Environnement : l’utopie de la "neutralité carbone"<!-- --> | Atlantico.fr
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Des véhicules sur l'autoroute en direction du centre-ville de Los Angeles en avril 2021.
Des véhicules sur l'autoroute en direction du centre-ville de Los Angeles en avril 2021.
©MARIO TAMA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Bonnes feuilles

Christian Gerondeau publie « La religion écologiste. Climat, CO2, hydrogène : la réalité et la fiction » aux éditions de L’Artilleur. La température moyenne de la planète a augmenté d’environ 1°C depuis un siècle et demi. Selon le GIEC, la cause principale de cette hausse serait les émissions de CO d’origine humaine et, pour sauver notre terre d’une catastrophe imminente, il faudrait donc faire baisser nos émissions. Cessons de trembler et utilisons notre raison. Extrait 1/2.

Christian Gérondeau

Christian Gérondeau

Christian Gérondeau est polytechnicien et expert indépendant. Il travaille depuis plus de dix ans sur les questions environnementales.

Il est l'auteur du livre "Ecologie la fin" aux Editions du Toucan et "L'air est pur à Paris: mais personne ne le sait!" aux éditions de L'Artilleur.

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Lors du 5e anniversaire de « l’accord de Paris » de 2015, plus de la moitié des pays du monde, au premier rang desquels ceux de l’Union Européenne unanimes, prirent le plus étrange des engagements. En 2050, ils atteindraient la « neutralité carbone », et ce serait également là le but fixé à l’humanité entière.

À priori, le vocable est sympathique. À cette époque lointaine, la masse du CO2 atmosphérique cesserait de s’accroître puisque c’est elle qui véhicule l’atome de carbone en cause. Mais comment atteindre cet objectif louable dans l’esprit de ses promoteurs? Puisque personne ne suppose que l’humanité revienne à l’âge de pierre, il n’existe que deux méthodes envisageables.

La première suppose tout d’abord que l’humanité continue à avoir recours aux hydrocarbures fossiles, mais retire ensuite de l’atmosphère le CO2 émis lors de leur usage grâce à des «puits de CO2 » mentionnés depuis 30 ans dans tous les documents produits par le GIEC et les autres organismes émanant des Nations-Unies. Il n’y a qu’un problème : à l’exception de la végétation et des océans, de tels «puits» sont une vue de l’esprit. Ils n’existent pas et n’existeront jamais.

Dans le vocable onusien, les dispositifs correspondants, qui portent le nom de CCS (Carbon Capture and Storage), auraient pour but de capter le carbone, c’est-à-dire le CO2, puis de le stocker ensuite quelque part dans le sous-sol de la planète, ce qui se heurte à deux obstacles majeurs.

Tout d’abord le CO2 n’est présent qu’en quantités infimes dans l’atmosphère dont il constitue moins d’un demi millième, et il n’existe aucun moyen technique réaliste de l’en extraire. La captation souhaitée du CO2 n’est donc envisageable qu’à l’endroit même où il est produit, ce qui exclue évidemment toutes les sources mobiles – voitures, camions, bateaux, avions – que l’on voit mal être équipées de tuyaux de récupération de CO2…

Mais, même lorsqu’il s’agit de sources fixes, la récupération du CO2 est vouée à l’échec par sa complexité et le coût prohibitif qu’elle implique. Après plusieurs tentatives avortées au cours des décennies passées, l’expérimentation la plus en pointe à l’heure actuelle va prendre place en Norvège où elle répond au nom séduisant de Northern Lights (Aurore Boréale).

En voie d’être réalisé, le projet est pour le moins ambitieux. À la sortie d’une cimenterie d’une part, et d’une usine d’incinération d’ordures de l’autre, 800000 tonnes de CO2 seront captées et liquéfiées chaque année sur place, puis expédiées jusqu’à un terminal côtier où elles emprunteront un pipeline sous-marin pour être enfouies à 2600 mètres de profondeur dans un ancien gisement pétrolier situé dans le sous-sol de la mer du Nord. Cette simple description montre la difficulté de l’opération et explique son prix évalué sous toutes réserves à 150 dollars par tonne, hors même coûts de capture et de liquéfaction. Il faudrait donc dépenser de l’ordre 5000 milliards de dollars par an pour enfouir dans le sous-sol les 33 milliards de tonnes émises chaque année par l’humanité ! Et il faudrait plus de 40000 installations de cette nature, à supposer que ce soit techniquement possible, ce qui n’est clairement pas le cas.

Et qui paierait? Dans le cas du projet Northern Lights, c’est le gouvernement norvégien qui acquitte 80% de la facture pour se faire pardonner le fait qu’il continue à être par ailleurs l’un des plus grands émetteurs de CO2 du monde puisqu’il produit en masse chaque année du pétrole grâce auquel il s’est constitué une gigantesque réserve financière, son «fonds souverain». Mais ailleurs? Personne, bien évidemment.

Et on se demande pourquoi de grandes entreprises pétrolières, Total en l’occurrence, se sont lancées dans une opération qui aura pour résultat de faire croire à tous qu’il est possible d’exploiter du pétrole sans rejeter de CO2 et donc d’entretenir le mythe de «puits » imaginaires, au lieu de dire la vérité qui veut que le recours au pétrole soit indispensable et bénéfique à l’humanité et qu’il n’existe aucun moyen d’éviter les rejets de CO2 correspondants. C’est ainsi qu’est entretenu le mythe de la «neutralité carbone » par ceux-là même qui seront en permanence accusés de s’y opposer et de nuire à l’humanité. Comme le dit le proverbe : Il n’est de plus grande victoire que de faire croire à son adversaire tout le mal qu’on dit de lui.

Il est vrai qu’il y a une autre méthode d’extraction du CO2 de l’atmosphère liée à l’existence même de la vie sur terre. Cette dernière n’existe que grâce au phénomène de la photosynthèse qui, comme nous l’avons appris à l’école, capte sous l’influence du soleil le CO2 de l’atmosphère et l’associe à la vapeur d’eau (H2O) pour donner naissance à la végétation puis à l’ensemble des êtres vivants.

La photosynthèse explique pourquoi les relevés de la teneur en CO2 de l’atmosphère régulièrement effectués depuis plus de soixante ans montrent que l’on n’y retrouve pas la totalité des quantités produites lors de la combustion du pétrole, du charbon et du gaz naturel. Sur les 33 milliards de tonnes émises chaque année du fait de l’usage des hydrocarbures fossiles, seules 15 viennent accroître la masse du CO2 atmosphérique. Les 18 autres sont absorbées par les océans et par la végétation comme le confirment les photos de notre planète qui montrent que celle-ci est entrée dans une phase de verdissement accéléré, les déserts reculant face à la végétation contrairement aux idées reçues, ce qui n’empêche pas la masse du CO2 atmosphérique de continuer à s’accroître.

À la lecture des paragraphes qui précèdent, une question vient alors à l’esprit. Comment est-il possible que, depuis plus de trente ans, la communauté internationale fasse croire qu’il sera un jour possible par miracle de « capturer » le CO2, alors qu’il n’y a pas le moindre espoir d’y parvenir, si ce n’est pour entretenir un mythe infondé ?

Contrairement à ce qu’écrivent et répètent les sources officielles, il n’y a donc en définitive qu’une méthode pour atteindre la « neutralité carbone » en 2050, et c’est de cesser d’avoir tout recours à cette date au pétrole, au gaz naturel, et au charbon.

Mais on a vu que les constats de l’Agence Internationale de l’Énergie fondés sur la compilation des projets concrets des différents pays aboutissent à la conclusion inverse. Les énergies fossiles, qui répondent à l’heure actuelle à 80% des besoins énergétiques de l’humanité en représenteront en 2040 encore les trois quarts. Quel esprit censé pourrait-il imaginer que 10 ans plus tard, le pourcentage tombe à zéro ?

La «neutralité carbone » est donc une perspective utopique, qui a conduit nos voisins allemands sur une voie sans issue que nous emprunterons aussi si nous persistons à les suivre.

Extrait du livre de Christian Gerondeau, « La religion écologiste. Climat, CO2, hydrogène : la réalité et la fiction », publié aux éditions de L’Artilleur.

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