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Emmanuel Macron s'adresse à ses sympathisants après les premiers résultats du premier tour de l'élection présidentielle française, le 10 avril 2022.
Emmanuel Macron s'adresse à ses sympathisants après les premiers résultats du premier tour de l'élection présidentielle française, le 10 avril 2022.
©LUDOVIC MARIN / AFP

Dans la douleur

« Rien n’est joué », a martelé avec raison Emmanuel Macron, après être arrivé en tête avec 27 ,6 % des voix au soir du premier tour de l’élection présidentielle, face à Marine Le Pen qui totalise 23,41% des suffrages. Quinze jours c’est long, tout peut arriver d’ici le 24 avril…Cependant, dès dimanche soir, les instituts de sondage voyaient Emmanuel Macron l’emporter au second tour, - sauf crash électoral, avec 51% des voix d’après l’IFOP, 52% des voix, d’après l’institut Elabe, voire 54% pour IPSOS et Opinion Way. L’ «après» promet d’être compliqué, voire douloureux …

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Dimanche soir, après l’annonce des résultats, il y a eu les mots : « Dans ce moment décisif pour l'avenir de notre nation, plus rien ne doit être comme avant », a clamé le président-candidat devant ses partisans, avant de tendre la main « à tous ceux qui veulent travailler pour la France », et d’inviter « solennellement nos concitoyens, quelles que soient leurs sensibilités, et quels qu'aient été leurs choix au premier tour, à nous rejoindre ». Emmanuel Macron se dit « prêt à inventer quelque chose de nouveau pour rassembler les convictions et les sensibilités diverses afin de bâtir avec eux une action commune au service de notre nation ». Il l’assure « Vous pouvez compter sur moi pour porter notre projet ! », car « Votre confiance m’honore, m’oblige, m’engage».

Vaste programme, mais engagé pour quels actes ? Emmanuel Macron va devoir frapper fort dès sa réélection acquise, et montrer qu’il est réellement « prêt à inventer quelque chose de nouveau » . Ce sera d’autant moins facile qu’il sera dans un premier temps, celui ou souvent tout se joue, prisonnier du calendrier électoral : les Français devront à nouveau se rendre aux urnes les 12 et 19 juin prochains pour élire leurs députés. D’après ses proches, le président de la République  avait renoncé à l’idée de dissoudre l’assemblée élue en 2017, (- envisagée pour permettre au Parlement de se mettre rapidement au travail), en raison du  tollé soulevé par le projet ébruité. Réélu, il lui faudra nommer un premier Ministre. Une même personnalité pour endosser le costume de chef de campagne et d’exécutant des réformes promises par le président candidat, à commencer par celle des retraites ? L’équation semble bien difficile. Elle semble d’autant plus difficile qu’étriquée ou large, la victoire suscitera d’intenses frustrations auprès de ceux qui auront vu la qualification ou la victoire passer tout près et qui portent les revendications de pouvoir d’achat, de sécurité, de lits d’hôpitaux et de soignants, d’écologie,  de démocratie participative, et qui ne lui laisseront aucun répit. Autrement les réformes structurelles devront être accompagnées de mesures conjoncturelles, - forcément coûteuses et génératrices de déficits.    

En 2017, Emmanuel Macron avait surpris en appelant Edouard Philippe, député maire LR du Havre à Matignon. Il avait porté le premier coup de boutoir au parti de la Droite et du Centre, qui s’est divisé et n’a pas su se renouveler depuis. Au fil du quinquennat des personnalités LR comme Christian Estrosi, Renaud Muselier, Hubert Falco, Jean-Pierre Raffarin ont rejoint Emmanuel Macron, individuellement ou sous la houlette d’Edouard Philippe, devenu chef de parti à l’ancienne qui négocie sa place dans la future majorité. Hier c’est Jean-Luc Mélenchon qui est arrivé en tête dans la ville de l’ancien Premier Ministre, tout comme à Tourcoing, la ville du Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Avec l’échec cuisant de Valérie Pécresse au premier tour, le parti LR est en voie d’explosion, et menacé de disparition,  à moins de trouver celui qui saura faire renaitre la droite républicaine de ses cendres…A l’instar de Jacques Chirac qui avait dès 1976, transformé la vieille UDR en RPR. Considéré comme un homme de gauche par la Droite, alors qu’il n’est que pragmatique, Emmanuel Macron avait porté une violente estocade au Parti Socialiste. Le PS de François Mitterrand et de François Hollande n’a pas su se renouveler ; le score d’Anne Hidalgo en est l’illustration. Le PS est en fin de cycle, supplanté par la radicalité des  Insoumis de Jean-Luc Mélenchon . Le candidat a déclaré que « Pas une voix ne doit aller à Marine Le Pen ». Ses électeurs ne l’entendent pas tous de cette oreille. Dimanche soir Emmanuel Macron a déclaré vouloir « une France fidèle à l’humanisme, à l’esprit des Lumières, au souffle de 1789 » . S’il n’y prend garde, il risque d’avoir 1789 sans les lumières…

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