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Elisabeth Borne a présenté la feuille de route du gouvernement pour les 100 prochains jours lors de la journée du mercredi 26 avril.
Elisabeth Borne a présenté la feuille de route du gouvernement pour les 100 prochains jours lors de la journée du mercredi 26 avril.
©BERTRAND GUAY / AFP

Feuille de route

En présentant sa feuille de route, la Première ministre a pris en compte les contraintes que lui impose l’absence de majorité, pas forcément ce que le président lui-même avait affiché comme priorités lors de ses dernières interventions.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Le 17 avril dernier, Emmanuel Macron a donné cent jours à la première ministre et au gouvernement pour mettre en place une série de mesures dans les domaines du Travail, de la Justice et de l’Education afin que la France retrouve un « climat apaisé » mis à mal par la séquence de la réforme des retraites. Moins de dix jours plus tard, Elisabeth Borne a suivi la consigne en présentant « les priorités pour une France plus indépendante et plus juste » un plan d’action gouvernemental divisé en quatre chapitres très denses. Aux trois thèmes énoncés par le Chef de l’Etat, Elisabeth Borne a ajouté sa propre touche, la transition écologique qu’elle veut « accélérer et amplifier ». Mais elle marque aussi clairement sa différence en écartant l’examen d’une loi « immigration », faute de majorité pour voter le texte. 

A l’instar de Rome ne s’est pas faite en un jour, Elisabeth Borne sait bien qu’il est impossible de tout boucler en 100 jours, cela relèverait du miracle. Entre préconisations technocratiques, telles que « bâtir de nouveaux progrès » et des mesures concrètes, visibles, palpables telles que le coup de pouce au SMIC, une loi « plein emploi, la première Ministre se projette au-delà du 14 juillet, voire jusqu’à début 2024 : elle détaille « les chantiers à trois mois» et les « chantiers de la rentrée », prolongeant ainsi de fait l’échéance des 100 jours préconisée par Emmanuel Macron. Car on ne recrute pas 6000 assistants médicaux supplémentaires en trois mois ; il est impossible de faire voter une loi d’orientation agricole, une loi « industrie verte pour décarboner et offrir des alternatives accessibles à la voiture thermique », une loi pour « sécuriser le numérique, mesures anti-arnaques » dans ces délais. D’autant qu’il lui faudra trouver des majorités de circonstance pour faire passer chaque texte… Pour retrouver « l’apaisement » post réforme des retraites, la priorité d’Elisabeth Borne est le retour des syndicats à la table des négociations, et l’amélioration du pouvoir d’achat avec, notamment l’adoption d’une loi pour « une plus juste distribution des richesses produites par les entreprises », c’est-à-dire, l’obligation pour toutes les entreprises de partager les bénéfices avec les salariés. C’est la participation ; elle existe depuis de Gaulle. Emmanuel Macron veut la rendre obligatoire pour toutes les entreprises… Pour cela il faut une loi, adoptée à la majorité… Pour obtenir ces majorités à l’Assemblée, la première ministre a évoqué l’appoint des députés appartenant à « l’arc républicain », excluant ainsi le Rassemblement National et les Insoumis. Elle espère les voix d’une partie du PS, des Indépendants de Liberté et Territoires, et des Républicains au gré des projets. En revanche, Elisabeth Borne a compris que les Républicains ne lui feront aucun cadeau sur la question de l’immigration. Cette question est devenue trop sensible, au sein même de leur parti. Le Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin croyait avoir gagné la partie auprès d’Emmanuel Macron qui avait promis une loi le 17 avril dernier… Mais les Républicains rejettent la proposition de régularisation des immigrés qui ont un emploi, craignant que cette mesure provoque un appel d’air… Mission impossible donc, en l’état actuel. D’autant que la question de l’immigration n’est pas de nature à créer de « l’apaisement » dans le pays. Le président du Sénat Gérard Larcher a beau dire que les Républicains sont « prêts à réengager le débat ». En réalité le maintien du statu quo arrange ceux qui reprochent son laxisme au gouvernement et les partisans d’Emmanuel Macron qui peuvent, à l’instar d’Olivier Véran, s’en prendre au « mur des contradictions des Républicains ». La question qui se pose maintenant est de savoir si, une fois ce sujet brûlant mis de côté, la Première Ministre parviendra, comme elle s’y engage, à faire adopter toute la série de « mesures concrètes », susceptibles de faire retomber les tensions dans le pays. Même si elle est moins « techno » qu’on le prétend, tout à ses dossiers, elle ne pratique pas la « câlinothérapie » avec les députés de son propre parti qui savent se montrer rétifs sur certains dossiers… Au sein de son propre gouvernement, il y a des candidats à sa succession… En attendant les cent jours,  ou plus, elle « fait le job » , à sa façon.

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