Droitisation ou pas, la stratégie de campagne de Nicolas Sarkozy est-elle efficace ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Droitisation ou pas, la stratégie de campagne de Nicolas Sarkozy est-elle efficace ?
©

Réservoir électoral

A la veille du discours de Villepinte, la stratégie de "droitisation" portée par le candidat Nicolas Sarkozy divise au sein même de son équipe de campagne. Et si elle se révélait efficace ?

Jérôme Sainte-Marie

Jérôme Sainte-Marie

Jérôme Sainte-Marie est président de la société d'enquête et de conseils PollingVox.

 

Voir la bio »

Atlantico : Beaucoup de commentateurs ont évoqué une « droitisation » du discours de Nicolas Sarkozy à l’occasion de cette campagne présidentielle de 2012. Quels sont ses effets sur l’opinion ?

Jérôme Sainte-Marie : Le contenu des discours de Nicolas Sarkozy tenus à Marseille et à Annecy a créé une dynamique limitée, mais évidente en sa faveur : il était à 25% dans les intentions de vote au premier tour fin-janvier, il se situe désormais à 28%. Il se maintient et se renforce donc au premier tour, pas au point cependant que les courbes ne se croisent avec François Hollande.

Dans le même temps, l’écart entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen s’est accru : de 8 points d’écart fin-janvier, il est passé à 13 points aujourd’hui.

Par conséquent, s‘il y a un an, on évoquait le risque que Nicolas Sarkozy ne soit pas présent au second tour, cette perspective semble désormais éloignée.

Est-ce à dire que l’électorat de Marine Le Pen se tourne de plus en plus vers Nicolas Sarkozy ?

La cote de sympathie de Nicolas Sarkozy augmente en effet chez les sympathisants du Front national. Cela explique d’ailleurs peut-être pourquoi Marine Le Pen a tenté de se relancer avec la polémique sur la viande halal, de crainte que son univers soit occupé par le président de la République. 

Le discours du Président-candidat sur l’identité nationale provoque de fait une émotion chez une partie des électeurs.

Plus précisément, Nicolas Sarkozy progresse-t-il davantage auprès de l’opinion lorsqu’il aborde la question d’une augmentation de salaire chez les enseignants ou lorsqu’il parle d’immigration ?

Son discours n’est pas uniquement centré sur l’immigration. C’est plutôt un discours de valorisation nationale.

Pour ce qui est du salaire des enseignants, les professeurs sont tellement braqués contre Nicolas Sarkozy, qu’il est difficile pour lui de les séduire. Quant aux parents d’élèves, ils n’ont pas compris que c’était supposé être du donnant-donnant.

En fait, le problème du discours sur les valeurs c’est qu’il provoque certes des effets réels au premier tour, mais que pour l’instant il n’en provoque aucun au second tour.

Certaines personnalités au sein de la campagne de Nicolas Sarkozy semblent regretter son positionnement jugé trop à droite. Le candidat doit-il recentrer son discours ?

Deux tendances cohabitent très clairement dans le discours de Nicolas Sarkozy, on s’en rend compte à chacun de ses déplacements : jeudi, par exemple, en déplacement dans la Loire, il a abordé à la fois un discours de responsabilité en indiquant qu’il était le seul à être à la hauteur en période de crise, tout en développant également des propositions sur l’immigration ou les valeurs.

Aux yeux de l’opinion, Nicolas Sarkozy est crédible pour faire face à la crise, mais cela ne suffit pas pour mobiliser autour de lui. La vraie mobilisation autour de lui, en tant que candidat, s’effectue lorsqu’il aborde la question des valeurs : c’est donc sur ce point qu’il peut conquérir des voix.

Le défaut de sa campagne reste le second tour : les Français considèrent à tort ou à raison qu’il divise plus qu’il ne rassemble. Son discours est offensif, mais il bloque sur le second tour.

En vérité, il doit arbitrer entre deux mauvaises solutions. S’il devait à tout prix trancher entre le discours que certains qualifient de « droitisation » et un certain « recentrage », il devrait sans doute opter pour celui qui bénéficie d’une plus grande dynamique, c’est-à-dire aborder la thématique des valeurs.

En outre, Nicolas Sarkozy ne doit faire face à aucune crise de résultats sur les valeurs : les Français peuvent lui opposer son bilan vis-à-vis de la crise économique. C’est beaucoup plus difficile à l’égard de valeurs, par définition, plus difficilement mesurables.

Ce discours dual à la fois sur les valeurs et sur la crise peut-il brouiller l’opinion des électeurs vis-à-vis du candidat Sarkozy ?

Je ne le crois pas. Il peut aborder ces deux dimensions qui sont essentielles dans le rapport gauche/droite. Il n’existe aucune contradiction, ce sont deux fonds différents et complémentaires.

Propos recueillis par Aymeric Goetschy

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !