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Désordre dans les monnaies : la valse à trois temps des systèmes monétaires
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Bonnes feuilles

Les auteurs du Cercle Turgot tentent de répondre à ces questions et aident à tracer les contours d'un système monétaire international apaisé, jouant pleinement son rôle de facilitateur des échanges, d'aide à la croissance et de garantie de la stabilité. Extrait de "Désordre dans les monnaies", sous la direction du Cercle Turgot, Jean-Louis Chambon et François Meunier, publié chez Eyrolles Editions (1/2).

Cercle  Turgot

Cercle Turgot

Le Cercle Turgot rassemble les meilleurs experts du monde de la finance. Universitaires, dirigeants d'entreprises et d'institutions illustres, auteurs des bests-sellers économiques du moment, tous les acteurs de la finance sont rassemblés dans cette entreprise inédite coordonnée par Jean-Louis Chambon, fondateur et président d'honneur du Cercle Turgot.

 

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Jean-Louis Chambon pour Culture-Tops

Jean-Louis Chambon pour Culture-Tops

Jean-Louis Chambon est président d'honneur et fondateur du Cercle Turgot. 

 

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Jean-Marc Daniel

Jean-Marc Daniel

Jean-Marc Daniel est professeur à l'ESCP-Europe, et responsable de l’enseignement de l'économie aux élèves-ingénieurs du Corps des mines. Il est également directeur de la revue Sociétal, la revue de l’Institut de l’entreprise, et auteur de plusieurs ouvrages sur l'économie, en particulier américaine.

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Nous préférerons néanmoins amorcer notre périple monétaire en 1844 pour constater que le monde a épuisé depuis toutes les éventualités offertes par le triangle d’incompatibilité de Robert Mundell (1963). Rappelons de quoi il retourne en procédant, selon la logique usuelle en économie, d’une analyse en termes de quantité d’une part et de prix d’autre part.

En termes de quantité, la banque centrale peut assurer la convertibilité externe de sa devise ou imposer un contrôle des changes. La convertibilité externe signifie que la banque centrale prend l’engagement de fournir en échange de la devise qu’elle gère, sans conditions, des devises des autres pays. Le contrôle des changes signifie au contraire qu’elle édicte des règles plus ou moins contraignantes pour toute opération de change.

En termes de prix, la banque centrale peut chercher la liberté de fixation de son taux d’intérêt ou aligner ce dernier sur celui d’une autre banque centrale ; elle peut également vouloir déterminer elle-même la parité de sa monnaie ou laisser le marché des changes fixer cette parité. Dans le premier cas, on parle de « changes fixes », dans le second de « changes flottants ».

Le principe ou triangle d’incompatibilité de Mundell précise qu’il est impossible d’obtenir les trois propriétés écrites en gras, alors même que ce serait la situation la plus favorable.

Il y a ainsi pour une banque centrale trois combinaisons possibles d’organisation des relations monétaires internationales.

La première est de garder un système de changes fixes et l’autonomie de sa politique monétaire. Il faut alors mettre en place un contrôle des changes. Comme un tel contrôle est pénalisant pour les industriels et pour l’activité économique, les banques centrales essaient le plus possible d’éviter cette situation. En Europe il n’y a pas de contrôle des changes. En France, il a été supprimé en 1987. Il avait été mis en place en 1936. C’est néanmoins le système adopté par la Chine. Ce faisant, ce pays peut accumuler d’énormes réserves monétaires. En effet, comme les capitaux financiers ne peuvent quitter son territoire, les excédents de son commerce extérieur sont bloqués sur son territoire et concentrés dans les caisses de la banque centrale.

La deuxième est d’adopter les changes fixes et la liberté de circulation des capitaux. Les systèmes anciens fondés sur l’or sont de ce type. Ils ont comme résultat d’imposer à tous les partenaires du change fixe la même politique monétaire, c’est-à-dire les mêmes taux d’intérêt. Les changes fixes sont accusés d’être globalement déflationnistes, c’est-àdire de vivre d’une permanente baisse des prix. Ils le sont à deux titres. D’abord parce que le retour à l’équilibre extérieur passe par une contraction de la masse monétaire et donc par une baisse des prix. Ensuite parce qu’ils assurent la diffusion des politiques monétaires les plus restrictives. Supposons en effet qu’il y ait, dans le système, un pays où les taux d’intérêt valent 3 % et un autre où ils sont fixés par les autorités monétaires à 5 %. Tous les financiers vont emprunter à 3 % et placer à 5 %, sachant que le change fixe leur garantit qu’il n’y a aucun risque de change et que la liberté de circulation des capitaux leur permet de faire le transfert sans difficulté. Le pays à 3 % se vide alors de sa substance monétaire et, pour l’éviter, il est obligé de porter son taux à 5 %. Le système impose à tous les participants la politique monétaire la plus restrictive. Dans cet exemple, le pays à 5 % maintient ce niveau de taux pour se défaire de son inflation. Celui à 3 % n’a pas ce genre de problème et, pourtant, il est obligé d’avoir des taux élevés qui pénalisent son activité productrice. Un des problèmes du système de change fixe est de déterminer ce que doit être le bon taux de change, celui qui assure au pays de ne pas avoir à corriger la situation par une dévaluation ou par la déflation, ou à l’inverse par une réévaluation du taux de change. On se réfère assez souvent pour définir ce que devrait être le taux de change d’équilibre à la notion de parité de pouvoir d’achat. Un taux de change garantit la parité de pouvoir d’achat si les biens échangeables au niveau international ont le même prix une fois opérée la conversion du change.

La troisième est de garder la liberté de sa politique monétaire en laissant flotter sa monnaie. C’est celle qui prévaut à l’heure actuelle. Ses défenseurs avaient annoncé lorsqu’elle s’est mise en place en 1973 que les monnaies trouveraient rapidement un taux de change d’équilibre. Le marché des changes, comme tous les marchés, trouverait le moyen d’égaliser l’offre et la demande.

Extrait de "Désordre dans les monnaies - l'impossible stabilité du système monétaire international ?", sous la direction du Cercle Turgot, Jean-Louis Chambon et François Meunier, chez Eyrolles Editions, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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