Davos : les Chinois confirment officiellement ce mercredi qu'ils sont en panne de croissance mais renforcent la pression géopolitique<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Le représentant chinois pour le climat, Xie Zhenhua, s'exprime aux côtés de John Kerry, lors d'une conférence au Forum économique mondial à Davos.
Le représentant chinois pour le climat, Xie Zhenhua, s'exprime aux côtés de John Kerry, lors d'une conférence au Forum économique mondial à Davos.
©TISSU COFFRINI / AFP

Atlantico Business

Les Chinois sont venus nombreux à Davos avec une stratégie claire : renforcer leur pression géopolitique et confirmer leur impérialisme sur Taïwan pour compenser leur panne de croissance historique depuis 30 ans. Pour les Occidentaux, c’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Voir la bio »

La croissance chinoise aura été en 2023 la plus faible depuis trente ans, soit 5,2%. En dehors des années covid qui ont laminé tous les systèmes de production. Pour les Occidentaux, cet effondrement est évidemment énorme.

Pour les économies asiatiques habituées à des croissances à deux chiffres et plus, c’est une catastrophe. D’autant que cette croissance faible s’inscrit dans une crise de l'immobilier qui ravage toutes les grandes villes, marque un arrêt de la consommation internet et une panne de ses exportations que l'on considère désormais comme durable. Pour les Chinois, c’est évidemment une très mauvaise nouvelle parce qu'ils se retrouvent coincés par l'impossibilité d’accéder aux rêves de prospérité économique et sociale que leur président Xi Jinping leur avait promis en affirmant que la Chine allait devenir la première puissance économique du monde. C’est une mauvaise nouvelle pour une population qui n’aspirait qu’à une chose : sortir de leur campagne et de leur misère matérielle pour venir goûter aux lumières de la ville.

Pour les pays occidentaux, la crise de l'économie chinoise n’est pas une très bonne nouvelle parce qu'ils voient les portes d'un marché considérable se fermer, mais finalement, c’est une évolution qui les contraint à modifier leur stratégie d'industrialisation. Depuis les années 2000, ils avaient délocalisé massivement des pans entiers de leurs industries pour profiter des coûts de main-d’œuvre très avantageuse. Le Covid a révélé à l'Occident leur dépendance aux approvisionnements asiatiques et notamment chinois, sans parler des pratiques commerciales et juridiques assez peu sécurisées. Bref, la panne chinoise a précipité l'Occident dans un mouvement de réindustrialisation, notamment dans tous les secteurs sensibles. Depuis 2019, les grands pays occidentaux, parcourus par des courants très protectionnistes, touchés par les augmentations des coûts de transports et par la pression des écologistes, ont commencé à freiner leurs investissements en Chine pour les réorienter vers les centres de consommation. L'Amérique de Joe Biden notamment a déployé une politique de réindustrialisation afin de protéger le "Made in America".

Mais quand Emmanuel Macron se déplace aujourd’hui à Davos, c’est aussi pour « vendre » l'attractivité de la maison France auprès des investisseurs étrangers. Donc, quelque part, la panne sèche de l'activité chinoise donne aux Occidentaux l'opportunité de développer une stratégie industrielle qui protège au mieux leur souveraineté.

Le seul problème dans cette affaire, c’est que le pouvoir chinois, confronté à des difficultés économiques internes, essaie comme toutes les grandes dictatures de détourner l'attention de son peuple sur le terrain militaire et géopolitique. Les tensions exercées par Pékin sur Taïwan n'ont jamais été aussi fortes que depuis cette année. Incapable de réaliser les promesses de prospérité économiques, Xi Jinping choisit de se consacrer aux problèmes géopolitiques en rappelant à son peuple que son objectif est de protéger la grandeur de la Chine et de récupérer Taïwan.

Vladimir Poutine en Russie utilise les mêmes procédés. L'économie russe domine par la vente d’Energie fossiles ou de matières premières a beaucoup de difficulté à répondre aux besoins de consommation de la population, il donc détourne l'attention avec la guerre en Ukraine. Faute de logement, de service de santé, de voiture automobile ou plus généralement de tout ce qui participe au niveau de vie occidental , Vladimir Poutine vend a son peuple une identité , une ambition impériale et une grandeur historique.

Sur le plan géopolitique, ces types de conflits sont difficiles à régler parce que les buts de guerre sont très flous. On a du mal à imaginer que la Chine puisse envahir Taïwan, on peut imaginer que Poutine ait des ambitions sur l'Europe, mais pour quel dessein, et à quel prix. Au-delà, on sait bien que ces deux grandes puissances interviennent indirectement ou pas dans les conflits qui minent le Moyen-Orient.

Au total, il est évident pour tous les participants à Davos qu'il existe un lien étroit entre l'activité économique sur la planète et la géopolitique. Ceci dit, et contrairement à ce que les davosiens ont cru depuis deux décennies, la croissance économique, le progrès technologique participent nécessairement aux efforts de paix, mais l'actualité prouve qu’ils ne sont pas suffisants.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !