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Inflation: peut-on faire confiance à la BCE ? Jean-Paul Betbeze

<p>Restez encore liquides, prenez patience&nbsp;! N&rsquo;achetez ni bons du tr&eacute;sor, ni actions. Ni bons du tr&eacute;sor, aussi longtemps que les prix augmentent et que les banques centrales montent leurs taux courts, dans l&rsquo;attente de leur inflation stabilis&eacute;e &agrave; 2% en moyenne. Ni actions, puisque la correction de ce qu&rsquo;il faut bien nommer une bulle semble se poursuivre. &laquo;&nbsp;Bulle des actions&nbsp;&raquo;, autrement dit des valorisations d&rsquo;entreprises qui &eacute;chappent aux calculs, mais pas aux politiques &eacute;conomiques, aux discours optimistes et aux &laquo;&nbsp;bonnes raisons&nbsp;&raquo; des experts et autres conseillers qui l&rsquo;ont fait na&icirc;tre et gonfler.</p>
<p>N&rsquo;en jetez plus,&nbsp;de ces nouvelles inqui&eacute;tantes&nbsp;: laissez-nous les dig&eacute;rer ! L&rsquo;euro est &agrave; 1,05 contre 1 dollar, comme en 2016&nbsp;: bient&ocirc;t &agrave; 1 pour 1&nbsp;? Le CAC 40 est &agrave; 6430 points, et non plus &agrave; 7360, comme en ce d&eacute;but janvier. Le fameux titre Apple cote 150, et plus 180 comme fin mars, et ainsi de suite pour les quelques valeurs phares qui faisaient, seules, monter l&rsquo;indice. L&rsquo;emprunt d&rsquo;&eacute;tat am&eacute;ricain &agrave; 10 ans est d&eacute;sormais proche de 3%, contre 1,7% il y a un an, et le m&ecirc;me en France &agrave; 1,5% contre 0,3%. Il ne faut &eacute;videmment pas oublier le Covid-19 qui ne cesse de muter, la guerre en Ukraine qui s&rsquo;&eacute;tend, le fort ralentissement en Chine, les menaces de r&eacute;cession aux &Eacute;tats-Unis et en Europe, l&rsquo;inflation partout, les manques de puces informatiques et les p&eacute;nuries de bl&eacute;, les crises du bitcoin et de ces cryptomonnaies qui se pr&eacute;tendaient stables&hellip; La liste est longue de ce qui peut angoisser. Jusqu&rsquo;&agrave;&nbsp;quand l&rsquo;&eacute;conomie mondiale va-t-elle y r&eacute;sister ?</p>
<p>Essayons un premier diagnostic&nbsp;: ce qui nous arrive n&rsquo;est ni tout &agrave; fait stagflation, combinaison instable de stagnation et d&rsquo;inflation, ni heureusement slumpflation, o&ugrave; l&rsquo;inflation cohabite avec la baisse de l&rsquo;activit&eacute;. Ce qui est nouveau aujourd&rsquo;hui, c&rsquo;est que ces deux diagnostics classiques sont pire qu&rsquo;inad&eacute;quats, dangereux. D&rsquo;abord, on parle beaucoup de stagflation. Aux &Eacute;tats-Unis par exemple, le PIB a baiss&eacute; de 0,3% au premier trimestre de cette ann&eacute;e, apr&egrave;s 4% en moyenne pour celui de 2021, avec 8,3% d&rsquo;inflation. En zone euro, on n&rsquo;est pas tr&egrave;s loin non plus de ce couple probl&eacute;matique&nbsp;: 0,2% de croissance en d&eacute;but d&rsquo;ann&eacute;e, avec 7,5% d&rsquo;inflation.</p>
<p>Mais pourquoi donc ce couple d&rsquo;indicateurs est-il si &laquo;&nbsp;probl&eacute;matique&nbsp;&raquo;&nbsp;? Parce que la liste de leurs deux &laquo;&nbsp;solutions&nbsp;&raquo; est contradictoire. Monter les taux d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t, dans une situation &eacute;conomique fragile, pour calmer les hausses de salaires ou les programmes d&rsquo;investissement, c&rsquo;est risquer la r&eacute;cession. Pire encore, r&eacute;duire les d&eacute;penses publiques et surtout augmenter les imp&ocirc;ts, un &laquo;&nbsp;prix&nbsp;&raquo; &agrave; payer le plus lourd, &eacute;conomique et surtout politique, c&rsquo;est s&rsquo;en approcher davantage. Heureusement, on ne parle pas de slumpflation, couple plus terrible encore, qui viendrait de terribles erreurs dans les &laquo;&nbsp;soins&nbsp;&raquo; port&eacute;s &agrave; la stagflation&nbsp;!</p>
