Enfin une bonne nouvelle, le nouveau prix de l'électricité va sauver le nucléaire français, mais quelle usine à gaz<!-- --> | Atlantico.fr
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La France a enfin trouvé un juste équilibre qui rend service à EDF et qui permet de protéger le développement du nucléaire.
La France a enfin trouvé un juste équilibre qui rend service à EDF et qui permet de protéger le développement du nucléaire.
©PATRICK HERTZOG / AFP

Atlantico Business

Le ministre de l'Economie a enfin trouvé une solution pour permettre à la France de restaurer son indépendance énergétique grâce au nucléaire et de stabiliser les prix à long terme autour d'un coût moyen (70 euros). Mais si le consommateur est à l'abri des risques de crise, il va payer son courant électrique plus cher.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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En économie, il n'y a pas de miracles. Il n'y a au mieux que des solutions de compromis. La France a enfin trouvé un juste équilibre qui rend service à EDF, permet de protéger le développement du nucléaire et doit sans doute apporter une promesse de compétitivité aux entreprises, donc une meilleure attractivité pour les investisseurs étrangers.

Mais quand le consommateur va faire ses comptes, il va s'apercevoir que sa facture sera sans doute plus lourde que ce qu'elle était avant la guerre en Ukraine. C'est le revers de la médaille qui apporte la sécurité d'approvisionnement.

Le dispositif de régulation des prix de l'énergie et de l'électricité, présenté par Bruno Le Maire, n'a pas provoqué des cris d'orfraie dans les milieux économiques et sociaux. Bien joué. C'est le signe qu'il ne gêne pas trop les agents économiques et les acteurs des systèmes de production, à moins que ce soit le signe que personne n'ait rien compris au mécanisme présenté, ce qui est très possible parce que le mécanisme ressemble à une usine à gaz (sans jeu de mots).

Pour comprendre comment ça va marcher, retenons trois axes d'explication.

1er axe, le prix moyen (garanti ou presque) a été fixé à 70 euros le MWh d'électricité. C'est évidemment beaucoup plus cher qu'avant la guerre en Ukraine (30/40 euros), beaucoup moins que pendant le pic de la crise gazière en 2021/22, puisque à l'époque le prix a dépassé les 150 euros le MWh. Ce prix de 70 euros correspond au prix de production moyen de l'électricité en France calculé en fonction du coût de fonctionnement des centrales actuelles, du coût de leur entretien et normalement du coût de l'investissement du programme d'EPR prévu. Normalement, parce qu'on n'est à l'abri d'un glissement des prix compte tenu des accidents de chantiers et des retards. Flamanville coûtera au final plus de deux fois ce qui avait été prévu. Bref, ce coût de 70 euros permet à EDF de rester en équilibre et de se développer, ce qui est une bonne nouvelle pour le contribuable puisqu'il est désormais propriétaire à 100 % de cette entreprise publique qui peut ainsi redevenir championne du monde de l'énergie nucléaire.

2e axe, ce prix moyen est assorti d'un système de régulation qui doit, sur le long terme, s’équilibrer. D'une part, si le prix de marché de l'électricité baisse, EDF, qui va vendre à 70 euros, va se faire une cagnotte. D'autre part, si le prix de marché de l'électricité monte au-delà de 100 euros le MWh, EDF va dédommager le consommateur en puisant dans sa cagnotte pour qu'il puisse continuer à bénéficier du prix moyen. Entre 50 (prix plancher) et 100 (prix plafond), la mécanique va fonctionner par palier. Théoriquement, tout cela doit s'équilibrer.

3e axe : l'accord passé avec les Européens et le mode de régulation présenté par Bruno Le Maire doivent permettre de préserver les chances du nucléaire français. Puisque la France a obtenu des Allemands et de tous les autres pays de l'Europe du Nord qui s'y opposaient de considérer que le nucléaire est désormais un moyen de produire une énergie propre et décarbonée. Ce qui n'était pas le cas avant, puisque les mouvements écolos étaient vent debout contre cette reconnaissance. La guerre en Ukraine, la crise du gaz russe et les difficultés de produire de l'énergie naturelle à bas coût ont convaincu tout le monde que la seule énergie capable de respecter les engagements de décarbonation était de passer par le nucléaire. Ce qui permet d'intégrer dans le calcul des prix de l'électricité les coûts de production du nucléaire, d'où la possibilité de trouver les moyens de financer les programmes.

Qu'on le veuille ou non, le consommateur va être perdant sur le prix, mais par rapport à une situation qui n'était pas stable puisque le prix d'antan n'intégrait pas l'entretien des centrales et nécessitait les subventions de l'État.

En revanche, les entreprises qui vont pouvoir signer des accords à long terme y gagneront sans doute parce qu'elles pourront échapper aux fluctuations spéculatives à la hausse.

Pas simple, mais EDF est sauvé, le nucléaire français est rassuré, et les entreprises françaises ne seront pas pénalisées par rapport à leurs concurrentes allemandes, ce qui était le cas avant.

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