Déconfinement : petits conseils à ceux que le retour à une vie sociale normale angoisse<!-- --> | Atlantico.fr
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Des clients à la terrasse d'un café à Paris le 19 mai 2021.
Des clients à la terrasse d'un café à Paris le 19 mai 2021.
©THOMAS COEX / AFP

Attitudes post-pandémie

Alors que la nouvelle phase de déconfinement a débuté ce mercredi en France, de nombreux codes de la vie en société ont été bouleversés suite à la pandémie. Des personnes peuvent éprouver une certaine appréhension dans le cadre des relations sociales après les longs mois de confinement et face à la peur de l'épidémie.

Pascal Neveu

Pascal Neveu

Pascal Neveu est directeur de l'Institut Français de la Psychanalyse Active (IFPA) et secrétaire général du Conseil Supérieur de la Psychanalyse Active (CSDPA). Il est responsable national de la cellule de soutien psychologique au sein de l’Œuvre des Pupilles Orphelins des Sapeurs-Pompiers de France (ODP).

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Atlantico : Comment s'assurer que les gens que l'on invite chez soi ou dehors soient rassurés à l'idée de sortir après un tel épisode sanitaire ?

Pascal Neveu : Cette pandémie a bien évidemment créé des comportements à la fois hystériques mais aussi paranoïaques depuis plus d’un an mais aussi de grandes frustrations. Nous avons déjà vu les premiers comportements, d’ailleurs « fustigés » par le corps médical craignant une remontée d’hospitalisations.

Le fait que plus de 21 millions de Français soient déjà primo vaccinés (et 9 millions doublement vaccinés) va rassurer en partie.

Mais l’angoisse d’une année, les décès nombreux (108000 morts) que nous avons tous connus, et celles et ceux ayant subi la covid va continuer à agir sur nos peurs.

Car nous avons vécu dans un contexte de mort.

Rappelons-nous les premières attitudes quand la population effectuait des achats de première nécessité… mais aussi chez les plus jeunes des comportements insouciants.

C’est réellement la pulsion de vie et la pulsion de mort qui ont dominé notre vie depuis plus d’un an.

Le confinement a fait du bien à certains. Comment refuser poliment mais fermement les invitations quand on ne veut pas sortir et qu'on ne peut plus utiliser le prétexte de la pandémie ?

Je pense que cela relève du bon sens, et que la fermeté n’est même pas au cœur du sujet.

Nos comportements, nos interactions sociales ont considérablement changé depuis mars 2020.

Mes patients me racontent combien ils ont moins appelé leurs amis, d’autres ont défié les autorités en se rendant dans des soirées, des restaurants clandestins… de nombreux comportements très différents.

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Mais ce que j’observe c’est surtout un retour à la vie « normale ». Certains vont adopter un retour à la vie spontanée, d’autres avec plus de précautions.
On pourrait le décrire comme un réadaptation, une rééducation suite à un accident.

Reprendre progressivement ses marques, sa marche dans la vie.

Car notre psychisme reste impacté face à ce que nous n’attendions pas : un blocage dans nos vies et des conséquences sociales, financières, affectives…

Le confinement a été l'occasion de voir ses enfants tout en travaillant. Comment surmonter la peur d'abandonner ce privilège et retourner au bureau ?

Je n’ai pas entendu un seul de mes patients évoquer le fait de travailler chez soi comme étant un privilège.

Des études ont montré qu’en dehors d’un télétravail qui va devenir de plus en plus une habitude. Le nombre de jours télétravaillés est en nette hausse. Il est deux fois plus important qu’avant la crise sanitaire. Il est aujourd’hui de 3,6 jours par semaine. Il n’était que de 1,6 jour fin 2019.

Mais le besoin de retrouver son lieu de travail, son environnement, ses collègues reste fondamental, plutôt que rester « enfermé » chez soi, comme emprisonné seul, ou en couple e avec des enfants, générant des crises.

Le besoin du café, du thé, de la cigarette avec ses collègues reste une nécessité vitale.

N’oublions pas que les violences conjugales ont augmenté de 30% durant le premier confinement.

La vie se compose de 3 parties fondamentales : l’identité professionnelle, la vie sociale, le vécu affectif.

La pandémie a rendu la communication verbale rare. Comment réapprendre à ne plus considérer les autres comme un danger ?

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L’être humain est un être social. Il ne peut pas rester seul. Il a besoin de contacts, d’affect, d’amour. Tout comme il a besoin d’aimer et de détester… car il a un cœur qui nécessite de vivre et continuer à vivre et exprimer ce qui le fait vibrer depuis sa naissance et ses premières interactions.

Nos craintes et angoisses depuis mars 2020 vont certainement générer des comportements un peu plus distants, différents dans un premier temps. Mais le naturel relationnel va reprendre ses droits.

Mais je pense que la bise, le contact fusionnel seront tout d’abord plus compliqués.

Tout est question de temps.

Je suis quasi convaincu que dès cet été les choses seront plus simples. D’une part car le nombre de vaccinés aura considérablement progressé, d’autre part car le soleil, la chaleur, les vacances invitent à se rapprocher, entre amis, entre désirs amoureux…

Certaines personnes n'ont pas pris la pandémie autant au sérieux que d'autres. Comment éviter de ressentir un sentiment de colère et de frustration à leur égard ?

Durant le premier confinement 30% des appels auprès de la police portaient sur de la délation. Cela en dit long sur le climat de frustration et de colère.

Pour autant, même si certains restent dans une sorte de comportement de vengeance, la pulsion de vie doit l’emporter, le plaisir de la vie, le désir de se rapprocher de l’autre et de vivre des expériences relationnelles.

Chacun porte sa conscience et sa morale au fond de lui.

 La haine de l’autre tient parfois sur peu de choses, et souvent face à ses propres frustrations, ses interdits.

Certes, plusieurs ont été dans la transgression, mais devons-nous, comme dans une triste période de notre histoire, les tondre sur la place publique ?

La haine de l’autre n’apporte rien que renforcer notre côté obscure, et nous replier sur nus même… alors que nous avons davantage besoin de nous retrouver et nous rapprocher les uns des autres.

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