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Dans le fast food, il n'y a pas que l'intérieur qui vous fait du mal, l'emballage aussi
©Reuters

Miam miam

Le processus de fabrication de la nourriture industrielle rajoute des produits toxiques--et la Commission européenne ne fait rien.

Vous avez des produits chimiques interdits dans les cheveux. Cela peut faire des années qu’ils ont été officiellement retirés de la circulation, et pourtant, si on analysait une de vos mèches de cheveux, on en trouverait des dizaines.

C’est le constat d’une récente enquête d’Envoyé Spécial, intitulée « Nos vies sont-elles empoisonnées ? ». Elle a mis en lumière l’omniprésence de ces produits, dont les effets sur la santé sont nocifs. Parmi eux, des phtalates, du bisphénol A, et une flopée de sigles à quatre lettres (DEHP, DNIP, etc.) qui sont utilisés depuis plus de 50 ans dans les produits de consommations—notamment les emballages plastiques—et auxquels on donne le nom de perturbateurs endocriniens.

En effet, ils sont fortement soupçonnés de provoquer des malformations congénitales et de graves problèmes d’infertilité. Pendant des années, vos cheveux gardent en mémoire les produits que vous avez absorbé ou inhalé—ce qui signifie qu’il n’y a aucun moyen de savoir si votre contact avec eux date d’avant ou après leur interdiction.

La restauration rapide dans le collimateur.

Seulement, vu l’utilisation qu’en fait l’industrie, les produits utilisés pour remplacer ceux qui ont été interdits ne sont pas forcément moins nocifs. Ainsi, alors que le bisphénol A a été interdit en janvier 2015, ce sont désormais des phtalates en trop grande quantité qui ont été trouvés dans la restauration rapide.

Bien sûr, la nourriture industrielle est déjà critiquée pour de nombreuses raisons : ses additifs, son manque de traçabilité, l’insoutenabilité de sa production, son excès de sel, de sucre et de gras. Après tout, son universalisation est corrélée à une évolution du taux d’obésité.

Voilà donc un nouveau motif de garder ses distances avec la restauration rapide : une nouvelle étude, repérée par le Washington Post, montre que le risque est très grand pour les usagers d’être contaminé par ces phtalates.

A vrai dire, la responsabilité porte plutôt sur les processus de fabrication de la nourriture industrielle, que sur la nourriture elle-même. Les produits chimiques détectés sont ceux couramment utilisés dans la machinerie, les ustensiles, les convoyeurs à bande, les emballages, etc. Plus leur contact est fréquent avec la nourriture, plus la probabilité qu’elle contienne des phtalates augmente. 

Ceci ressemble bel et bien à un problème de santé publique.

Il ne faut donc pas croire que si vous achetez votre nourriture au marché, vous n’y êtes pas exposé : l’équipement technique en général est coupable. Les fruits et légumes sont également infestés, de la même manière que les produits cosmétiques, les aspirateurs, les rideaux, etc.

Mais alors pourquoi les entreprises continuent-elles d’utiliser ces perturbateurs endocriniens dans leurs processus de production ? Parce qu’aucune loi à l’échelon européen n’encadre vraiment leur utilisation. Aux Etats-Unis comme en Europe, les associations sont sur la brèche depuis un grand nombre d’années, mais elles font face au lobbying des laboratoires pharmaceutiques et des industries.

Ainsi, la Commission européenne était censée organiser l’encadrement des perturbateurs endocriniens avant décembre 2013, mais elle n’a pas respecté la date. Le commissaire à l’environnement, Janez Potočnik, avait indiqué que la Commission souhaitait d’abord évaluer l’impact économique de cette mesure.

Par conséquent, la Suède, la France et le Parlement européen avaient attaqué la Commission devant la Cour de justice de l’Union européenne. En décembre dernier, la Cour a condamné la Commission, la mettant dans l’obligation d’agir « dans un délai raisonnable ». On attend toujours.

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