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Comment je me suis fait lyncher pour avoir accepté la Légion d'honneur
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Tous contre un

Le journaliste Eric Brunet sera décoré de la Légion d'honneur cette année. Tollé général dans le petit milieu journalistique : comment peut-il accepter une telle récompense sans se soumettre au pouvoir ? Le principal intéressé répond, point par point.

Eric Brunet

Eric Brunet

Eric Brunet est l'auteur de l'Obsession gaulliste aux éditions Albin Michel (2017). Il présente Radio Brunet tous les jours sur RMC de 13 heures à 15 heures

Il a par ailleurs publié Etre de droite, un tabou français (Albin Michel, 2006) et Dans la tête d’un réac (Nil, 2010).

Voir la bio »

"Refuse la Légion d’honneur ! » Me crie la meute des journalistes. Depuis quelques jours, le Canard enchainé, le Point, le Grand journal de Canal+, Europe 1, et de nombreux autres médias affirment que Nicolas Sarkozy a voulu me remercier pour mon dernier livre (paru le 5 janvier 2012) en me faisant Chevalier de la Légion d'honneur. Insinuation malveillante et injuste.

Pourquoi une telle bronca alors que tant de personnalités célèbres du monde des médias ont la légion d’honneur ? Parmi les 800 promus au journal officiel, ce 1er janvier 2012, je suis le seul dont on conteste la légitimité. Est-ce parce que je viens de publier un livre qui dénonce le comportement suiviste et haineux de la presse à l'endroit de Nicolas Sarkozy : Pourquoi Sarko va gagner. Pour Jean Michel Apathie, et les éditocrates bien pensants, CQFD :  j'ai usurpé la légion d'honneur. Il ne saurait en être autrement…

Pourquoi mes détracteurs n’ont-ils pas pris la peine de m’interroger sur les motifs de cette récompense ? Car à 47 ans, ma vie ne commence pas avec ce livre.

En octobre 2010, le député UMP de l'Oise, Edouard Courtial, en accord avec le Ministère de la Culture, propose mon nom pour la légion d’honneur. Il souhaite récompenser ma contribution au rayonnement de la France à l’étranger. En effet, depuis quatre années j’anime Le plus grand musée du monde. Attention, ce n'est pas une émission comme les autres. Produite par le service public ( France 3 Ile de France), avec de tous petits moyens, elle est rediffusée chaque semaine sur la planète entière, via TV5 monde.

Ce programme de 26 minutes est aujourd’hui un véritable petit phénomène pour les communautés francophones du monde entier. Au fil des années, d'Afrique du Sud à la Norvège, du Chili aux Etats-Unis, il est devenu un petit bonbon que les amoureux de la France dégustent avec delectation. J'y raconte l'histoire de nos monuments, de façon vivante et peu académique (il m'arrive parfois de croiser dans les rues de Paris, des touristes étrangers qui me confessent que j'avais éveillé leur désir de France dans une émission sur le Grand palais, ou le jardin du Luxembourg…).

Voici plus d’un an, lorsque le député Edouard Courtial m'a demandé : "Accepteriez-vous que j'inscrive votre nom, j'ai dit oui, au nom de la petite équipe qui œuvre avec moi, sans moyens, depuis des années. Et aussi parce que la Légion d'honneur a un sens pour le passionné d'histoire que je suis."

Finalement, c'est en juin 2011, dix mois après la proposition d' Edouard Courtial, que je signerai mon contrat d'auteur avec l'éditeur Albin Michel,  pour un livre dont le titre de travail était alors : Lettre ouverte à ceux qui ne savent pas encore qu'ils vont revoter Sarkozy.

Je n'aurai pas la naïveté de prétendre que ma liberté de ton, dans un territoire occupé par les idées de gauche, n'a pas joué. Mais je le répète, cette Légion d’honneur n’est pas une récompense pour « bons et loyaux services ». Elle m'a été proposée bien avant ce projet de livre sur Sarkozy.

Que faire, aujourd'hui ? La refuser comme ces journalistes de gauche qui prennent des postures de rebelles ? Ce serait si facile.

Refuser les honneurs, c'est les accepter une seconde fois...

Je ne leur ferai pas ce plaisir. Ma petite résistance à moi, c'est l'accepter.

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