Crise énergétique : les températures actuelles sont-elles en train de sauver l’hiver prochain ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Consommation
Des tours de refroidissement de la centrale au charbon de Neurath à Grevenbroich près d'Aix-la-Chapelle, dans l'ouest de l'Allemagne.
Des tours de refroidissement de la centrale au charbon de Neurath à Grevenbroich près d'Aix-la-Chapelle, dans l'ouest de l'Allemagne.
©PATRIK STOLLARZ / AFP

Espoir pour les mois à venir ?

Le temps doux en Europe et la faible demande lors de la période de Noël ont limité considérablement la consommation de gaz en Europe. Cette situation permet à de nombreux pays européens comme l’Allemagne d’accumuler d’importantes réserves de gaz.

Damien Ernst

Damien Ernst

Damien Ernst est professeur titulaire à l'Université de Liège et à Télécom Paris. Il dirige des recherches dédiées aux réseaux électriques intelligents. Il intervient régulièrement dans les médias sur les sujets liés à l'énergie.

Voir la bio »

Atlantico : En Allemagne, les réservoirs de gaz sont remplis à 88,9 % et les stocks continuent à se reconstituer. Comment expliquer cette situation ? Qu’est-ce que cela signifie ? 

Damien Ernst : Plusieurs facteurs entrent en compte. L’Europe a su attirer de nombreux bateaux de gaz liquéfiés, en payant plus cher que d’autres pays, comme le Bangladesh. Deuxièmement, nous avons eu un automne relativement chaud et ce début d'hiver semble l'être également. Cette semaine, les températures sont 10 à 12 degrés plus élevées que la moyenne à Berlin et cela devrait continuer jusqu’à la mi-janvier. Enfin, et par chance, ces températures élevées sont également accompagnées de vents forts. Ainsi, l’Allemagne tourne au charbon et à l'éolien presque exclusivement. Elle n'a plus besoin de gaz pour générer son électricité. Enfin, on peut citer les mécanismes de destruction de demande. De nombreuses entreprises ont réduit leur activité et les ménages se sont moins chauffés. Le signal de prix élevé a assez bien fonctionné pour tuer la demande. Le gaz reste cher, à 78 euros par MWh contre 25 avant la crise du Covid, mais je pense que le pic de la crise énergétique est derrière nous. 

Cette situation est néanmoins encore inespérée car elle nous laisse penser que l'on va pouvoir même encore avoir des réserves de gaz en sortie d'hiver. En quoi est-ce important ? Si nous sortions de l’hiver avec des réserves à zéro, nous n’aurions pas pu tenir l’hiver prochain, prolongeant la crise du gaz à l’année prochaine. Dans les 16 à 18 mois qui viennent, on devrait être à l’abri de toute pénurie et on ne devrait donc plus voir des prix aussi élevés que pendant l’année 2022.  

À Lire Aussi

Les 7 péchés capitaux de la planification énergétique : ces erreurs fondamentales faites par les pays européens qui conduisent à des problèmes d'approvisionnement

Que signifient les niveaux de stockage actuels pour la situation de l'offre pendant l'hiver en cours ? En cas de coupure des approvisionnements en gaz et d’un hiver froid, serait-il possible de tenir l’hiver prochain ? 

En cas de scénario normal, c’est plutôt bien parti. Nous avons des chances d’avoir assez de gaz pour entamer l’hiver prochain. On savait que ça allait passer pour cette année, mais la peur était de ne plus avoir suffisamment de gaz pour passer l’hiver suivant. Pour l’instant, jusqu’à mi-janvier, les scénarios météo restent fiables et sont optimistes. Nous sommes donc dans une situation très favorable. En revanche, en cas de vague de froid exceptionnelle, la situation peut s’inverser. 

C’est aussi une très bonne nouvelle pour l’industrie et l’emploi. On s’éloigne de plus en plus des 100 euros par MWh et les prix devraient continuer de descendre.

Cependant, on ne peut pas écarter toute menace mais néanmoins on voit que la Russie, qui voulait mettre à genoux l’Europe, n’a pas réussi son coup. Elle commence à s’en rendre compte et essaye d’augmenter ses livraisons à l’Allemagne en passant par la Pologne. Elle a vu qu’elle avait perdu la guerre du gaz et avec les prix qui chutent, Moscou se retrouve dans une situation de plus en plus difficile.  

Qu’en est-il des autres pays européens ?

La situation est relativement bonne dans l’ensemble des pays européens. Le pays le plus à risque était l’Allemagne, qui a presque abandonné le nucléaire pour miser sur le gaz russe. Pourtant, la situation est très satisfaisante. Ils construisent maintenant des terminaux LNG flottants qui pourront accueillir des bateaux en mesure de déverser leur gaz directement dans les gazoducs allemands. 

À Lire Aussi

Ces (grosses approximations) qu’on nous assène sur l’impact réel des économies d’énergie « faciles » que chacun peut réaliser

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !