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Ensemble pour la France ! L'appel d'un collectif d'associations de quartiers populaires après l'affaire Théo
©Reuters

Tribune

Un collectif d'associations de banlieues demandent aux candidats de mettre tout en oeuvre pour que le "modèle français" d'intégration soit réactivé.

Dix jours après la brutale interpellation du jeune Theodore à Aulnay-sous-Bois, la banlieue gronde toujours et menace de s’embraser. Bien sûr, l’étincelle en fut la violence policière ici même où en 2012, Hollande nous exhortait à "avoir de grands rêves, de grandes ambitions et pousser les murs". Mais ces émeutes sont surtout révélatrices de l’échec patent de la politique de François Hollande et de son gouvernement en direction des habitants des quartiers populaires. Entre l’appel à lutter contre les violences policières signé par le petit monde intello-bobo et la promenade du président de la République vantant à Aubervilliers la "garantie jeune" le nouveau RMI jeune sauce hollandaise, nous, responsables associatifs et acteurs de la société civile, appelons et réclamons l’enracinement de la République, toute la République et rien que la République dans nos territoires de France afin que chaque Français devienne artisan d’un futur choisi plutôt que spectateur d’un avenir subi.

L’heure des choix approche. Dans 2 mois, nous serons tous appelés à voter pour élire le prochain président de la République. Tous, c'est-à-dire tous les citoyens, quel que soit l’endroit où ils vivent, quartiers chics ou quartiers chocs. Ces derniers, forts de 3.7 millions d’électeurs potentiels, viennent de s’inscrire massivement sur les listes électorales à la faveur des primaires de droite et de gauche. L’élection présidentielle de 2017 sera cruciale : les promesses non tenues de la gauche durant 5 ans ont fait d’énormes dégâts et les attentes, comme les défiances, sont considérables. 

La victoire de la gauche en 2012 fut pourtant porteuse d’un immense espoir, tant les promesses ont été foisonnantes pour des territoires doublement frappés par la crise économique et sociale qui a durement frappé la France et l’UE. 

On nous avait promis la fin des inégalités entre les territoires.  On nous avait promis le grand soir de la réussite scolaire, partout où la République peine à s’enraciner, pour tous les enfants, d’où qu’ils viennent et surtout pour les plus modestes d’entre eux. On nous avait juré qu’avec la gauche, tout serait différent. Las. 5 ans après, l’échec de ce quinquennat en direction des territoires en difficulté est cinglant : des inégalités aggravées à l’école, un taux de chômage des jeunes de plus de 42%, une concentration de la pauvreté  conjuguée à une insécurité croissante.

Depuis 5 ans, les socialistes au pouvoir nous ont placés sous perfusion d’un vil assistanat, pour soulager leur conscience, en nous enfermant dans un relativisme culturel indécent, en nous persuadant que nous pouvions nous émanciper en dehors de la laïcité, en remettant en cause l’égalité des sexes  et en refusant que des femmes s’attablent sur les mêmes terrasses de café que les hommes !

On a acté l’idée d’une société multiculturelle pour mieux nous assigner à une identité et à une adresse. Plutôt que de lutter contre la concentration des étrangers, on a préféré parler de lutte contre les discriminations, en nous noyant toujours plus dans une idéologie victimaire de l’exclusion. Le droit de vote des étrangers, énième promesse socialiste non tenue, fut un subterfuge de remplacement sans lendemain.

Plutôt que l’émancipation et l’autonomie, on a saccagé l’école avec la suppression des bourses au mérite, des internats d’excellence, des classes européennes… qui étaient pourtant autant de leviers permettant aux enfants des classes populaires de s’élever dans la société. Plutôt que d’enrayer les mécanismes de relégation et d’exclusion à l’œuvre dans notre pays, on a préféré nous endormir avec des allocations ou des emplois parkings pour accrocher un électorat considéré à tort comme définitivement acquis. 

Il y a 15 ans, la dynamique lancée par Jacques Chirac et poursuivie jusqu’en 2012 avait suscité de l’espoir dans nos quartiers, elle nous avait donné envie de bouger. Pour la première fois, on ne parlait plus d’assistanat, on ne se réfugiait plus dans cette victimisation qui nous a trop longtemps enfermés dans des postures figées.

Or, que nous propose-t-on aujourd’hui, à l’heure où les territoires périphériques des grandes métropoles sont aussi frappés de plein fouet par le chômage et l’exclusion ? Quand nous lisons les programmes des uns et des autres candidats, on nous ressort encore cette bonne vieille recette du docteur "toujours-plus-de-moyens" avec des ordonnances à rallonge, comme si ces territoires de la République n’en finissaient plus d’être malades, malades de leur diversité, malade de leur jeunesse ! A part perfuser nos quartiers, que nous propose-t-on vraiment ? Qui nous propose d’aller encore plus loin dans l’égalité des chances ?

Si nous, acteurs de terrain, avons pris la plume, c’est parce que nous sommes inquiets. Nous entendons ici et là, des propos sur l’identité qui nourrissent l’affrontement et qui rabaissent la République, alors que seuls le dialogue et l’échange peuvent être porteurs de progrès et d’émancipation. 

Demain, nous voterons pour celui qui offrira à la jeunesse désenchantée une vraie formation qui débouche sur un vrai emploi, celui qui réhabilitera la valeur travail, source d’émancipation, et la récompense au mérite pour semer partout l’espoir et la confiance.

Nous voterons pour celui dont la priorité sera de permettre à nos enfants de poursuivre leurs études dans de bonnes conditions, aux plus modestes d’entrer dans les plus grandes écoles et aux plus éloignés de l’emploi celle de se réinsérer professionnellement de manière durable.

Nous voterons pour celui qui nous convaincra que quelles que soient nos origines, nos vies, nos histoires ou nos opinions, nous sommes aussi la France et que nous nous inscrivons sans mal dans ses origines gréco-latine et judéo-chrétienne. 

Nous voterons pour celui qui renouera avec la France de nos parents, celle de la grandeur, celle du rêve Français, celle de l’envie d’entreprendre, de réussir et celle de la fierté de se dire Français lorsque l’on franchit les frontières.

Nous voterons pour celui qui nous donnera aussi le droit à la laïcité, cet outil de cohésion nationale et cette école de l’intelligence qui, comme disait Jean Rostand, "forme les esprits sans les conformer, les enrichit sans les endoctriner, les arme sans les enrôler…". Qui peut nous refuser aujourd’hui cette école de l’intelligence ?

Nous n’ignorons pas qu’en politique, c’est le mouvement qui importe le plus. L’action politique doit retrouver du sens et de l’ambition, pour créer une dynamique propice aux changements et faire de tous nos territoires des terres d’attractivité et de réussite.

"Quand les blés sont sous la grêle, fou qui fait le délicat, fou qui songe à ses querelles, au cœur du commun combat" disait Louis Aragon. Quand il y a le feu, posons-nous la question de ce que l’on peut faire ensemble, ici et maintenant, pour faire gagner la France.

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