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Crise économique : les Etats responsables
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Coupable

Et si les marchés étaient les boucs émissaires de la crise ?

Pascal Salin

Pascal Salin

Pascal Salin est Professeur émérite à l'Université Paris - Dauphine. Il est docteur et agrégé de sciences économiques, licencié de sociologie et lauréat de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris.

Ses ouvrages les plus récents sont  La tyrannie fiscale (2014), Concurrence et liberté des échanges (2014), Competition, Coordination and Diversity – From the Firm to Economic Integration (Edward Elgar, 2015).

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A l'exception des joueurs impénitents, les êtres humains n'aiment pas le risque. S'ils ne peuvent pas le supprimer, car il est omniprésent dans toutes les activités humaines, ils peuvent, tout au moins, essayer de le limiter. C'est ainsi qu'une grande partie des efforts de l'homme à travers les siècles a consisté à s'affranchir des risques que la nature lui imposait. Pour cela, il a diversifié ses activités afin que son sort soit moins dépendant des aléas climatiques ou des caprices du milieu naturel ; il a développé d'extraordinaires techniques d'assurance, il a amélioré ses techniques d'information.

Le pouvoir interventionniste

Malheureusement, l'époque moderne a vu apparaître un risque majeur, celui qui est créé par l'action discrétionnaire des États. Celui-ci est particulièrement dangereux parce qu'il est impossible de le contourner : on subit le pouvoir de contrainte étatique. Mais, en outre, ce risque n'est pas assurable, contrairement à la plupart des autres risques : il n'y a ainsi aucun moyen de se protéger contre le risque qu'une nouvelle réglementation ou une augmentation d'impôts ne rende déficitaire une activité dont on attendait un rendement positif.  Or ceci est d'autant plus étonnant que le pouvoir dont disposent aussi les États dans la formation des idées leur a permis de faire croire que la stabilisation économique constituait l'une de leurs responsabilités essentielles. Sans les politiques de stabilisation macro-économiques, répète-t-on indéfiniment aussi bien aux lecteurs des journaux qu'aux étudiants des Universités, les marchés seraient myopes et instables.

La monnaie déraille

C'est pourtant le contraire qui est vrai, comme l'illustrent les évènements récents. Ainsi en est-il de la crise monétaire et financière. Elle est le résultat d'une politique monétaire déstabilisante : une création de monnaie inconsidérée, aux États-Unis et ailleurs, a conduit à des fluctuations des taux d'intérêt qui ont totalement bouleversé les calculs économiques et provoqué de grandes distorsions dans les structures de production. Autrement dit, les autorités monétaires ont donné de fausses informations aux marchés, c'est-à-dire aux hommes et aux femmes qui travaillent et qui innovent. 

Devant le désastre qu'ils avaient produit, comment ont réagi les Etats ? Alors que tout le monde se trouvait devant la nécessité de restreindre ses dépenses du fait des restrictions de crédit et du ralentissement économique, les Etats se sont lancés dans des politiques de déficit budgétaire complètement folles sous le prétexte de "relancer la machine". Or, cette prétendue relance n'a eu aucun effet, car il est évident qu'on ne peut pas attendre la prospérité des gaspillages de ressources décidés par les États. Et il serait risible, si cela n'était pas dramatique, de constater qu'à peine quelques mois plus tard les mêmes États commencent à paniquer devant l'ampleur des déficits budgétaires qu'ils ont allègrement provoqués. On parle alors de rigueur, c'est-à-dire qu'on va accabler les malheureux contribuables d'impôts nouveaux qui déstabiliseront leurs budgets ! De manière similaire, après avoir inondé le monde de liquidités, toujours sous prétexte de stimuler la relance, les banques centrales commencent à s'inquiéter des poussées inflationnistes qu'elles ont pourtant créées.

A tous ces maux il y a une seule solution : que les États renoncent à pratiquer des politiques économiques et qu'ils laissent les marchés – c'est-à-dire les êtres humains responsables – faire leur œuvre stabilisatrice.

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