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La une du Nouvel Observateur.
La une du Nouvel Observateur.
©Capture d'écran / Nouvel observateur

Le choc des photos

Le ciel a dû tomber sur la tête de la direction du Nouvel Obs. Autopsie d’un séisme.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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De loin à la devanture du kiosque, on pouvait apercevoir sur la « une » d’un magazine la photo d’une très jolie fille. Genre Neuilly-Auteuil-Passy. Blonde, les joues légèrement maquillées de barres tricolores. Et dans ses bras un bouquet de ballons de toutes les couleurs, marque distinctive de la Manif Pour Tous. Une couverture assez banale pour le Figaro Magazine ou Valeurs Actuelles.

Mais de plus près, patatras ! C’était le Nouvel Observateur ! Avec un gros titre à gauche de la ravissante : Générations Réac. Il est possible sans trop d'effort de deviner quels laborieux palabres ont abouti à donner un si charmant visage à la réaction honnie et détestée. Depuis une célèbre empoignade les « unes » de l’Obs se décident à trois : Claude Perdriel, Jean Daniel et Laurent Joffrin.

Le triumvirat se pencha donc sur l’illustration qui devait accompagner Génération Réac. Une photo de Christine Boutin fut rapidement écartée avec quelques appréciations peu flatteuses sur son physique. Pour les mêmes raisons, lourdement machistes, Béatrice Bourges et Ludivine de La Rochère furent également retoquées. Une image de jeunes filles coiffées d’un bonnet phrygien et portant la banderole « on veut du sexe pas du genre» connut le même sort. En effet, elle risquait d’émoustiller les lecteurs mâles de l’Obs et donc de désespérer ses lectrices.

On envisagea un instant des crânes rasés arborant la croix celtique ou un curé en soutane tendance Civitas. Mais Laurent Joffrin, qui a du métier, trancha : « non c’est trop anxiogène, ça fait pas vendre!». Le choix se porta donc sur une jolie fille supposée rajouter quelques milliers d’exemplaires au tirage habituel de l’hebdomadaire. Et c’est ainsi que la réaction fut parée de ses plus beaux atours.

Bien sûr à l’intérieur, après le choc de la photo, il y avait le poids des mots. Peu colorés et oscillant entre le brun et le noir. Avec sans arrêt le mot « réac » qui est aujourd’hui utilisé pour disqualifier tous ceux qui pensent autrement que la gauche gouvernementale. Sur l’échelle de Richter des abominations droitières, il trône très haut. Juste un peu en dessous du mot « facho».

Un « réac », c’est en quelque sorte l’homme de l'âge de fer qui rêverait du paradis perdu de la période du Neandertal. Un has been absolu. Mais ce vocabulaire, supposé diaboliser les adversaires de la gauche, a un redoutable inconvénient pour ceux qui le manient. Il les empêche tout simplement de penser et de réfléchir. Et si la réaction à le visage tout jeune et joli que lui a donné l’Obs, on ne peut douter que c’est la gauche, qui, pour le coup, apparait vieille, très vieille. Dès lors, l’homme de Neandertal n’est peut-être pas celui qu’on dit.

Pour la petite histoire, il se murmure que la jeune fille réactionnaire fait un tabac dans la fac où elle est étudiante. Tous les garçons, qu’ils soient de droite ou de gauche, la convoitent. Et toutes les filles, qu’elle soient de droite ou de gauche, la détestent. Toujours pour la petite histoire, quelques gardiens du temple de la rédaction de l’Obs se sont émus de cette couverture trop aguichante. Ils ont demandé qu’on fasse une couv’ sur la Nouvelle Gauche avec, également, une jolie fille. Ils leur a été répondu : « oui, dès que Sarkozy sera revenu au pouvoir »!

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Atlantico éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.

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