Dans sa déclaration de politique générale , Gabriel Attal va être obligé de remettre l’écologie à sa place<!-- --> | Atlantico.fr
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Gabriel Attal va prononcer son discours de politique générale, ce mardi.
Gabriel Attal va prononcer son discours de politique générale, ce mardi.
©Ludovic MARIN / AFP

Atlantico Business

En général, les discours de politique générale sont fondateurs. Tout le monde se souvient des prestations de Jacques Chaban-Delmas, de Michel Rocard ou de Manuel Valls. Gabriel Attal se retrouve dans une situation incroyablement compliquée car confronté à une mutation très profonde des sociétés occidentales.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Gabriel Attal doit d’abord trouver les mots et les actes pour calmer la colère des agriculteurs mais au-delà tout le monde se rend compte qu'il doit surtout définir une offre politique capable de gouverner et de protéger la France dans cette période extrêmement grave qui bouleverse la planète toute entière sous la pression d’une mutation historique qui touche à l'environnement, au climat, au progrès technologique... En clair et qu'on le veuille ou non, Gabriel Attal va devoir remettre les écologistes à leur place.

Jacques Chaban-Delmas était lui confronté à la nécessité de répondre à une demande sociale et il avait donc défini « une nouvelle société ». Michel Rocard lui devait présenter une adaptation de l'économie française à la mondialisation tout en protégeant les acquis sociaux… Quant à Manuel Valls, on s’en souvient, il a été confronté à la nécessité de protéger les valeurs démocratiques, d'engager les réformes sociétales sous la menace d'un terrorisme international. Ces trois déclarations de politique étrangère sont restées gravées dans l’histoire contemporaine parce qu’elles marquaient un changement d’époque.

Gabriel Attal est confronté aujourd’hui à une nécessité de changement encore plus importante car il doit définir un chemin responsable entre la nécessité de répondre aux défis de l’environnement et l’obligation de protéger les intérêts légitimes des acteurs du modèle économique. 

Sur le terrain politique, cela se traduit quotidiennement par un débat, parfois violent, avec des courants écologiques qui prônent une autre croissance, c’est-à-dire une décroissance, alors que les sociétés humaines ont majoritairement une demande de progrès, progrès scientifique, progrès sociaux, progrès en termes de responsabilités et de liberté individuelle. Ce débat touche à l’énergie (nucléaire ou pas), aux conditions de production agricoles, aux émissions de gaz carbonique, aux agendas d’évolution, aux revenus individuels…

La crise agricole a mis l’accent sur les contradictions qui surgissent entre la logique du libre-échange et la demande de protectionnisme. La logique du libre-échange correspond à la logique de croissance et à un meilleur partage des richesses à l’échelle mondiale. Le libre-échange est le système d’organisation qui permet de partager et d’échanger les spécificités de chacun et, par conséquent, de faire profiter ces spécificités au plus grand nombre. Les libéraux de Bastiat à Ricardo ont expliqué ces phénomènes de spécificité. Les conditions de production de richesse ne sont pas identiques partout dans le monde. Et beaucoup sont incontournables car naturelles, mais mieux vaut exploiter et gérer ces inégalités plutôt que de les ignorer . la concurrence appelle l’effort mais la concurrence a beaucoup de mérite . C’est le facteur clef du progrès . 

Face à cette logique du libre-échange, et de concurrence , beaucoup se sont repliés sur les concepts de protectionnisme chers à Malthus mais le Malthusianisme n’a jamais dans l’histoire produit de richesse et de progrès. Concrètement, les pays qui ferment leurs frontières aux importations se privent aussi de vendre à l’extérieur ce qu’ils savent faire le mieux. Les agriculteurs grognent contre les importations mais du même coup laminent leurs possibilités d’exportation. Les exemples sont multiples . Renoncer aux vertus de la concurrence , c’est ouvrir la porte a la paralysie . 

Alors bien sûr, cet équilibre entre le libre-échangisme et le protectionnisme nécessite des contrôles, des régulations...un débat loyal ,à l’échelle régionale, nationale et européenne. Les mouvements écologistes ne sont pas innocents dans l’ampleur de ce débat. Ils ont bien sûr compris que les arguments malthusiens pouvaient concourir à leur propre combat. Moins d’échanges, c’est aussi moins de croissance, mais ils n’apportent pas de solutions aux effets négatifs de la décroissance. Moins de croissance, c’est moins d’emplois, moins de revenus. 

Au cours des trente dernières années, les mouvements écologistes ont fait faire aux nations européennes des erreurs que nous payons très cher. Sur l'énergie par exemple, les « verts » allemands ont imposé à l’Allemagne d’éliminer l’énergie nucléaire et de se concentrer sur le gaz soviétique que l'on croyait moins cher... sans s’apercevoir qu’en se livrant ainsi aux Russes, ils perdaient leur souveraineté et leurs libertés. Toujours sur l’énergie et sous la pression des écologistes qui ont contaminé la gauche au pouvoir, la France a stoppé son programme nucléaire alors que nous avions le potentiel technologique le plus important. Nous avions la garantie d’une compétitivité industrielle très avantageuse, et une garantie de souveraineté.

Aujourd’hui, la France mais au-delà toute l’Europe est confrontée aux mêmes problématiques avec l’agriculture. Il faut trouver les moyens de ne pas brider les progrès technologiques et les capacités de production de richesses, les capacités de souveraineté. L'objectif de Gabriel Attal va être de convaincre la classe politique que le moment est venu de tout faire pour sauver l’agriculture et trouver des moyens alternatifs aux contraintes juridiques, normatives et écologiques afin de préserver le modèle. Le dossier est prioritaire au même titre que celui de l’énergie et qu’il va de paire avec la lutte pour le climat.

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