<p>Essayons ensuite d&rsquo;attirer l&rsquo;attention sur les deux risques qui ont d&eacute;j&agrave; commenc&eacute;&nbsp;: le krach boursier et le krach obligataire, deux &eacute;cueils li&eacute;s. Les taux longs artificiellement bas des bons du tr&eacute;sor ont cr&eacute;&eacute; une bulle boursi&egrave;re, pour aider &agrave; sortir de la crise financi&egrave;re des subprimes, en 2007-2008&nbsp;! Toutes les grandes banques centrales s&rsquo;y sont mises, en achetant massivement des bons de leurs tr&eacute;sors. C&rsquo;&eacute;tait le temps du fameux quantitative easing, pour faire baisser les taux longs et &eacute;viter une d&eacute;pression&nbsp;&laquo;&nbsp;pire que 1929&nbsp;&raquo;, comme on disait &agrave; l&rsquo;&eacute;poque, pour faire tout accepter.</p>
<p>De fait, ces taux long &nbsp;artificiellement&nbsp; abaiss&eacute;s ont permis un creusement des d&eacute;ficits budg&eacute;taires sans co&ucirc;t (puisque les banques centrales cr&eacute;ent elles-m&ecirc;mes la monnaie pour acheter les bons du tr&eacute;sor) et sans risque (puisque ces m&ecirc;mes banques centrales allaient les garder). Ceci a pouss&eacute; les entreprises et les m&eacute;nages &agrave; s&rsquo;endetter, tout ce qui allait soutenir la bourse&nbsp;&ndash; un effet richesse bienvenu.</p>
<p>Survient alors la pand&eacute;mie qui pousse les &Eacute;tats &agrave; accro&icirc;tre encore leurs d&eacute;ficits et les banques centrales &agrave; acheter davantage de bons du tr&eacute;sor. La crise du Covid induisait une r&eacute;cession en V, avec la chute quasi-imm&eacute;diate des services. Mais, compens&eacute;e par ces &eacute;normes soutiens mon&eacute;taires et budg&eacute;taires, arrive tr&egrave;s vite une reprise, puis une tension sur les march&eacute;s du travail, avec hausses des salaires puis des prix, donc des taux longs. Alors, les banques centrales n&rsquo;ont plus le choix&nbsp;: elles doivent monter leurs taux courts&nbsp;! On comprend bien pourquoi, dans un tel contexte, LUNA qui se voulait &laquo;&nbsp;stable coin&nbsp;&raquo;, monnaie stable, ne peut r&eacute;sister et am&egrave;ne 40 milliards de dollars dans sa chute, le bitcoin continuant d&rsquo;inqui&eacute;ter, avec tous les membres de sa troupe.</p>
<p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 8pt; line-height: 15.6933px; font-size: 11pt; font-family: Calibri, sans-serif;"><span style="font-family: -apple-system, 'system-ui', 'Segoe UI', Roboto, Oxygen, Ubuntu, Cantarell, 'Open Sans', 'Helvetica Neue', sans-serif; font-size: medium;">Moralit&eacute; : les taux courts vont continuer de monter, et les politiques de dire qu&rsquo;ils vont r&eacute;duire leurs d&eacute;ficits budg&eacute;taires, l&rsquo;id&eacute;e &eacute;tant de tout faire pour calmer l&rsquo;inflation. C&rsquo;est seulement ainsi que la bourse se reprendra vraiment, et que l&rsquo;on pourra sortir de la liquidit&eacute;.</span></p>

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