guidée par le choc des matières premières puis en 2023 par les marges des entreprises. Or en 2024, ce sera l’inflation du gouvernement, créée par la hausse des taxes et des tarifs régulés par l’Etat. Mais c’est un scénario qui est à mettre au conditionnel puisqu’il y a les élections européennes en 2024, ce qui va inciter le gouvernement à calmer la situation. Le gouvernement va modérer les prix administrés avant les élections avant de les augmenter ensuite. 

Encadrer les prix est donc une fausse bonne idée ?

Administrer les prix n’est pas la meilleure solution puisque vous ne faites que retarder l’inévitable et prolonger la crise inflationniste. Comme l’Etat se met hors des clous budgétaires, il est davantage tenté d’augmenter ensuite les prix administrés et les taxes. 

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