Droit de vote des étrangers : recherche définition du macronisme désespérément <!-- --> | Atlantico.fr
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Le député Renaissance Sacha Houlié a déposé une proposition de loi pour « accorder le droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales » à tous les étrangers, même non européens.
Le député Renaissance Sacha Houlié a déposé une proposition de loi pour « accorder le droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales » à tous les étrangers, même non européens.
©LUDOVIC MARIN / AFP

Pot-pourri

Le député Renaissance (ex-LREM) Sacha Houlié a déposé une proposition de loi pour « accorder le droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales » à tous les étrangers, même non européens. Cette mesure a été critiquée par Gérald Darmanin. Quel intérêt Emmanuel Macron et sa majorité ont-ils à travers ce grand écart idéologique ?

Joseph-Macé Scaron

Joseph Macé-Scaron

Joseph Macé-Scaron est consultant et écrivain. Ancien directeur de la rédaction du Figaro magazine et de Marianne, il est, notamment, l'auteur de La surprise du chef (2021) et Eloge du libéralisme (2020), aux éditions de L'Observatoire. 

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Atlantico : Le député de la majorité Sacha Houlié a proposé l’élargissement du droit de vote à tous les étrangers pour les élections municipales. Une proposition qui surprend alors même que Gérald Darmanin affirmait un virage très fermesur les délinquants étrangers et s’est dit “fermement opposé”à la proposition du député. Comment expliquer ce grand écart idéologique ? Est-ce le signe d’une plasticité idéologique ou d’une absence totale d’idéologie et donc de cohérence ?

Joseph Macé-Scaron : Il serait facile de brocarder ce grand écart mais faut-il oublier pour autant que, dans le passé, d’autres formations présidentielles ont connu, en leur sein, des divergences tout aussi fortes qui ont donné lieu à des affrontements idéologiques musclés? Si l’on s’en tient strictement à la droite de l’échiquier, l’UDF est apparue à l’époque où elle était au pouvoir aussi riches de contradictions que l’est, aujourd’hui, entre Renaissance et ses satellites. Quel point commun y avait-il, en effet, entre un Bernard Stasi qui considérait que l’immigration était une chance pour la France et qui défendait le droit de vote des étrangers aux municipales et un Michel Poniatowski qui était un ministre, soutien du général Pinochet et, qui fut, plus tard, partisan d’une alliance avec le Front national ? Et pourtantces deux personnalités hautes en couleur appartenaient aux instances dirigeantes de l’UDF...

Alors, pourquoi cela semble-t-il si baroque aujourd’hui d’entendre les positions respectives de Sacha Houlié et de Gérald Darmanin ? Sans doute parce qu’au-dessus de Bernard Stasi et de Michel Poniatowski, Giscard d’Estaing savait tracer une ligne politique et proposer un cap autre que celui de la modernité. Or, aujourd’hui, Emmanuel Macron n’apparaît pas capable de trancher, il se contente de caboter le long du littoral politique. Or, le cabotage, même en jet-ski, demeure du cabotage.

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Le premier quinquennat d’Emmanuel Macron était marqué par le “en même temps” qui a été une forme de grand écart idéologique permanent.Le deuxième quinquennat semble-t-il s’ouvrir différemment ? Est-il plus clair ?

Sur à peu près tous les sujets, Emmanuel Macron a défendu l’idée durant son premier quinquennat que l’on pouvait dire une chose et son contraire. A peine une idée force émergeait-elle qu’il se précipitait sur elle pour endosser sa casaque. C’est ce qui le fit traiter de caméléon et c’est ce qui conduisit des publicistes taquins à le mettre en garde si d’aventure on le posait sur une couverture écossaise. Plus sérieusement, ce « en même temps » n’est pas une si mauvaise tactique (je dis bien tactique et non stratégie) par temps de crise. La pandémie comme la guerre en Ukraine ont fait voler en éclat bien des certitudes. Aussi le « en même temps » peut-il être compris comme une forme de pragmatisme, teintée de cynisme. Le second quinquennat se présente bien différemment en raison de l’échec des législatives dont on n’a pas fini de mesurer la portée. Le temps est venu non plus du « en même temps » mais du compromis et du dialogue, ce qui n’est sensiblement pas la même chose. Durant les cinq premières années, toute idée de compromis ou de dialogue était rejetée. Mais désormais la formation présidentielle n’est plus en situation de force, il lui faut apprendre à composer, à expliquer et non plus à dicter ou à asséner elle n’est plus en position centrale mais dans celle d’un mouvement centriste. Macron a ressuscité l’UDF d’antan. Il avait promis de réenchanter le monde politique et nous a redonné Lecanuet.

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Quel intérêt Emmanuel Macron et sa majorité ont-ils à ainsi faire le grand écart idéologique ? Est-ce une stratégie ou une incapacité à faire autrement ?

Emmanuel Macron n’est pas un stratège mais un tacticien. Un stratège aurait, par exemple, usé depuis longtemps du référendum. Est-il en capacité de faire autrement ? Certainement pas. La seule arme qui lui reste est la dissolution. Mais cette arme est une arme dissuasive. Or, chaque groupe de l’Assemblée demeure persuadé qu’il reviendra avec davantage de parlementaires en cas de dissolution.

Comment peut-on définir le macronisme à l'heure actuelle ?

Comme le règne du vide. Un vide qui s’est installé à tous les étages du pouvoir en utilisant habilement l’idée de complexité. La complexité nous a installé dans la conviction que seule l’expertise est nécessaire en ces temps troublés. Tendez l’oreille quand un macroniste s’exprime : vous vous apercevrez vite que son premier mouvement sera de couper le sujet traité en tronçons de plus en plus petits. Très vite, vous allez oublier la question générale et votre esprit va se concentrer sur ces multitudes de petites informations, le plus souvent chiffrées et invérifiables sur le moment.

Quel danger y-a-t-il à continuer à entretenir cette forme d’attrape tout idéologique, en particulier dans la période que nous connaissons actuellement où les clivages politiques traditionnels ont volé en éclat ?

Le principal danger est d’entretenir l’idée que la politique se passe bien ailleurs. Comment expliquer sinon l’augmentation constante du niveau d’abstention ? Car ne nous trompons pas : bon nombre d’abstentionnistes aiment la politique et estiment par leur rejet qu’ils font pleinement de la politique. Et je doute fort que le vote de tous les étrangers aux municipales soit en mesure d’apporter un début de réponse à cette question.

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