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Doper le pouvoir d'achat ? 
C'est possible, en favorisant 
la concurrence !
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La vie chère

Pour rendre la vie chère moins chère, Emmanuel Combe propose de "faire baisser les prix en injectant de la concurrence". "Une solution efficace qui ne coûte rien budgétairement", selon lui.

Emmanuel Combe

Emmanuel Combe

Emmanuel Combe est vice-président de l'Autorité de la concurrence et professeur affilié à ESCP-Europe. Il est également professeur des universités.

Spécialiste des questions de concurrence et de stratégie d’entreprise, il a publié de nombreux articles et ouvrages, notamment sur le modèle low cost (Le low cost, éditions La Découverte 2011). Il tient à jour un site Internet sur la concurrence.

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Face à l’inquiétude des Français sur leur pouvoir d’achat, les candidats à la primaire socialiste ont rivalisé de propositions, toutes plus inefficaces ou coûteuses les unes que les autres : “double coup de pouce” sur le SMIC pour Martine Aubry, blocage des loyers pour Arnaud Montebourg, etc. La palme d’or revient sans conteste à Ségolène Royal qui a proposé ni plus ni moins que de revenir au blocage des prix… pour 50 produits essentiels : une solution qui relève de la politique de l’autruche puisqu’elle ne s’attaque en rien aux racines du mal mais se contente de reporter dans le temps la résolution du problème.

Peut-on proposer une véritable politique du pouvoir d’achat qui aille au-delà des effets de manche ? Dans une récente note publiée par la Fondapol, nous montrons qu’il existe une solution efficace et qui ne coûte rien budgétairement : faire baisser les prix, en injectant de la concurrence. Il ne s’agit pas de tomber dans le dogmatisme du « tout concurrence » mais d’identifier, au cas par cas, les secteurs dans lesquels un renforcement de la concurrence serait bénéfique pour le porte-monnaie des Français, sans porter atteinte à la qualité et à l’emploi.

Pour ceux qui doutent des gains de la concurrence, il suffit de regarder ce qui se passe  actuellement sur le marché de la téléphonie mobile. Bercy avait estimé en 2009 que l’entrée de Free conduirait à une baisse générale du prix des forfaits de 7%, soit un gain annuel de pouvoir d’achat de plus d’1,2 milliards d’euros. A vrai dire, la réalité a dépassé toutes les prévisions : redoutant l’arrivée de Free, les trois opérateurs ont lancé une véritable    « guerre des prix », en créant des filiales low-cost (Sosh pour Orange ; B&You pour Bouygues Telecom), en dynamisant leurs opérateurs virtuels (entrée du groupe La Poste sur le réseau SFR), en innovant sur le plan commercial (forfaits sans engagements et sans mobile, etc…). Bref, la concurrence a tiré tous les prix vers le bas, a élargi l’offre, sans jamais nuire à la qualité des produits ou à l’emploi.

Ce qui a marché dans la téléphonie mobile peut fonctionner dans d’autres secteurs, encore très fermés à la concurrence. Prenons un exemple parmi d’autres : celui des médicaments à « prescription médicale facultative » comme l’aspirine, qui ne nécessitent pas la consultation préalable un médecin. Il s’agit d’un marché de 5  milliards d’euros dont 2 milliards ne font l’objet d’aucun remboursement. Pourquoi des médicaments comme l’aspirine ne pourraient-ils être vendus en dehors des pharmacies puisqu’ils peuvent être utilisés de manière autonome par le patient ? Dans les pays nordiques, la Belgique, l’Italie ou le Royaume-Uni, l’ouverture à la concurrence s’est accompagnée de fortes baisses de prix, de l’ordre de 20% en Italie, sans pour autant que  la sécurité des patients n’ait été mise en danger.

Lorsque l’on évoque la concurrence, la crainte qui s’exprime aussitôt est celle du bon curseur, du bon dosage : jusqu’où peut-on aller pour faire baisser les prix ? Si la concurrence doit se traduire par une diminution de la qualité intrinsèque du produit –la sécurité par exemple- ou par une application au rabais du droit du travail, il s’agit d’une politique en trompe l’œil : ce que les consommateurs gagnent en prix, ils le perdent en tant que salariés ou en terme de qualité. Mais le renforcement de la concurrence n’implique pas nécessairement de sacrifier la qualité ou le droit des salariés sur l’autel des prix bas : à l’État de jouer pleinement son rôle de régulateur du marché, en fixant les règles du jeu. Par exemple, sur le marché des médicaments sans ordonnance, l’État pourrait ouvrir à la concurrence, tout en imposant aux nouveaux distributeurs la présence d’un diplômé en pharmacie sur le lieu de vente ou on-line pour garantir un service de conseil au patient. Entre l’immobilisme total et un libéralisme débridé, il y a place pour une voie médiane : la concurrence oui, mais pas … à n’importe quel prix !

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