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Enfin un Musée de l'Esclavage à Paris ! Le CRAN en rêvait : Anne Hidalgo l'a fait
©CRAN

Il était un petit navire…

Un musée nous manquait et tout était dépeuplé. Cette insupportable injustice va être réparée.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Les musées foisonnent à Paris. Parmi les plus originaux citons le Musée d'Art et d'Histoire de l'Hôpital Sainte-Anne, le Musée du Fumeur, le Musée du Chocolat, le Musée de la Contrefaçon, le Musée des Eclairages Anciens, le Musée de la Chasse et de la Nature. Un autre musée va maintenant s'ajouter à cette riche et variée panoplie.

Il  a quelques jours à la télévision, Louis-Georges Tin, le patron du CRAN, a annoncé, ému et triomphant, que le (la?) maire de la capitale avait exaucé ses vœux : il y aura à Paris un Musée de l'Esclavage ! Et il rendra possible, selon ses propres termes, une "réconciliation" tant nécessaire. Si j'ai bien compris, M. Tin veut se réconcilier avec moi, moi dont les ancêtres ont fait tant de mal aux siens. Soit. Mais je ne suis pas bien sûr d'avoir envie de me réconcilier avec M. Tin.

Il a apporté d'intéressantes précisions sur ce que sera ce musée. L'immobilier à Paris étant hors de prix, il a suggéré, soucieux de nos deniers, de construire un bateau copie conforme des bateaux négriers qui transportaient leur malheureuse cargaison humaine vers les Antilles françaises. Dans cette embarcation qui sera à quai sur la Seine, on trouvera des chaînes, des instruments de torture, des dessins et des tableaux évoquant la période la plus noire -sans jeu de mots- de notre Histoire.

Ce musée sera mis à flot avant les JO de Paris de 2024. Sans doute pour que les centaines de milliers de visiteurs attendus à ce moment puissent le visiter, et se rendre compte des horreurs commises par nous, au lieu de s'entasser comme des bœufs dans les stades. C'est un avantage à considérer. Mais un bateau c'est quand même tout petit. Fait pour quelques visiteurs seulement. Comment dès lors pourra-t-on satisfaire la juste et réparatrice curiosité de centaines de milliers de Martiniquais, de Guadeloupéens, de Guyanais qui afflueront dans la capitale grâce à des charters low cost ou gratuits ?

Louis-Georges Tin a dû réfléchir à cette question hélas insoluble. Mais il a surmonté sa contrariété en annonçant que le bateau pourrait naviguer. En effet, ce genre d'objet ça flotte et ça avance… Le musée flottant, a-t-il précisé, pourra accoster dans les ports du Havre, de Nantes et de Bordeaux et ce pour parfaire l'éducation des populations locales.

Le patron du CRAN voit large. Très large. Mais nous voyons plus large encore. Car ce bateau, selon nous, doit répondre à l'appel du grand large. Il larguera ses amarres pour fendre les vagues de l'Atlantique et franchir le détroit de Gibraltar. Puis il longera les côtes de Mauritanie, du Maroc, de l'Algérie, de Tunisie.

C'est là que, pendant des siècles, des centaines et des centaines de milliers d'esclaves noirs ont souffert. Puis –pourquoi s'arrêter en si bon chemin ?- il mettra le cap vers la Libye, l'Egypte, la Syrie, et, après avoir passé le canal de Suez, se dirigera vers l'Arabie Saoudite et vers les émirats du Golfe. La bas les Noirs, capturés et martyrisés pendant les razzias arabes, ont été des millions.

Mais il semblerait que ce périple ne soit pas envisagé. En effet M. Tin a mis au point une boussole particulière qu'il confiera au capitaine du bateau. Son aiguille aimantée indique toujours une seule et même direction : la France ! Puisque c'est le thème de l'article, nous avons pensé que M. Tin mérite, lui aussi, une place dans un musée. Il n'est pas assez célèbre pour le Musée Grévin. Le Musée du Chocolat, ce serait raciste. Reste le Musée d'Art et d'Histoire de l'Hôpital Sainte-Anne. 

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