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Des étudiants et leurs proches, le 16 juin 2003, sur le campus de l'école des Hautes Etudes Commerciales (HEC) à Jouy-en-Josas, pour assister à la cérémonie de remise des diplômes.
Des étudiants et leurs proches, le 16 juin 2003, sur le campus de l'école des Hautes Etudes Commerciales (HEC) à Jouy-en-Josas, pour assister à la cérémonie de remise des diplômes.
©PIERRE-FRANCK COLOMBIER / AFP

Excellence à la française

Selon la dernière évaluation annuelle du Financial Times, les écoles de commerce françaises, notamment HEC Paris, sont les meilleurs endroits du monde pour étudier dans le cadre d'un master en finance.

Sébastien Olléon

Sébastien Olléon

Sébastien Olléon, ancien élève d’HEC, a évolué pendant 20 ans dans le secteur financier avant de devenir consultant indépendant.

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Atlantico : Les écoles de commerce françaises, notamment HEC Paris, sont les meilleurs endroits pour étudier un master en finance dans le monde, selon la dernière évaluation annuelle du Financial Times. Comment expliquer ce classement et ces performances ? Sont-elles le signe d’une excellence à la française dans ce domaine ? Quel est le modèle d’HEC ? Quels sont ses atouts ?

Sébastien Olléon : Même si le poids donné à la rémunération crée des effets déformants - certains étant prêts à payer plus cher des compétences égales dans certaines parties du monde, comme le montre la première place en rémunération de Tsinghua University - la constance du classement d’HEC Paris confirme la force de son positionnement.

Celui-ci tient bien sûr à la qualité de la formation dispensée, qui est très académique, choix stratégique d’HEC depuis plusieurs années. Mais on constate qu’avec une population d’enseignants bien plus diverse, mélangeant académiques et practiciens, Skema tire également son épingle du jeu.

Plus largement, les écoles françaises bénéficient encore aujourd’hui du mouvement amorcé dans les années 80, avec l’avènement des produits financiers complexes américains importés en France par d’anciens élèves d’écoles d’ingénieurs que de commerce. Ces Français ont alors créé de véritables niches sur certains produits et classes d’actifs, avec des succès (les dérivés actions) mais également des échecs retentissants (les produits à sous-jacent de crédits « subprime » ayant généré de lourdes pertes). Ces niches ont été renforcées par les réseaux d’anciens : on tend dans la finance à recruter des gens de la même école, qui parlent français, car ceci renforce confiance et la confidentialité de certains « secrets de fabrication ».

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Quelles sont les meilleures écoles et universités pour réussir dans l’industrie de la finance en France ? Le niveau d’enseignement ou les débouchés et les atouts financiers sont-ils les seuls arguments pour convaincre ?

Deux grands types de profils de débutants sont recherchés. Les « sprinters », qui ont démontré leur capacité à travailler dur et sous stress, pour des métiers de vendeurs, de monteurs de dossiers, d’analystes pointus : les classes préparatoires et le recrutement sur concours favorisent ici les Français. Puis viennent les « marathoniens », qui acquièrent des compétences fondamentales approfondies en plusieurs années, au cours d’études de plus en plus sélectives, et se destinent à la modélisation, à la recherche quantitative : ici, les écoles d’ingénieurs et quelques universités françaises ont développé des cursus de référence mondiale.

Et soyons clairs : les rémunérations élevées et les perspectives de carrière restent des facteurs d’attractivité. Mais la finance « de vocation » cède peu à peu la place à la finance « d’accomplissement ». Comme la finance est au cœur de tout, les métiers financiers préparent bien à la prise de postes opérationnels ou stratégiques de haut niveau dans les entreprises. Et on commence également à voir se développer des activités financières aux finalités plus sociétales : conversion énergétique, investissement socialement responsable…

Enfin, il faut garder en tête qu’une école comme HEC participe activement, depuis de nombreuses années, à l’accroissement de la parité dans la finance. Avec des prises de postes emblématiques, comme récemment la nomination de Valérie Baudson à la tête d’Amundi, Asset manager leader en Europe, devant les anglo-saxons : encore un exemple de réussite de la finance « à la française » !

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Quelles sont les perspectives et les débouchés grâce à cette filière et ces études qui sont célébrées via le Financial Times ? Les diplômés sont-ils tentés de quitter la France ? Ces formations peuvent-elles entraîner une « fuite des cerveaux » ? La France est-elle insuffisamment attractive et pro-finance pour encourager ses meilleurs éléments à rester ?

Nous avons vu que les métiers de la finance ouvrent de très larges perspectives, particulièrement à une époque où les sources de financement et d’investissement se multiplient. Le tout dans un monde de plus en plus ouvert, où les jeunes professionnels peuvent travailler partout dans le monde.

Tout est alors une question de parcours personnel : si vous partez à l’étranger jeune célibataire, que vous fondez une famille dans votre pays d’expatriation, il est peu probable que vous reveniez. Mais après une période d’expatriation, si vos racines demeurent en France ou que vous y fondez votre foyer, nombre de facteurs – la protection sociale, la qualité des écoles citées précédemment, l’art de vivre, etc… - contrebalancent l’image d’Epinal de pays à « forte fiscalité et détestation des financiers ».

D’autres phénomènes plus globaux, du Brexit à l’élection de dirigeants populistes ou autoritaires, conditionnent également les choix des jeunes diplômés. De même que la régulation des activités par les autorités, exigeante dans tous les pays de l’OCDE. Le facteur différenciant est alors le degré d’encadrement des rémunérations, et marginalement la fiscalité.

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Car ce sont au final les entreprises qui sont attractives, bien plus que les pays : celles dont les fonctionnements sont les moins bureaucratiques, dont le management est moderne, où la progression de carrière est organisée, où on continue à apprendre et se développer, font la différence, où qu’elles se trouvent dans le monde.

Ce classement permet-il une forme de revanche et de relativisation face au classement de Shanghai sur les universités françaises ?

Partiellement, tant les critères d’appréciation sont différents. Mais surtout parce que les deux classements ne s’opposent pas : une institution financière a autant besoin de « matheux » que de négociateurs, de commerciaux, d’innovateurs. C’est la force de ce secteur. Il regroupe de compétences très variées, depuis toujours, car la finance ne se résume pas à l’argent : elle comprend l’économie, la recherche, la compréhension fine des marchés et des actifs, des échanges internationaux, des grands équilibres y compris diplomatiques.

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