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Emmanuel Macron devra revoir sa copie s’il veut sortir du casse-tête chinois des Gilets jaunes
©LUDOVIC MARIN / AFP

Atlantico Business

Entre l’émotion suscitée par l’incendie de Notre-Dame, l’attente des Gilets jaunes, la violence des black blocs et la préparation des élections européennes, Emmanuel Macron se retrouve dans une situation assez inextricable.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Inextricable. Le désastre de la cathédrale de Paris et l’émotion suscitée auraient pu lui faire gagner du temps dans la reprise en main de la gouvernance française. En réalité, tous ces évènements ont encore un peu plus brouillé les cartes. Ces évènements tragiques ont servi de révélateur à une nouvelle ridiculisation des opposants au régime. L‘ampleur des dons financiers a braqué une partie des Français engagés dans le mouvement des Gilets jaunes et notamment ceux qui n’ont plus d’autres revendications que de s’attaquer aux institutions. 

Emmanuel Macron doit cette semaine sortir d’un véritable casse-tête chinois : il doit tout à la fois répondre aux Gilets jaunes de la première heure, éradiquer la violence de ceux qui n’ambitionnent plus que détruire la république, lancer la campagne pour les Européennes et remettre le pays sur les rails. 

Avant l'incendie de la cathédrale, il pensait sans doute qu‘une série de mesures techniques portant sur le pouvoir d’achat, les impôts et le temps de travail, décorée de quelques réformes symboliques comme la suppression de l’ENA, suffiraient. Les réactions qui se sont multipliées lui ont montré clairement que ça ne suffirait pas, bien au contraire. 

Le président de la République doit donc revoir sa copie avec trois objectifs très simples désormais.

D’abord, faire cesser les violences. Les Français des centre-villes et les commerçants  sont exaspérés par le spectacle hebdomadaire des affrontements. La haine grandissante à l’encontre des forces de l’ordre n‘est plus supportable. Les slogans lors du dernierweek end, invitant les policiers à se suicider, étaient abjects. Quoi qu’on en dise, il va falloir rappeler que la France reste un Etat de droit, démocratique, et ne pas hésiter à protéger ce privilège quoi qu'il en coute. 

Ensuite, il faudra évidemment répondre aux revendications immédiates, afin de soulager les difficultés que rencontrent certaines catégories de Français, sans pour autant insulter l’avenir en payant tout à crédit comme trop souvent.

Enfin, il faudra aussi relancer le débat européen qui constitue la seule issue possible aux difficultés et aux risques du populisme qui se développe un peu partout.

La réponse d’Emmanuel Macron de jeudi prochain, tant attendue devrait se dérouler sur trois plans. 

Le premier sera très convenu, puisqu’il doit se composer des mesures techniques de soutien au pouvoir d’achat, à la baisse d’impôt dont la plupart ont déjà fuité depuis la semaine dernière. La plupart ont été accueillies dans l'indifférence ou presque. C’est dire combien il lui faudra soigner la présentation et la mise en perspective. La difficulté de l’exercice tient au fait que la majorité des revendications auxquelles il doit répondre correspond à des intérêts individuels, et la somme de ces intérêts individuels ne forme pas l’intérêt général. Ils sont même assez contradictoires. Il faut donc trouver une cohérence à tout cela. 

Le deuxième plan doit structurer et présenter cette cohérence. Et cette cohérence passe par un rappel pédagogique de la stratégie de politique fondé sur le diagnostic de départ : le manque de compétitivité du système économique français. Emmanuel Macron peut amender sa trajectoire, mais il ne peut pas lui tourner le dos. Ce pays a besoin de renforcer son potentiel d’innovation et de production industrielle, pour augmenter ses marges de manœuvre. Actuellement, il importe beaucoup plus qu’il n‘exporte, nous sommes donc dépendants de l’extérieur quant à nos approvisionnements. Actuellement, l’Etat et l’administration dépensent beaucoup plus que ce que représentent les impôts et taxes, ce qui nous rend dépendants des créanciers étrangers. 

La stratégie est donc de retrouver son indépendance économique et financière et donc sa souveraineté.

Le troisième plan porte évidemment sur la perspective européenne. Quelle Europe, avec qui et pourquoi faire ? L’affaiblissement de l’Allemagne crée une situation nouvelle. Elle nous ouvre l’opportunité d’inventer un nouveau leadership, mais l’affaiblissement de l’Allemagne nous crée de nouvelles obligations ou contraintes. Si l’Allemagne décroche de sa ligne stratégique parce que son industrie est fragilisée, l’Allemagne va aussi retirer la garantie financière qu‘elle apportait au système européen et qui valait à l’euro des taux d’intérêt extrêmement bas. Il va falloir se battre dans des conditions plus normales. 

C’est cette normalité qu’il va falloir inventer. L‘Allemagne ne sera plus le bouc émissaire de service pour nous exonérer de faire des efforts de redressement. 

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