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Dans les entrailles du 1er tour : le détail des enseignements du scrutin
©AFP

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Le candidat d'En Marche et Marine Le Pen sont tous deux qualifiés pour le second tour de l'élection présidentielle. Mais leurs scores restent faibles et l'écart entre les quatre premiers du premier tour est historiquement serré. Petit décryptage des enseignements du scrutin.

François  Krauss

François Krauss

Directeur des études à l'IFOP

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Atlantico : A l'issu de ce premier tour, aucun candidat ne réalise un score important et finalement, le meilleur devient le moins mauvais de tous. Quels enseignements peut-on tirer de ce scrutin du premier tour ?

François Krauss : Ce qui est intéressant c'est qu'on a certes deux qualifiés mais à des taux assez faibles pour la construction d'une majorité de second tour. On se retrouve avec une France électorale complètement éclatée en 4 blocs qui tournent chacun autour de 20%. C'est une nouveauté, on n'a pas vu ça depuis les élections de 1978 où on avait un bloc communiste, socialiste, centre-droit et gaulliste. Ce qui est intéressent c'est qu'on a là un score qui permet à Emmanuel Macron de se qualifier et théoriquement de s'en sortir au second tour pour la présidence. Mais l'enjeu sera la capacité qu'il obtient de gouverner avec un potentiel électoral aussi limité de construire une majorité aux législatives. Les logiques de reports et de transferts de voix qu'on pouvait observer entre Mélenchon et le PS risquent de beaucoup moins fonctionner aux législatives entre une gauche libérale et radicale aussi clivée. Est-ce qu'il faut s'attendre à une victoire à la Pyrrhus pour Emmanuel Macron ? Ce sera tout l'enjeu du second tour. 

Sa stratégie pourrait être de s'inscrire dans une perspective de rassemblement autour des valeurs de la démocratie, de la République du parlementarisme et de la modération en politique. Un peu comme l'avait fait Chirac en 2002 face à Jean-Marie Le Pen. 

Ce faible écart de voix peut-il s'expliquer à travers les vases communicants entre les partis ? Quel électorat empiète sur l'autre ? Par exemple, Jean-Luc Mélenchon a-t-il pu récupérer des voix dans l'électorat de Marine Le Pen ? 

Un peu oui. Mais Jean-Luc Mélenchon a réussi à mobiliser des abstentionnistes (surtout des jeunes) et a fait le plein dans les Dom. Je pense que le score de Marine Le Pen reste un bon score en millions de voix (record inégalé pour le Front National) mais ça reste assez faible à côté de ce qui était prévu - d'autant que la participation est plus élevée que ce qui était prévu. C’est-à-dire qu'au lieu de se retrouver avec un score autour de 25%, elle est à moins de 23%. C'est quelque chose d'assez faible pour la perspective du second tour et les objectifs risquent d'être difficiles à atteindre. Concernant Emmanuel Macron, c'est un score honorable et il le tient à sa capacité d'avoir siphonné à la fois les modérés, des sympathisants socialistes et l'aile modérée des Républicains. Va-t-il garder cette capacité de rassemblement ? C'est aussi l'enjeu de la campagne.

Mais les vases communicants n'expliquent pas à eux seuls les scores. Ce n'est pas aussi simple. Pour Marine Le Pen, elle semblait modérer ses propos tout au long de la campagne. On peut presque dire qu'elle a fait une campagne de second tour avant le premier. 

Selon vous, quels sont les enseignements cachés de ce scrutin ? 

D'abord on observe une clarification de l'offre politique et électorale en France. Entre une gauche libérale, une droite libérale, une gauche radicale et une droite radicale. Ca a le mérite de clarifier les choses avec chacune des forces qui pèsent aux alentours de 20%. L'élimination des sortants qui s'est déjà observée lors des primaires avec l'élimination de Nicolas Sarkozy et de Manuel Valls, s'est confirmée au premier tour. Alors même que les vainqueurs des primaires étaient des forces nouvelles aux yeux des électeurs, ils se retrouvent éjectés dès le premier tour. Du jamais vu dans la Ve République. En général on reste toujours dans des choses beaucoup plus cadrées. 

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