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De Jean-Paul II à Benoit XVI : 
le “star power” est-il nécessaire 
pour que le pape ait 
une influence à l’international ?
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Benoit XVI Superstar

Le Pape est attendu à Cuba ce mardi. Bien plus que sa personnalité, il semblerait que ce qui séduit le plus les catholiques soit son discours...

Patrice  de Plunkett

Patrice de Plunkett

Patrice de Plunkett journaliste depuis 1972. En 1978, il participe à la création du Figaro Magazine, dont il est rédacteur en chef culture, puis directeur de la rédaction et éditorialiste (1990-1997). Auteur (depuis 1997) de livres-enquêtes sur les phénomènes de société d'aujourd'hui. Chrétien depuis 1985, il est membre de la revue de prospective catholique Kephas et de l'ordre du Saint Sépulcre de Jérusalem (aide aux chrétiens de Terre Sainte). 

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Comparer la « présence en scène » de Benoît XVI à celle de Jean-Paul II serait passer à côté du sujet. Rien n'y incite, d'ailleurs. Dans leurs voyages successifs, le volume des foules est le même. Leur impact politico-social aussi est le même : à peu près nul – mise à part l'unique exemple de l'affaire polonaise des années 1980 : mais le « bloc de l'Est » se fissurait déjà, l'emprise du pape Wojtyla sur ses compatriotes était un cas unique, et souvenons-nous de la suite !

À partir de 1990, Jean-Paul II fait pivoter son canon de l'Est vers l'Ouest et tire sur le « matérialisme mercantile occidental» : il critique le capitalisme libéral, comme l'avaient fait avant lui les grands « papes sociaux », Léon XIII, Pie XI... Alors nos médias (qui encensaient Jean-Paul II tant qu'il tirait sur Moscou), se mettent à le huer : ce pape devient un odieux « conservateur », on lui cherche querelle sur le préservatif bien qu'il n'en dise pas un mot, etc. On finira par conspuer jusqu'à sa souffrance physique – assumée par lui en public comme un témoignage de foi.

Face au bloc de l'Ouest qui (loin de se fissurer) entrait dans les années du rodéo ultralibéral, le star power de Jean-Paul II se révéla politiquement impuissant. Il ne parvint même pas à se faire comprendre de la bourgeoisie libérale catholique française : elle adula « JipiTwo », cher Oncle universel de Nos Familles, sans accorder la moindre importance à son message économique et social... qui n'allait pas vraiment dans le sens du MEDEF.

Le conformisme politico-économique est une montagne. Pour soulever les montagnes, il faut la foi : non la religiosité mondaine, mais la foi incandescente. Or c'est de ça – l'Evangile incandescent – que Jean-Paul II parlait le plus souvent dans ses voyages. Et c'est aussi de ça que parle son successeur Benoît XVI. C'est ça que viennent écouter les foules mexicaines ou celles des JMJ : et c'est ce qui explique que le fluet Benoît XVI attire autant de monde que le spectaculaire Jean-Paul II. Même durant la splendeur de JP2 superstar, nos médias répétaient : « les jeunes apprécient le chanteur mais pas la chanson ». Ils se trompaient. En voici la preuve par les foules : c'est la chanson qui attire, quel que soit l'homme en blanc qui la chante.

La logique de l'Eglise catholique est spéciale. Ce qu'elle prône pour la société (la politique, l'économie et même l'écologie : Jean-Paul II et Benoît XVI, papes « verts » !) serait une révolution, mais c'est aux laïcs de la faire, et ils ne la feront que s'ils ont une foi surnaturelle. Le spirituel et le temporel sont distincts mais indissociables, comme le président des évêques français le disait encore ce lundi matin à ses collègues... L'Eglise n'a plus de « pouvoir » sociétal, et c'est ce qui pouvait lui arriver de mieux dans une société où les choix de la conscience individuelle sont les seules références admises. En se débarrassant de toute prétention au pouvoir, elle remet au jour l'Evangile, qui est un explosif.

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