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Baisse de la production industrielle et du commerce mondiaux : un ralentissement global se précise
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Chacun pour soi

Une analyse économique conduite par PMI / Markit révèle, pour ce mois de juin, un net ralentissement de l'activité mondiale (production industrielle et commerce). Chaque pays se doit désormais de retrouver davantage d'autonomie dans sa croissance, les pays émergents ne jouant plus le rôle de locomotive.

Philippe Waechter

Philippe Waechter

Philippe Waechter est directeur des études économiques chez Natixis Asset Management.

Ses thèmes de prédilection sont l'analyse du cycle économique, le comportement des banques centrales, l'emploi, et le marché des changes et des flux internationaux de capitaux.

Il est l'auteur de "Subprime, la faillite mondiale ? Cette crise financière qui va changer votre vie(Editions Alphée, 2008).

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Les signaux perçus à travers les enquêtes menées au mois de juin suggèrent un net ralentissement de l'activité mondiale. Jusqu'à présent l'accent était mis sur la zone Euro, le Royaume Uni et la Chine. Pour ces 3 pays ou zone, les indicateurs signalaient une dynamique en repli. On observait ce phénomène aussi à travers des chiffres médiocres de production industrielle ou d'emplois.

La donne s'est dégradée de façon supplémentaire en juin. L'indicateur mondial issu de l'enquête Markit suggère que l'activité du secteur manufacturier s'est contractée. La différence avec le chiffre de mai est le repli très violent de l'indicateur américain. Jusqu'à présent la contribution des Etats-Unis était positive et source de stabilité pour l'activité mondiale. C'est le facteur américain qui a fait basculer l'indicateur global en territoire négatif.

On notera que l'indicateur relatif aux pays BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) a une contribution neutre en juin. Ce n'est plus, et depuis un moment, une source d'accélération de l'activité mondiale.

Cela se perçoit sur un autre indicateur qui est celui du commerce mondial. En raison de cette inflexion dans les pays émergents, et notamment en Chine, la dynamique du commerce mondial s'est infléchie de façon significative. De la sorte, ce n'est plus une source d'impulsion, de dynamique commune comme cela était le cas par le passé. Pour fixer les idées, sa progression annuelle à fin avril était de 2.6 % alors qu'en temps "normal" sa progression est comprise entre 5 et 10 %.

(Cliquer pour agrandir l'image)

Cette situation sans dynamique commune se traduit par la nécessité d'une croissance plus autonome ce qui est difficile pour les pays développés qui n'ont, en moyenne, pas retrouvé un niveau d'activité comparable avec celui constaté avant la crise.

Ce manque de dynamique intrinsèque et un commerce mondial peu dynamique se traduisent par une évolution préoccupante des commandes aux entreprises.

Pour la zone euro, les Etats-Unis ou encore la Chine, les indices des nouvelles commandes, celles qui sont arrivées durant le mois de juin, montrent une contraction significative, notamment sur la partie liée aux exportations.

Cela signifie qu'à court terme, l'activité va continuer d'évoluer sur un rythme très lent voire à se contracter pour certaines régions comme la zone Euro.

En fait ce que traduisent les indicateurs récents de conjoncture est une dynamique qui s'essouffle un peu partout:

Soit parce que les ressorts habituels de l'activité ne fonctionnent pas bien. C'est le cas de nombreux pays européens notamment l'Allemagne dont la dynamique est très liée au commerce mondial, ou la France pour laquelle la dynamique de consommation est médiocre depuis 2007 alors que c'était le cœur du mécanisme de croissance auparavant. C'est le cas des Etats-Unis où les contraintes d'endettement et la faible progression de l'emploi ne permettent pas de desserrer durablement la contrainte budgétaire des ménages. Ils ne peuvent plus consommer au même rythme qu'avant la crise.

Soit, et c'est le cas des pays émergents, parce qu'il y a eu un programme de relance très fort et très ambitieux en 2009 et 2010. Les excès de la relance se paient aujourd'hui. On l'observe notamment en Chine. L'ambitieux programme de 2009 était basé sur l'investissement. Celui ci a été excessif et l'économie chinoise se retrouve face à une situation de surinvestissement. Cela nécessite un ajustement des capacités de production et la liquidation d'un certain nombre de biens immobiliers. Cela limite ainsi le soutien du gouvernement chinois à la croissance car il ne peut pas inciter à investir davantage.

La conséquence de cette situation est l'obligation pour chaque pays ou région de retrouver davantage d'autonomie dans sa croissance. C'est une situation nouvelle, plus personne à court terme au moins, n'est entraîné par un mouvement global vers le haut. Plus personne ne joue le rôle de locomotive.

Cet essoufflement global a clairement été perçu par les banques centrales qui, notamment dans les pays développés, ont mis en place des stratégies très accommodantes. Les pays émergents commencent aussi à assouplir leur stratégie. De toute façon l'absence de tensions sur l'activité ne provoquera pas de risque majeur sur l'inflation surtout en observant le mouvement sur les matières premières.

A cette question sur l'autonomie de la croissance et sur la nécessité de trouver en son sein les ressources pour améliorer la dynamique de l'activité et de l'emploi, les européens ont décidé de mettre en place des stratégies d'austérité. Bien sûr qu'il faut être attentif à l'évolution des finances publiques, mais est il nécessaire de se précipiter pour réduire les déficits publics?

Le risque est d'étendre à l'ensemble de l'Europe les constats faits en Espagne, en Italie, au Royaume Uni, au Portugal ou encore en Grèce sur l'impact des mesures restrictives sur l'activité et l'emploi ? Ces pays sont en récession et leur niveau d'emploi se dégrade.

Cette problématique sera celle de la deuxième partie de l'année 2012.

Pour l'économie mondiale, ce qu'il faut souhaiter aujourd'hui est que le choc négatif sur l'économie américaine n'aura été que transitoire et que très vite cette économie permettra de stabiliser l'économie mondiale.

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