Erik Prince, un barbouze en col blanc inquiété par la justice américaine pour les activités troubles de sa société en Afrique<!-- --> | Atlantico.fr
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En 2010, alors que les scandales publics et les enquêtes gouvernementales s'accumulaient, Prince a commencé à vendre son empire Blackwater.
En 2010, alors que les scandales publics et les enquêtes gouvernementales s'accumulaient, Prince a commencé à vendre son empire Blackwater.
©Larry Downing / Reuters

Du riffiffi chez les barbouzes

Le fondateur de Blackwater, l'ancienne société privée de mercenaires a récidivé. Sous couvert de logistique en Afrique, sa nouvelle entreprise proposait des armes et des paramilitaires aux Libyens.

Le fondateur de la célèbre firme de mercenaires Blackwater - qui n'existe plus désormais - et actuel président de Frontier Services Group, une entreprise chargée de la logistique en Afrique de nombreuses multinationales chinoises, est sous le coup d'une enquête du ministère américain de la Justice et d'autres organismes fédéraux. On lui reproche d'avoir tenté de négocier des services militaires à des gouvernements étrangers avec, à la clé, un possible blanchiment d'argent.

Aidé par les services de renseignements chinois

Ce qui a commencé comme une enquête sur les tentatives d'Erik Prince de vendre des services de défense en Libye et dans d'autres pays d'Afrique s'est élargi : l'homme aurait également reçu l'aide des services de renseignements chinois pour ouvrir un compte bancaire pour ses opération en Libye, via la Banque de Chine. Le ministère de la Justice, qui a refusé de commenter ces informations selon le site The Intercept, cherche également à découvrir la nature exacte de la relation d'Erik Prince avec les services de renseignements chinois. Erik Prince, par l'intermédiaire de son avocat, Victoria Toensing, a dit qu'il n'a pas été informé d'une enquête fédérale et qu'il n'a pas offert des services de défense en Libye. Toensing a appelé ces allégations de blanchiment d'argent, « des conneries »...

Mais l'enquête de The Intercept semble bien bétonnée. Ils disent avoir interviewé plus d'une demi-douzaine des associés de d'Erik Prince, quatre anciens officiers des renseignements américain et d'autres sources proches du ministère de la Justice. Chacun d'entre eux a demandé l'anonymat pour évoquer ces questions parce qu'une enquête est en cours.

Erik Prince a cherché à recréer une opération dans le style Blackwater

En 2010, alors que les scandales publics et les enquêtes gouvernementales s'accumulaient, Prince a commencé à vendre son empire Blackwater. Mais en parallèle et en utilisant des véhicules neufs, il a continué à se livrer à son business de sécurité - très controversé – en menant des opérations en Somalie et aux Emirats Arabes Unis. Finalement, l'ancien Navy SEAL et auto-proclamé patriote américain a commencé à construire des liens d'affaires étroits avec des personnes influentes en relations avec le Parti communiste chinois. En Janvier 2014, Erik Prince est officiellement en affaires avec la plus grande société d'investissements appartenant au gouvernement chinois, Citic Group, et il fonde alors Frontier Services Group, basé à Hong Kong. Citic Group est le plus important investisseur de l'entreprise et deux des membres du conseil d'administration de FSG sont des ressortissants chinois.

Malgré sa mauvaise réputation, Erik Prince a pu recruter une belle fourchette d'anciens militaires et d'officiers des renseignements américains pour diriger l'entreprise, grâce à un financement douteux. Pour conserver ce personnel, Erick Prince a pris soin de cantonner FSG à la logistique, au transport des hommes et du matériel et aux évacuations éventuelles en cas d’urgence dans des zones de conflit, principalement en Afrique. Officiellement, aucune opération militaire au programme. Mais, Erik Prince vivait une double vie. Il a cherché à reconstruire secrètement son entreprise d'opérations spéciales en offrant des services paramilitaires, selon des documents examinés par The Intercept. Depuis 2014, Prince a voyagé dans au moins une demi-douzaine de pays pour offrir différentes versions d'une force militaire privée, rencontrant secrètement beaucoup de fonctionnaires africains. Et en Libye, il a lancé un plan pour déployer des groupes paramilitaires. Le PDG de FSG, Gregg Smith, un ancien marine américain décoré, réfute toutes ces affirmations.

Opération Lima en Libye

Erik Prince a offert aux Libyens un large éventail d'équipements et de services militaires : des véhicules armés, des hélicoptères, des bateaux et des avions de surveillance pour aider à stabiliser l'est du pays et endiguer le flot de migrants. Les forces terrestres étaient composées d'une troupe d'anciens commandos australiens d'opérations spéciales. Ces services proposés avaient pour nom de code : « Opération Lima ». Prince a raconté à ses collègues qu'il avait reçu l'approbation préliminaire d'un haut responsable libyen, mais qu'il avait besoin d'obtenir un soutien européen pour assouplir les restrictions sur l'argent libyen et les armes. En exploitant les craintes européennes d'un exode massif de migrants Erik Prince pensait qu'il pouvait obtenir un appui politique de l'Europe afin d'apporter une force étrangère en Libye. Mais à ce stade de l'opération, les autorités américaines avaient mis Erik Prince sur écoutes et savaient qu'il tentait d'ouvrir des comptes bancaires en Chine pour aider ses associés libyens. Toensing, l'avocat de Prince, a confirmé que son client avait réussi à ouvrir un compte auprès de la Banque de Chine.Toensing a également confirmé que Prince avait rencontré des responsables de la sécurité intérieure à Pékin, mais il a affirmé que c'était dans le cadre d'opérations d'évacuation médicale.

Il réside désormais à Abu Dhabi

En 2010, Erik Prince a donc vendu la plupart de sa participation dans les sociétés qui sont tombées à la suite du scandale Blackwater. Il a affirmé que les militants de gauche, les politiciens démocrates, et les poursuites judiciaires avaient détruit ses entreprises. Il a depuis quitté les États-Unis et est devenu un résident d'Abu Dhabi. Dans le cadre de leur accord avec le gouvernement américain, les entreprises d'Erik Prince ont finalement accepté de payer près de 50 millions de dollars d'amendes et à mettre en œuvre des procédures de conformité pour assurer que leurs activités illégales ne continuent pas.

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