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Et le Front national, il fait quoi pour nos SDF (de souche) ?
©Reuters

Charité bien ordonnée...

Le parti de Marine Le Pen aime la rhétorique. Dénonciatrice et incantatoire. Cela suffit à son bonheur.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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J’ai une amie qui habite le 15ème arrondissement. En bas de son immeuble, il y avait un SDF. Les gens passaient sans le voir. Elle lui donnait régulièrement un sandwich et une boisson chaude. Puis un jour qu’il faisait plus froid que d’habitude, elle a pensé qu’on ne pouvait plus le laisser dehors. Elle a donné de nombreux coup de fil pour qu'on vienne le recueillir. Sans succès. Ne s’avouant pas battue, elle a téléphoné en colère à la mairie de l’arrondissement : "Venez le chercher sinon comme je suis journaliste, les médias entendront parler de votre attitude !"

On est venu le chercher. Des comme lui, il y en a des milliers en France. Ils ont faim, ils ont froid. Pour la plupart, et pour reprendre une terminologie chère à l’extrême-droite, ils sont "de souche". Et qui s’occupe d’eux ? L’Etat, un peu et très mal. Des organismes et des associations comme le Samu Social, le Secours Populaire (proche des communistes), le Secours Catholique… Tous plus ou moins estampillés de gauche.

Mais là où on aime le plus le SDF, notre SDF à nous, c’est à l’extrême-droite, chez les identitaires, au Front national. Le SDF on l’aime gelé, affamé, et cet amour devient frénétique s’il lui arrive de mourir de froid. Car le SDF est utile. C’est lui, de ce côté-là du paysage politique français, qu’on invoque pour dénoncer l’argent distribué aux migrants et les centres d’accueils qui les hébergent. La rhétorique est connue : "tout pour les étrangers, rien pour les Français". Un discours marqué par l’obsession d’une préférence nationale qu’on oppose à la préférence immigrée.

Il est exact que l’Etat ne fait pas grand-chose pour nos SDF, ce qui ne veut pas dire qu’il en fait tant que ça pour les migrants. Evidemment, si tous les SDF "de souche" se réunissaient dans la jungle de Calais, ça changerait peut être les choses. Mais notre SDF à nous, bien de chez nous, est dépourvu de tout instinct grégaire. Et un homme seul (ou une femme seule), ça n’émeut guère les autorités.

Mais quand l’Etat est défaillant, c’est une obligation morale de se substituer à l’Etat. Et cette obligation morale incombe au premier chef à ceux qui des SDF Français ont fait un emblème et un drapeau. Le Front national, pour ne parler que de lui, est un grand parti. Le premier de France. Chez ses militants et sympathisants, il trouve des bras dévoués pour aller coller ses affiches. Pourquoi n’en trouve-t-il pas pour tendre la main à "nos" SDF tant aimés ? Pourquoi ne voit-on pas dans nos villes des escouades de frontistes et d’identitaires qui viendraient réchauffer les SDF transformés par eux en détails de propagande ?

Le Front national affirme être le parti des pauvres. Mais que fait-il pour les plus pauvres de ces pauvres ? Pour le savoir, allez sur les sites, fort nombreux, de la fachosphère. Vous verrez qu’on y bave à longueur de posts sur les migrants, vous apercevrez que, par opposition, le destin tragique du SDF "de souche" sera évoqué avec des sanglots fort bien imités. Et puis c’est tout. Car ça ne mange pas de pain et ça peut rapporter gros.

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