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Emmanuel Macron, la droite et le centre-droit : vu de chez les électeurs, là où ça passe, là où grince, là où ça coince
©ERIC FEFERBERG / AFP

Ira, ira pas

Emmanuel Macron est un keynésien. Il entend relancer l’économie avec un plan de 50 milliards d’euros à l’ancienne quand il faut au préalable libéraliser l’économie.

Chantal Delsol

Chantal Delsol

Chantal Delsol est journaliste, philosophe,  écrivain, et historienne des idées politiques.

 

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Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Concernant ses propositions économiques :

Philippe Crevel : Emmanuel Macron est un keynésien. Il entend relancer l’économie avec un plan de 50 milliards d’euros à l’ancienne quand il faut au préalable libéraliser l’économie.

Emmanuel Macron ne diminue pas les impôts. Il joue au bonneteau. Il supprime 80 % de la taxe d’habitation à charge de l’Etat de compenser ou aux collectivités de trouver de nouvelles recettes. Sur l’épargne, il prévoit un accroissement de la taxation de l’assurance-vie. Pour l’SF, il entend favoriser les titres financiers au détriment des propriétaires or, l’immobilier représente les deux tiers du patrimoine des Français. Avec Emmanuel Macro, les prélèvements obligatoires ne baisseront pas. Les économies prévues dans son programme sont évaluées selon l’équipe du candidat à 60 milliards d’euros mais à 35 selon l’IFRAP. Elles ne permettent pas de replacer la France dans la moyenne de l’Union européenne en ce qui concerne les dépenses publiques.

Emmanuel Macron s’inscrit dans le prolongement de la gestion précédente : peu d’économies et surtout pas explicitées, un peu de saupoudrage pour les baisses de charges et de vagues promesses de rationalisation qui se transforment en étatisation rampante (assurance-chômage, unification des régimes de retraite).

Son programme économique reste au milieu de gué. Il ne choisit pas entre le choc d’offre et la poursuite de la politique au fil de l’eau de ces dernières années. Il transforme le CICE en exonération des charges sociales ce qui n’est pas en soi une révolution.

Il refuse de reporter l’âge de départ à la retraite à 65 ans ; or ce recul est nécessaire pour maintenir le futur pouvoir d’achat des retraités, pour arrêter d’alourdir le coût du travail (François Hollande a augmenté les cotisations retraites chaque année de son mandat) et pour financer la dépendance (le nombre de personnes dépendantes devrait doubler d’ici 2030).

Concernant ses propositions sociales et régaliennes :

Chantal Delsol : Emmanuel Macron est-il de droite ? 

Si l’électeur de droite est un libéral-conservateur, on peut dire que Macron serait à droite par son côté libéral, et à gauche par son côté libertaire – du point de vue « sociétal ». Au fond il est un libéral-libertaire. Il attire une partie des électeurs de gauche en raison de son libertarisme sociétal, et une partie des électeurs de droite pour son positionnement économique et social. 

En réalité, le candidat d’En Marche ! a réussi grâce à sa bonne tête juvénile, à attirer tous les contraires de cette France en désarroi. On peut dire que ses soutiens ressemblent à ces gens déboussolés par la vie qui se pressent à la porte d’un gourou. D’ailleurs, on voit bien qu’au cours de ses meetings, Macron se prend pour un prophète.

Mais le plus intéressant dans tout cela est le succès de ce « ni droite-ni gauche », de cette idée, souvent défendue, selon laquelle le clivage droite-gauche est un clivage dépassé. Il me semble que l’antinomie entre la droite et la gauche prend des formes différentes à chaque époque, et pourtant traverse les époques, en tout cas dans un pays occidental, c’est à dire libre. Pourquoi ? Parce que cette antinomie partage en réalité les conservateurs et les progressistes, ceux qui posent des limites et ceux qui les franchissent, ceux qui s’appuient sur l’expérience du temps et ceux qui veulent toujours du nouveau. Le jour où ce débat aura cessé, il n’y aura tout simplement plus de « politique » au sens du débat démocratique. Le candidat Macron, en dépit de ses dénégations, s’est installé lui aussi dans ce débat : en défendant des thèses libérales-libertaires, il se situe du côté des mondialistes contre les localistes (n’a-t-il pas affirmé qu’il n’y avait pas de culture française, mais des cultures en France ?), du côté de l’universel contre les particularités. Et ce caractère mondialiste le situe à gauche, mais d’une gauche modernisée, évidemment pas de cette gauche ensoviétisée qui a disparu partout sauf en France, sous les traits de Mélanchon et de plusieurs autres candidats. 

Vous demandez si un électeur de droite peut voter pour Macron. Mais aucun électeur ayant des idées politiques réfléchies et cohérentes, qu’elles soient de droite ou de gauche, ne peut voter pour lui. Car il est un produit typique de la politique-spectacle qui détruit à petit feu la démocratie : nanti d’un discours sans convictions sinon celle de se faire élire, et n’ayant d’autre souci que d’être absolument à la mode – le pur extrait du politiquement correct (il suffit de voir son incroyable succès auprès des médias, qui le couvrent de gloire). J’avais parié que Macron allait s’affaisser comme une baudruche et je me suis apparemment trompée : une démagogie flamboyante paye encore, aujourd’hui comme hier.

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