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Elisabeth Borne a prononcé son discours de politique générale le mercredi 6 juillet.
Elisabeth Borne a prononcé son discours de politique générale le mercredi 6 juillet.
©BERTRAND GUAY / AFP

Discours de politique générale

Lors de son discours de politique générale, Elisabeth Borne a appelé les oppositions "à bâtir ensemble" des compromis.

Emeric  Guisset

Emeric Guisset

Emeric Guisset est secrétaire général adjoint du think-tank Le Millénaire.

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Marion Pariset

Marion Pariset

Secrétaire générale du think-tank Le Millénaire, spécialisée en politiques publiques et portant un projet gaulliste et réformateur au service de la grandeur de la France

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Avec son discours de politique générale, la Première ministre Elisabeth Borne confirme aujourd’hui le choix d’Emmanuel Macron de recourir à une négociation texte par texte avec les groupes d’opposition mais sans changer de cap. Après la recomposition du gouvernement la semaine dernière, ce nouveau discours clôt la tentative de constitution d’une coalition et ouvre une nouvelle période d’incertitude pour le gouvernement. Du succès de cette stratégie dépendra le besoin ou non de recourir, dans quelques mois, à une dissolution.

Entre bilan et programme, la définition d’un cap

Respectant la répartition traditionnelle des rôles entre Président et Premier ministre, Elisabeth Borne a axé son discours autour des problématiques principalement nationales, n’abordant qu’à la marge et en dernier les enjeux de la place de la France dans le monde. Sur les sujets traitant principalement de la politique nationale, Elisabeth Borne s’est attelée à définir des axes programmatiques et un cap en faisant le bilan des actions qui avaient déjà été menées. La composition de l’Assemblée nationale, imposant de construire des majorités plus larges que le seul groupe Renaissance, a imposé à la Première Ministre un discours ne contenant finalement très peu de propositions concrètes.

Entre le pouvoir d’achat, les enjeux climatiques et l’égalité des chances, peu de surprise dans ce discours très technocratique qui liste méticuleusement bon nombre d’actions en balayant tous les domaines et mêlant valorisation du bilan du précédent quinquennat et pistes pour ce nouveau mandat. Parmi les axes de réforme proposés par Elisabeth Borne, nous retrouvons le souhait d’un nouvel acte de décentralisation accompagné du retour du conseiller territorial, et le besoin de réformer notre modèle social et en particulier le système des retraites. Conformément à l’idée de dépasser les clivages et de porter un message au-delà des députés du groupe Renaissance, Elisabeth Borne s’est risquée au « en même temps » en rappelant la nécessité de revenir sous la barre des 3% de déficit et en revendiquant une forme de radicalité pour « apporter des réponses radicales aux enjeux climatiques ».

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Enfin, la Première Ministre a insisté sur l’impératif de continuer à faire fonctionner la promesse Républicaine. Celle d’une République de l’égalité des chances, qui semble tenir particulièrement à cœur à Elisabeth Borne, pour qui la promesse républicaine doit se retrouver dans toutes les étapes de la vie : petite enfance, éducation, culture, santé, mais aussi sécurité.

Un appel à la convergence dans un contexte inédit

Alors que la Première ministre a fait le choix de ne pas solliciter la confiance de l’Assemblée nationale, une première en 29 années, sa prestation a été accueilli vivement par les nouveaux députés, en particulier de la NUPES. Pourtant si elle n’a pas demandé la confiance, Elisabeth Borne a bien appelé à un impératif de convergence. En mentionnant les présidents de groupes parlementaires par le leitmotiv « Monsieur le Président/Madame la Présidente X, nous l’avons évoqué ensemble », Elisabeth Borne a tenté coûte que coûte de souligner les points de convergence entre le camp présidentiel et ses opposants, au cas par cas. Par son évidence, cette figure de style n’est pas passée inaperçue et provoqué des réactions vives de cet auditoire non acquis au président.

En outre, la Première ministre s’est attelée à tenter de convaincre que le gouvernement avait compris l’avertissement donné par les Français avec les résultats des législatives. Débat de fond, disponibilité pour entendre les propositions de chacun, construction de consensus… La méthode Borne vise ainsi à dépasser les clivages partisans pour bâtir des « majorités d’idées » en insistant sur le fait que les axes de travail étaient loin d’être « ficelés » et que leur mise en œuvre pourrait être enrichie. Au-delà des partis, le recours accru à la consultation et la concertation des élus locaux, des partenaires sociaux et des acteurs de terrain est avancé en écho au Conseil national de la refondation annoncé quelques semaines plus tôt par le Président de la République.

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Toutefois, cette main tendue tous azimuts ne dépasse pas toutes les digues. La LFI et le RN sont soigneusement laissés de côté lorsqu’il s’agit de mentionner des convergences. Sans le nommer explicitement, Elisabeth Borne va même jusqu’à adresser un tacle discret mais précis à l’encontre du parti de Jean-Luc Mélenchon avec l’exclamation « Honte à ceux qui s’attaquent à nos forces de l’ordre, honte à ceux qui tentent de dresser les Français contre ceux qui les protègent ! ». Pas de surprise, Emmanuel Macron confirme sa définition du périmètre politique acceptable pour des alliances politiques, « l’arc républicains ».

Cette tentative de faire oublier le risque de paralysie gouvernementale en mettant l’accent sur les possibles terrains d’entente échoue à cacher la fébrilité de la cheffe du gouvernement. Finalement, cette préoccupation émerge sur la fin du discours de politique générale : « l’heure n’est pas à nous compter, mais à nous parler ». Elisabeth Borne sait que le risque d’un blocage au Parlement, rendant la France ingouvernable, est une épée de Damoclès sur sa place à Matignon.

Marion Pariset, Secrétaire générale du Millénaire, think-tank gaulliste spécialisé en politiques publiques

Emeric Guisset, Secrétaire général adjoint du Millénaire        

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